Intervention de Monique Cosson sur l’investissement pour les établissements de formations sanitaires et sociales
Monsieur le Président, chers collègues,
Le conseiller spécial à l’enseignement supérieur, la recherche et les formations sanitaires et sociales nous soumet une délibération concernant les modalités qui régissent les choix d’investissement pour les établissements de formations sanitaires et sociales.
Nous saluons la souplesse instaurée pour les projets se situant hors des grandes agglomérations rhônalpines puisque la Région se dit prête à aller jusqu’au financement des deux tiers. Ce choix politique est en cohérence avec la volonté de développement équilibré des territoires affichée dans la SRESRI et le choix du renforcement des formations de proximité.
Cette politique est aussi en cohérence avec le discours régional d’implication de tous les acteurs dans le financement de ces formations, que ce soit l’Etat, l’ensemble des collectivités locales et les organismes en question.
Notre groupe soutient ces positions. Nous appelons cependant à la vigilance quant à de nouveaux projets qui pourraient émerger dans les agglomérations et être mis en difficulté quant à l’autofinancement du dernier tiers. En effet la SRESRI prévoit que « lorsque cela est possible, le soutien de la Région sera conditionné à la règle des trois piliers : un tiers Région, un tiers autres collectivités ou Etat, un tiers autofinancement. » Devons-nous nous interdire de soutenir de beaux projets d’intérêt régional qui auraient des difficultés à s’autofinancer ?
Cette délibération nous interpelle au-delà sur l’avenir des formations sanitaires et sociales. Le schéma des formations sanitaires et sociales a pris fin en 2010. Il correspondait à une prise en compte de ce nouveau domaine de compétence par la Région. Aujourd’hui, nous avons la conviction que l’inscription des formations sanitaires et sociales dans la SRESRI, ne peut suffire à définir un cadre général à notre action. Nous soutenons l’universitarisation des formations sanitaires, mais notre politique ne peut se résumer à cela, car les formations du secteur social ne sont pas universitarisées et nécessitent une réflexion complémentaire.
En effet, le paysage de ces formations s’est transformé, notamment avec la mise en place des Agences régionales de santé ou l’évolution du périmètre d’intervention de Pôle emploi. A cela s’ajoute le vieillissement de la population française, la crise économique qui multiplie les besoins issus de la pauvreté croissante. Les manques d’infirmiers, d’aides-soignants, de kinésithérapeutes, d’auxiliaires de vie, ou encore d’éducateurs sont déjà très importants et ne peuvent que croître dans l’avenir.
Rhône-Alpes se doit de réagir face à ces transformations. Même si la Région n’est pas pleinement décideur, elle reste le chef de fil en la matière. L’Etat, qui fixe le numerus clausus et qui est garant de la qualité des formations, ne remplit pas ses obligations d’évaluation des besoins et de réponses adaptée. Là comme ailleurs… Il fait des effets d’annonce sur la prise en charge de la dépendance puis en donne la charge, sans véritable compensation financière aux collectivités territoriales. Nous refusons une politique sans vision prospective, sans anticipation des besoins. Il nous faut rester volontariste et exigeant dans ce secteur.
Nous proposons donc que soit élaborée une véritable stratégie des formations sanitaires et sociales en concertation avec l’ensemble des acteurs. Il s’agit là d’une politique qui se situe à l’intersection de plusieurs délégations. Outre l’enseignement supérieur, elle concerne en effet aussi la formation tout au long de la vie et la politique de santé. Cette réflexion pourrait être initiée entre les 3 délégations dans le cadre d’un partenariat avec l’ARS, et les représentants des différents secteurs de formations, ainsi que les étudiants. Ainsi la Région deviendra réellement l’instance organisatrice de ces formations et fera la démonstration de sa volonté d’offrir des réponses adaptées aux immenses besoins dans ce secteur d’activité.
Sachez, monsieur le président, que nous serons force de proposition et que nous nous investirons pleinement pour soutenir ces formations.