Le progrès, l’archaïsme et la politique
Le 16 décembre, j’étais de ceux qui défilaient à la manifestation pour le mariage et l’aide à la procréation pour tous. Quatorze pays autorisent aujourd’hui les couples de même sexe à se marier, à adopter et fonder une famille notamment grâce à la Procréation Médicalement Assistée. Pourquoi la France se révèle si conservatrice, si peu encline à bousculer ses codes ? Pourquoi François Hollande a-t-il déclaré il y a quelques jours : « Si j’avais été favorable [à l’assistance médicale à la procréation], je l’aurais intégré dans le projet de loi » ? N’est-il pas grand temps que le gouvernement fasse preuve d’un peu de courage politique ?
Dimanche à la manifestation, une jeune femme brandissait : « Pour le mariage gay contre les manifs tristes ».
Triste on pourrait l’être effectivement. Vivre dans un pays qui ne reconnaît pas comme un droit fondamental la pleine union entre deux personnes du même sexe, un pays qui rejette l’idée que ces deux personnes soient en mesure d’élever des enfants comme n’importe quels autres parents, oui ça me rend amer.
Avant-hier, pourtant, comme tous les manifestants, j’ai ressenti de la joie. Bonheur d’être aussi nombreux Place de la Bastille à défendre une cause aussi noble que l’officialisation d’un amour. Celui de tous ces couples homosexuels qui ne souhaitent qu’une chose : être des citoyens comme les autres. Et cela consolide d’autant plus mon envie de me battre auprès des écologistes pour faire progresser l’ « égalité » et le « progrès » si chers à la France républicaine.
Quand notre pays sortira-t-il de l’illusion de l’immuabilité des modèles ?
Il y a quelques jours, au Conseil de Paris, j’ai déposé un vœu un peu particulier. Il proposait l’élaboration d’une charte avec les distributeurs de jouets pour lutter contre les stéréotypes de genre dans les outils promotionnels à destination des enfants. Le vœu a été adopté.
Derrière ce texte, une lutte, celle contre une représentation archaïque de la répartition des rôles socio-professionnels qui s’enracine dès la prime enfance. Un combat contre un modèle supposé immuable, un stéréotype. Certains élèvent le « modèle » en vérité sacrée. Ils arguent que bientôt on « obligera les petits garçons à faire pipi assis comme les filles », comme je l’ai lu récemment. Et d’ajouter : « Il est naturel et inné qu’une petite fille veuille jouer à la poupée, à la cuisine et au ménage, et que le garçon se consacre aux jeux de construction, de mécanique et de combat. »
Ces voix qui fustigent cette démarche, qui pensent que nous sommes pour la négation des différences sexuelles et des spécificités liées au genre, je les perçois comme un écho à celles qui s’élèvent contre le mariage pour tous. Ces antiennes du conservatisme qui ne peuvent concevoir que le mariage puisse sortir d’un cadre, d’un schéma stéréotypé, d’un modèle préétabli, soulignent la spécificité hétérosexuelle d’une union, où l’homme et la femme ne sont pas interchangeables, notamment par rapport à la parentalité.
Je conçois la difficulté pour une société de faire bouger le cadre, de sortir du schéma, mais je suis convaincu qu’il est du devoir des politiques, notamment de gauche, progressistes, de faire avancer les mentalités en ce sens lorsqu’ils sont au pouvoir. Le gouvernement doit réaffirmer son soutien à une égalité des droits dans notre société, quelle que soit l’orientation sexuelle de nos concitoyens. Il en va de la fidélité à d’autres valeurs, celles que l’on retrouve sur les banderoles : « Liberté, égalité, fraternité. Ni plus, ni moins ».
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