La videosurveillance à Saint-Egrève ?
La videosurveillance à St Egrève ?
Lors du vote du budget 2012, nous avons découvert que la municipalité envisage d’installer des caméras de surveillance dans le quartier St Robert, en réponse à une demande des commerçants. Nous sommes évidemment d’accord pour assurer la sécurité de tous, et donc donner à la police des moyens de retrouver les délinquants afin qu’ils soient jugés et sanctionnés. La « videoprotection » est à la mode. Est-elle pour autant un bon moyen de progresser dans ce sens ? Malgré les pressions exercées par les préfets, ni l’effet dissuasif sur les délinquants ni l’amélioration du taux d’élucidation ne sont vraiment au rendez-vous. A part un rapport des inspections générales de la police et de la gendarmerie en 2009, la plupart des études menées avec rigueur démontrent les faibles résultats. Et même quand le taux d’élucidation s’améliore avec des caméras, il reste de quelques % ! Beaucoup de communes, de tous bords politiques, en ont installé, sans que l’on observe une baisse des délits. La Grande-Bretagne a expérimenté ce principe à grande échelle depuis plus de dix ans : 1 camera pour 32 habitants ! Et pourtant le taux de violences aux personnes y est double de celui de la France. Les autorités reconnaissent que seule la délinquance opportuniste (l’auteur saisit une occasion sans préméditation) est réellement dissuadée.
La raison de cette mode est l’économie apparente puisqu’une seule personne « surveille » une dizaine de lieux à la fois. Ceci se fait au prix d’un investissement considérable, puisqu’on parle de 20 à 40 000€ par caméra (caméra, réseau de connexions, salle d’observation). Au passage, on peut s’interroger sur la qualité des emplois ainsi créés, où des personnes doivent rester enfermées à regarder des écrans. La Cour des Comptes, dans son rapport 2010, a d’ailleurs été sévère sur les conditions dans lesquelles se développe la vidéosurveillance.
Nous pensons qu’une présence humaine sur les lieux sensibles est irremplaçable. Le contact entre les policiers et la population, y compris les délinquants potentiels, est dissuasif. La connaissance des lieux et des personnes qui les fréquentent est une aide réelle pour l’identification des auteurs de violence. La surveillance de lieux très sensibles comme les distributeurs de billets par des caméras autonomes, interrogées a posteriori, apporte aussi des indices utiles, pour un coût bien moindre, et moins de risque de dérive.
La lutte contre la délinquance est une question très difficile, qu’on ne résout pas uniquement grâce à de la technologie. La prévention qui passe par l’éducation au respect de la loi, l’accompagnement, doit être une priorité. Nous demandons qu’un débat ouvert sur cette question soit organisé avec les habitants avant toute décision d’installation de caméras de surveillance.
Vos élus du groupe Ecologie, Solidarité et Démocratie, Mathilde Dubesset et Jean-Pierre Moy
Expression du mois de février 2012
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