Adoption de la charte d’aménagement durable du bois de Vincennes
Conseil de Paris
séance des 8 et 9 juillet 2002
Approbation des orientations pour l’aménagement durable des bois de Boulogne et de Vincennes
Monsieur le Maire,
Les deux bois parisiens constituent à n’en pas douter les deux poumons verts de la capitale.
Poumons passablement abîmés par le mitage et le grignotage de l’espace au profit d’activités pour une part privées et sans lien direct avec la nature, ou bien encore par l’omniprésence du trafic automobile.
La définition d’une charte d’aménagement durable des deux bois parisiens est donc une œuvre salutaire, pour rendre les bois à leur vocation première d’espace naturel offert à la détente et la promenade.
En effet, quel est le constat aujourd’hui ?
C’est celui de bois urbanisés et envahis par les voitures.
Les bois sont quotidiennement traversés par un important trafic de transit de plusieurs dizaines de milliers de voitures et de camions.
Un certain nombre d’axes connaissent un fort trafic avec une vitesse souvent excessive : 80 km/h, voire 100 km/h.
Il existe par ailleurs un problème de traversée de ces axes pour les piétons et vélos d’autant que souvent il n’y a que des passages piétons, sans feu de signalisation.
Le week-end, les bois sont littéralement envahis par les voitures avec leur cortège de nuisances : embouteillages, stationnement anarchique, pollution. Songez par exemple qu’en raison du stationnement anarchique sur l’esplanade du Château de Vincennes, les bus de la ligne 46 qui permettent aux parisiens d’aller au Parc Floral ou au Château de Vincennes sont détournés quasi systématiquement le week-end.
En outre, la sur-fréquentation liée à certaines manifestations dégrade l’environnement et les milieux naturels.
Cet état de fait est en contradiction avec la vocation d’un bois : être un lieu de promenade et de détente.
Nous partageons complètement le constat et les orientations que vous présentez dans l’exposé des motifs, aussi, plutôt que de répéter ce qui est dit dans l’exposé des motifs, nous préférons vous faire part de nos propositions.
Ces propositions visent à rendre aux bois leur vocation d’espace naturel.
Cela suppose :
Premièrement, de limiter la place de la voiture par la fermeture de routes, en ne rouvrant pas les voies fermées depuis la tempête de décembre 1999, et en fermant, à titre provisoire ou définitif de nouvelles voies.
L’espace de 400 hectares dégagé par la fermeture de la Route de la Tourelle dans le bois de Vincennes en 1996 constitue aujourd’hui une zone de quiétude fortement appréciée. Une autre opportunité de cette ampleur existe dans le bois de Vincennes. Aujourd’hui, nous estimons qu’une portion de l’Avenue du Tremblay, entre la Route du Champ de Manœuvre et l’Avenue de Nogent, doit être fermée à la circulation automobile, ce qui permettra au passage de répondre aux critiques non fondées de la commune de Vincennes sur le soi-disant report de circulation sur son territoire.
En outre, l’utilisation des routes habituellement fermées à la circulation à des fins de stationnement lors des manifestations organisées sur la pelouse de Reuilly génère de nombreuses nuisances. Il est temps de requalifier cet espace, aujourd’hui fortement dégradé, et d’en faire un véritable parc urbain sans voitures.
Deuxièmement, de donner la priorité aux promeneurs, qu’ils soient piétons, à vélo, ou en rollers.
Nous proposons :
- de créer des pistes cyclables séparées de la circulation automobile le long des axes à fort trafic. Ce sera le cas au 2e semestre 2002 sur l’avenue Daumesnil.
- de réaliser des parcours vélo/roller - et piétons- permettant de faire le tour des bois en dehors de la circulation automobile
- d’aménager les grands carrefours avec comme priorité la sécurité des traversées piétons et vélos, comme cela a déjà été fait récemment pour le carrefour de la Conservation dans le bois de Vincennes.
Troisièmement, de faciliter l’accès au bois par les transports en commun.
Aujourd’hui, plus de 60 % des personnes qui se rendent au bois le font avec leur véhicule personnel.
Il est donc nécessaire :
- d’améliorer l’offre de transports en commun (sites propres, hausse de la fréquence de passage des bus). Ainsi, un couloir bus devrait bientôt être réalisé sur l’Avenue Daumesnil dans le bois de Vincennes.
- de renforcer les lignes de bus les samedis et dimanches ce que la municipalité a déjà commencé à faire d’ailleurs puisque l’offre de bus 46 a été augmentée.
- d’étudier la mise en place de navettes non-polluantes desservant les bois le mercredi et en fin de semaine, depuis les principaux pôles de transports en commun aux abords des bois
Quatrièmement, la question des concessions.
Nous connaissons la détermination de M. Contassot de réexaminer l’occupation de l’espace public dans le bois.
Il est grand temps de s’interroger sur la pertinence de certaines installations dans le bois. Je pense par exemple au Hall de la Pinède au Parc Floral, qui accueille foires et salons sans aucun rapport avec la nature.
Par ailleurs, je tiens à dire au sujet du projet d’extension de Roland-Garros, demandé par le président de la Fédération Française de Tennis, que nous y sommes fermement opposés. En effet, on ne peut pas vouloir lutter contre le mitage des bois, lutter contre l’occupation du domaine public pour des activités privées payantes et en même temps accepter cet agrandissement
Nous demandons enfin à la ville d’étudier avec l’Etat l’avenir de certaines concessions, comme la redoute de Gravelle, ou le fort Neuf de Vincennes. Ces bâtiments témoignent du passé militaire du bois de Vincennes. Néanmoins, il est permis de s’interroger sur la pertinence de certaines installations dans le bois aujourd’hui.
Je terminerai en émettant le vœu que le réaménagement du Bois soit examiné dans le cadre d’une commission extra-municipale associant notamment les habitants.
En conclusion, nous saluons le travail effectué par l’exécutif parisien et nous approuvons les orientations pour l’aménagement durable des bois parisiens.
Je vous remercie.
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