Quand la ville de Paris vend son patrimoine au privé pour un hôtel de luxe
Voici mon intervention au Conseil d’arrondissement du 12e au sujet du projet hôtelier du 295 avenue Daumesnil :
J’avoue ma surprise en découvrant cette délibération, dans la mesure où il n’y a eu aucune concertation avec les élus d’arrondissement sur le lancement de cette consultation en vue de céder une emprise communale pour la réalisation de ce projet hôtelier. Je me demande à quoi nous servons, les Conseils d’arrondissement, puisque nous découvrons des délibérations quelques jours auparavant sur la question de la vente d’une parcelle communale, alors que nous devrions, nous élus d’arrondissement, au moins être consultés en amont sur ces questions.
D’autant que nous sommes sur une parcelle qui est située à un endroit stratégique, puisque nous sommes tout près du périphérique, à l’orée du Bois de Vincennes et qu’il y a tout un tas de projets dans les années qui viennent sur ce secteur. Je vous avoue ma grande surprise sur le fait que nous n’ayons pas été consultés au préalable sur la destination future de cette parcelle et sur le fait que nous soyons mis devant le fait accompli.
Il est proposé de céder cette parcelle pour réaliser un hôtel de type minimum trois, quatre étoiles comme il est indiqué dans le dossier de consultation.
D’abord, j’observe qu’il y a des incohérences entre l’exposé des motifs, dans lequel il est indiqué que le programme serait le programme d’un hôtel de 100 à 150 chambres alors que dans l’Avis domanial qui est annexé à la délibération, il est indiqué un programme de 80 chambres. Avis domanial réalisé par la direction régionale des finances publiques, donc je note une certaine incohérence concernant l’ampleur du programme.
Par ailleurs, concernant la situation géographique du terrain, nous sommes à proximité immédiate du périphérique, on peut se demander si une étude d’impact a été faite sur la question de la pollution de l’air. On sait que les études qui ont été réalisées par AIRPARIF sur la pollution atmosphérique à proximité du périphérique ont montré que celle-ci était extrêmement forte.
Comment va se dérouler ce programme hôtelier est-ce que les personnes qui séjourneront dans cet hôtel et qui y travailleront tous les jours seront exposées à des niveaux de pollution atmosphérique importants, ou alors est-ce que pour éviter que les fenêtres ne puissent s’ouvrir on recourra à la climatisation pour éviter cette pollution ? Est-ce qu’on respectera le Plan climat avec un projet ayant recours à la climatisation ? Pourquoi parler de construction d’un hôtel qui doit répondre au minimum à la catégorie trois, quatre étoiles, alors qu’en 2009 notre Capitale comportait déjà 788 hôtels de trois, quatre et cinq étoiles pour seulement 650 hôtels deux étoiles et que l’offre hôtelière tend vers une montée en gamme, avec les projets de nouveaux établissements quatre et cinq étoiles, avec une progression respective de 56 et 50 % du nombre d’établissements de ces deux catégories.
Nous avons à Paris une offre hôtelière insuffisante pour répondre au besoin du tourisme familial bon marché et il convient de rééquilibrer cette offre vers un tourisme familial par exemple en développant les résidences de tourisme que l’on appelle aussi appart-hôtel et dont la clientèle est à 50 % familiale.
Sur la forme, je dirai que cette délibération est inacceptable puisqu’elle nous met devant le fait accompli ; sur le fond, elle est discutable, mais, de fait, elle n’a pas été discutée puisque nous n’avons pas eu le loisir de le faire, autrement qu’à l’occasion de ce conseil d’arrondissement.
Je vous avais demandé, Madame la Maire, à ce que nous puissions reporter cette délibération, mais cela n’a pas été accepté. La Ville choisit de vendre son patrimoine communal pour le privé sans que les élus de la majorité puissent en débattre, dans ces conditions nous voterons contre.
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