Mardi 6 décembre, un nouveau Centre d’Hébergement d’Urgence (CHU) a été ouvert dans un bâtiment de la caserne de Reuilly.

Une vie à attendre. Attendre qu’à l’autre bout du fil un opérateur du 115, submergé d’appels, décroche enfin. Cette nuit ce sera la gare, le pont ou, avec de la chance,  un CHU (Centre d’hébergement d’urgence). Encore faut-il qu’il y en ait assez.

« Nos chiffres atteignent des niveaux jamais vus… », affirme Eric Molinié, président du Samu Social de Paris dans Libération daté du 1^er novembre dernier. « Actuellement à Paris, on compte environ 100 demandes de personnes isolées non pourvues chaque soir. Cela va empirer avec l’hiver, car quand il fait froid, les besoins explosent. Sans oublier tous ceux qui ne nous appellent pas »,

Pour atténuer cet état d’urgence et pallier le manque cruel de solutions d’hébergement, des réquisitions de logements vides, concernant des bâtiments appartenant uniquement à des personnes morales, auront lieu d'ici à la fin de l'année. C’est en substance ce qu’a annoncé jeudi, à l'AFP, la ministre du Logement, Cécile Duflot, au cours d'une visite dans un CHU pour sans-abri à Paris, géré par l'association Emmaüs Solidarité.

Fin octobre, Cécile Duflot, ministre du logement, avait affirmé sa volonté de mettre en œuvre ce dispositif rarement appliqué par un gouvernement pour accueillir sans-abris et mal-logés. Une soixantaine d'immeubles sur la Capitale appartenant à des personnes morales ont sont susceptibles d'être réquisitionnés.

C’est donc avec grand intérêt que j’ai pu visiter jeudi 29 novembre dans le 12^ème arrondissement de Paris, l’un de ces bâtiments récupérés au sein de la Caserne de Reuilly, et qui va être transformé en CHU. Le gouvernement précédent et l’UMP locale avait toujours refusé de céder le site de l’établissement militaire - pourtant si vaste et désaffecté - à des conditions correctes à la Ville de Paris, empêchant ainsi son réaménagement.

Le gouvernement actuel avec Cécile Duflot fait donc clairement le choix du solidaire avant tout. Et il va vite. Alors que la période de grand froid pointe déjà son nez, il n’aura fallu que trois semaines à la Ministre et aux élus locaux pour réquisitionner et habiliter une aile du bâtiment qui en compte sept. Ce CHU sera géré par un CASP (Centre d’action social protestant).

Symbole du volontarisme de l’État favorisant la mise à disposition de foncier pour la réalisation de logements d’urgence, la caserne de Reuilly permettra donc d’héberger à partir de ce mardi 160 personnes sans-abri (90 hommes seuls/50 femmes seules/10 couples). Dortoirs, sanitaires et même quelques éléments de cuisine : ce n’est pas la panacée, c’est certain, mais cela va permettre de répondre en partie à l’urgence.

Jamais un/e écologiste ne se contentera d’une solution d’urgence, d’un pansement sur une blessure ouverte. Ce que l’on attend, ce sont bien des solutions pérennes à l’extrême pauvreté qui s’installe chaque année plus densément dans la capitale.

Au-delà de cette réquisition d’urgence, ce bâtiment va donner lieu à terme à la réalisation de projets de réhabilitation ambitieux. Ainsi, des logements sociaux, à loyer maîtrisé et en accession sociale à la propriété, pourront être construits sur le site, tout en respectant le patrimoine historique et les bâtiments du site de Reuilly.

La cession de la caserne permettra en outre de bâtir un véritable morceau de ville, dans une mixité de fonctions. Aux logements s’ajouteront un espace vert, indispensable à la respiration en plein cœur de la ville, mais aussi des équipements publics, dont une crèche, des activités économiques et des commerces.

L’accueil du centre d’hébergement d’urgence cet hiver, sonne déjà comme une promesse tenue d’équité sociale.

De bon augure pour ce projet de réhabilitation de la caserne.