Lyon-Turin : plutôt qu’un tunnel, il faut une volonté politique pour le fret ferroviaire

Tunnellier

Les gouvernements et les parlements français et italien persistent et signent : il leur faut un tunnel de 57km  sous les Alpes. Pour les écologistes,  la France et l’Italie ont plutôt besoin d’améliorer leurs lignes et de stimuler le fret ferroviaire par de vraies politiques d’ensemble.

Le sommet franco-italien du 20 novembre à Rome a une nouvelle fois formulé l’hypothétique urgence d’un nouveau tunnel transalpin. Malgré l’opposition des députés et sénateurs écologistes, le Parlement français vient de ratifier le traité autorisant la construction de la section internationale.

Pourtant, le tunnel actuel du Mont Cenis permet d’ores et déjà de reporter les marchandises de la route vers le rail. Ouvert au grand gabarit depuis mai 2012 après un investissement de plusieurs centaines de millions d’euros sur l’ensemble de l’axe Dijon-Modane, il n’est utilisé qu’au quart de sa capacité.

« Pour le moment, ce qui manque n’est pas un tunnel mais une vraie volonté de report modal des marchandises de la route vers le rail. Or, c’est tout l’inverse qui se produit, avec la suspension de  la taxe poids-lourds, avec l’autorisation des poids-lourds de 44 tonnes, avec la casse de SNCF Fret, avec l’absence de modernisation de la ligne Lyon – Chambéry et le report au-delà de 2030 de la partie française de l’itinéraire », rappelle Bruno Bernard, secrétaire régional EELV.

La Cour des comptes a constaté que les coûts prévisionnels étaient en forte augmentation de 12 Md€ en 2002 à 26,1 Md€. Selon elle, « associée à une faible rentabilité socioéconomique, la mobilisation d’une part élevée de financements publics se révèle très difficile à mettre en œuvre dans le contexte actuel ».

Pour Michèle Rivasi, députée Européenne EELV : « Aujourd’hui, les gouvernements français et italiens sont prêts à financer une cathédrale dans le désert. La possibilité de subventions européennes leur fait perdre le sens de l’intérêt général. Vouloir précipiter le démarrage du chantier au motif de ne pas « laisser échapper » une subvention de 40% reste un gâchis financier insoutenable! L’argent de l’Europe ne tombe pas du ciel, c’est aussi celui des contribuables français et italiens. Ces 3,4 milliards d’euros peuvent être bien mieux employés pour améliorer les liaisons fret et voyageurs entre Lyon et le sillon alpin d’une part, Turin et Suse d’autre part. Les députés européens écologistes se mobiliseront en ce sens. »

Le rapport « Mobilité 21 » du député PS Philippe Duron, dont les orientations ont pourtant été validées par le gouvernement, l’a rappelé : « l’impact d’une poursuite du projet de liaison ferroviaire binationale Lyon – Turin : aucune possibilité de financement d’autres projets ne serait plus alors ouverte avant 2028 ou 2030 ». Le Lyon – Turin reporterait donc l’ensemble des projets déclarés prioritaires au niveau national.

Pierre Mériaux, conseiller régional EELV : « Alors que les trains du quotidien sont saturés partout, il serait irresponsable de focaliser les investissements publics sur un second tunnel superflu, sans garantie de le remplir vu l’absence de politique de report des marchandises de la route vers le rail.»

Les écologistes appellent au sérieux budgétaire, sur le dossier du Lyon-Turin comme sur les autres, les choix politiques devant toujours être faits en fonction de l’intérêt général, en refusant la pression des lobbys, très lourde sur ce dossier.

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