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Triangle des échoppes : pas sans étude comparative !

L'enquête publique sur la reconstruction du Triangle des échoppes se déroule jusqu'au 12 décembre. Ce projet consiste à raccorder le chemin de ceinture à la gare de Pessac sur une seule voie qui se terminera en cul de sac en faisant l’impasse totale sur les potentialités de la gare de la Médoquine.

Car derrière sa présentation orientée et ses données erronées (fréquentation et prévision de trafic), ce dossier d'enquête masque les conséquences environnementales et financières d'un projet bien moins intéressant que la réouverture de la gare de la Médoquine.

L'étude comparative de ces deux solutions, gare de Pessac / gare de la Médoquine est étrangement absente. L'Autorité environnementale a recommandé au maître d'ouvrage d'expliquer les raisons du choix retenu, au regard de l'alternative évoquée dans le dossier et notamment des enjeux environnementaux. Or, ces recommandations ont été ignorées. Comment alors confirmer en toute connaissance de cause l'intérêt général de ce projet ?

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Un projet aux objectifs flous

Le projet de reconstitution du Triangle des échoppes s'inscrit dans le cadre d'un développement de l'offre de transport en commun de l'Ouest de l'agglomération bordelaise.zoneetude Le plan de déplacements urbains de la CUB préconise d'aménager la ligne de chemin de fer de ceinture et de renforcer l'offre TER pour les liaisons périurbaines de la CUB. Mais quelle est l'utilité de ce projet ? Comment s'articule-t-il dans le plan de la CUB et dans le schéma régional des infrastructures et des transports (SRIT) ? Ce dernier préconise d'optimiser la ceinture ferroviaire en proposant une offre performante et attractive : « le passage d'une ligne complémentaire (de TCSP) passant par la Médoquine à Talence ouvre la perspective d'une connexion avec la ligne de chemin de fer de ceinture » [1]. Or, aucune référence au SRIT n’est faite dans ce dossier d’enquête.

On peut donc s'interroger sur la pertinence d'avoir réduit la zone d'étude de ce projet au seul raccordement à Pessac. En effet, la gare de la Médoquine apparaît comme la gare naturelle d'arrêt des TER sur la ceinture ferroviaire. Elle ne nécessite pas de raccordement et peut accueillir tous les trains en direction du Médoc et d'Arcachon, Bayonne, Dax…

Une concertation limitée

La concertation préalable est très insuffisante, elle s'est résumée à une unique réunion où seuls les riverains les plus proches ont été invités. A la question : « Pourquoi ne pas privilégier la gare Talence Médoquine ? », R.F.F. considère que cette gare « n'offrait pas le même niveau de service en terme de transport collectif et qu’elle n'était pas concurrente du projet du triangle des échoppes… ».

Il serait intéressant d'avoir connaissance d'arguments plus détaillés que cette réponse limitée à une seule phrase [2].

domaineunivUne présentation orientée

Le dossier d’enquête est présenté avec des schémas tronqués et contient des informations incorrectes. Le périmètre d’études est volontairement restreint, les documents, schémas et plans, n’indiquent jamais la gare  de Talence Médoquine.

Les éléments graphiques schématiques par exemple représentant le campus sous forme de nuage sont si peu précis qu'ils laissent penser que celui-ci est à proximité de la gare de Pessac , alors qu'il est en réalité à 800 m de la gare de la Médoquine (Bordeaux 1). L'annexe universitaire de Carrère près du CHR est également bien plus près de la Médoquine que de Pessac. Ces représentations sont honteusement erronées.

Les conséquences en termes environnementaux

La reconstitution du triangle des échoppes apportera de fait de nouvelles nuisances (impact des travaux, bruits et vibrations au passage des trains) dans une zone urbanisée et sa configuration en hauteur sera plus impactante. Contrairement à l'arrêt des trains à la Médoquine, sur des voies où ils circulent déjà.

A l'exception de la lettre du maire de Talence versée au dossier et faisant état d'une proposition de solution alternative utilisant le site de la gare de la Médoquine, l'étude d'impact n'évoque aucune variante.

Des calculs de fréquentation et de prévision de trafic erronés

Des prévisions de trafic s’appuient sur des données qui n’ont pas lieu d’être après la fermeture de la gare de Ravezies et extension prochaine de la ligne C du tramway vers Blanquefort, via Cracovie.

La méthode retenue qui fait l’impasse sur la réalité de la fréquentation est impropre à faire apparaître les gains propres à la nouvelle infrastructure.

Les conséquences financières

La reconstruction de la voie unique se terminant en cul de sac était initialement évalué à 37 M€ en janvier 2011. Son coût est affiché à ce jour à 23,8M€ sans qu'aucune explication ne justifie cette réduction de coûts étonnante [3]. Selon l'association Talence Gare Multimodale, la création d'un pôle multimodal à la gare de la Médoquine coûterait 4 millions d'euros. Cette différence a-t-elle été prise en compte dans l'enquête ?

L’intérêt avéré du pôle multimodal de la gare de la Médoquine semble donc s’imposer. Il ne saurait être ignoré et son intérêt public sacrifié. Une étude évaluant l’intérêt de ces deux pôles Pessac et Médoquine est nécessaire avant de s’engager davantage dans ce projet de reconstruction du triangle des échoppes et déclarer son intérêt général.

soartpolitique


[1] (SRIT, Zooms sur les zones urbaines, p. 27).

[2] Dossier d’enquête, p. 333

[3] Dossier d’enquête, p. 333

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