Alain CORDIER – Bilan 2014
Président de la commission TRANSPORTS, Alain Cordier est aussi vice-président de l’établissement Saône Doubs
Organiser une mobilité durable, défendre les trains express régionaux
Depuis qu’il existe, le groupe des écologistes au conseil régional défend tout ce qui renforce les transports collectifs, tout ce qui encourage un transfert de la route vers le rail, moins polluant, moins dangereux et plus confortable. Nous avons obtenu des efforts importants, aussi bien en terme d’offre de transports ferroviaires qu’en terme d’investissements, de 2004 à 2010. En trains.km, l’offre est passée de 8,8 millions en 2004 à 11,2 millions en 2010, et les bourguignons ont apprécié cet effort, ils ont été beaucoup plus nombreux à prendre le train. Dans le même temps, la région investissait 273 millions d’euros, pour acheter 55 nouvelles rames et pour rénover des trains. Des efforts se poursuivent, notamment pour l’accessibilité des personnes à mobilité réduite, mais la tendance générale est désormais à un retour en arrière, que nous combattons pied à pied.
L’offre a été diminuée d’un tiers sur la ligne de la Bresse en 2012, rejetant sur la route de nombreux usagers, on est redescendu à 10,3 millions de trains.km en 2013, et çà n’est pas fini, un plan menace désormais les lignes du Morvan, Auxerre-Avallon et Auxerre-Clamecy. Ces restrictions mal venues permettent aussi des rafistolages, des achats de matériels d’occasion, qui évitent d’investir sérieusement pour assurer la pérennité du service dans la prochaine décennie. L’investissement de 180 ou 300 millions d’euros dans des rames à grande capacité indispensables pour répondre à l’accroissement du nombre de voyageurs sur Paris-Dijon-Lyon était présenté avec emphase comme indispensable par le président Patriat en janvier 2014, il est désormais abandonné et les usagers voyageront debout. Comment le Président peut-il dire en janvier « c’est l’investissement fort de l’année » et en novembre « on arrête tout » ?
Nous agissons contre ces reculs, dans l’institution par nos argumentations et nos votes, mais aussi sur le terrain, en liaison avec les associations d’usagers. Ces suppressions de trains pénalisent lourdement les territoires ruraux concernés et mettent en difficulté les personnes qui avaient choisi des lieux de résidence à portée de ces gares où désormais les trains ne s’arrêteront plus. Les expériences précédentes montrent que le remplacement d’un train par un car fait fuir bon nombre d’usagers. C’est souvent le prélude à une fermeture complète de la ligne, procurant dans l’immédiat des économies, bien sûr, mais rendant impossible toute construction d’un réseau cohérent et attractif.
Il est vrai que le contexte national est défavorable. Le projet de loi sur la transition énergétique n’aborde le problème des transports que sous l’angle de la voiture électrique et ignore totalement les transports collectifs, ce qui est tout simplement hallucinant. Le gouvernement Valls cède à tous les lobbies rétrogrades en matière de transports, bonnets rouges, transporteurs routiers, constructeurs automobiles, autocaristes … et la fédération nationale des usagers (FNAUT) le dénonce dans son communiqué de congrès, en novembre 2014 : « refusant la suppression des niches fiscales anti-écologiques et la mise en œuvre d’une fiscalité écologique soi-disant punitive, le gouvernement se prive des moyens nécessaires à une politique ambitieuse d’investissements de transports urbains et ferroviaires, alors que les pays européens voisins relancent leurs investissements de transports collectifs ».
En revanche, la Bourgogne aura persisté jusqu’au bout, en 2014, dans ses financements à l’aéroport de Dijon. Les écologistes ont vu leurs arguments repoussés d’un revers de main chaque année depuis le lancement en 2005 de « Renaissance », la prise en compte de notre avis aurait pourtant évité bien des gaspillages, les collectivités locales ont investi en pure perte plus de 25 millions d’euros et les déficits se creusaient. Nous sommes vigilants encore, face aux tentatives d’une poursuite par le biais de l’aviation d’affaire. Nous faisons front aussi pour que le désir de relance routière de l’État ne se traduise pas par de nouveaux investissements dans le goudron, dans le prochain contrat de projet état-région.
Qualité de l’eau : privilégier la prévention, préserver ou restaurer le fonctionnement naturel des rivières et des zones humides.
Je représente la Bourgogne au comité de bassin Rhône Méditerranée, et le grand chantier de l’année écoulée a consisté à préparer les documents du SDAGE 2016-2021 (schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux). Il est important de noter, notamment pour les associations, que le projet sera soumis à consultation publique entre le 19 décembre 2014 et le 19 juin 2015. Une évolution importante dans ce nouveau SDAGE consiste à intégrer la prise en compte du changement climatique dont on sait qu’il affectera rudement les pays méditerranéens, modifiant le régime des précipitations et diminuant le manteau neigeux. On sait par exemple que la raréfaction des pluies estivales et la faiblesse des apports venus des neiges vont amenuiser les étiages. La lutte contre les pollutions devrait être renforcée, dans la mesure où nous pèserons suffisamment pour éviter que certains lobbies agricoles et industriels ne viennent édulcorer le programme et maintenir la France dans son statut de délinquant, sanctionné financièrement, face aux directives européennes. On ne peut que se féliciter de la priorité qui devrait être donnée à la santé humaine face aux pollutions, mais je suis opposé à ce que cette attention bien légitime portée aux eaux de consommation ne vienne éliminer des objectifs plus ambitieux et plus difficiles à atteindre sur la qualité écologique et sanitaire des rivières. Il faut cesser d’opposer activités économiques et réduction des pollutions, à l’heure où de nombreux exemples montrent que des activités respectueuses de la protection des milieux naturels sont en fait créatrices d’emplois et de richesses (1).
(1) voir documents du collectif FNE Saône Rhône Méditerranée
Quelques autres actions marquantes de l’automne 2013 à l’automne 2014
*** Dans le cadre de la coopération entre Pays de la Bresse bourguignonne et un Pays polonais, celui de Byalistock, voyage en Pologne en novembre 2013 et échanges sur le thème des patrimoines, naturels et historiques, et réception d’une délégation en décembre 2014, sur le thème des énergies renouvelables et de la gestion écologique des forêts
*** Participation à l’élaboration de la stratégie régionale relative aux fonds européens Feader, Feder, Fse
*** Évolution de l’Établissement Saône Doubs, doté de nouvelles compétences lui permettant de réaliser des travaux, et non plus seulement des études, sur les deux vallées.
*** Participation aux travaux sur les groupements d’entreprises du bâtiment, en Bresse, avec la perspective de travaux de rénovation thermique, et mise au point d’une charte qualité.
*** Participation à l’élaboration du SRADDT, schéma régional d’aménagement et de développement durable du territoire de Bourgogne.
*** Présidence du comité de suivi Natura 2000 val de Saône et basse vallée de la Grosne
*** Réunions à Paris et à Lyon sur le suivi du travail relatif à notre étude de trains à haut niveau de service, le projet étant d’étendre nos propositions à tout le réseau français.
*** Mise en place d’un comité « pour une intercommunalité unique en Bresse bourguignonne » afin de gagner en efficacité au service d’un territoire rural actuellement morcelé, mais qui a fait l’expérience positive de son unité grâce à la structuration en « pays ».
*** Journée du « réseau bocage » consacrée à la présentation des études sur la ressource énergétique bois qu’on peut obtenir grâce à des haies hautes, et démonstration du matériel rendant la démarche économiquement intéressante : lamier à scies, broyeurs.
*** Nombreuses réunions et assemblées générales d’associations (protection de l’environnement, patrimoine, histoire, mobilité, gérontologie, culture, retraités, action antinucléaire, usagers des transports, lutte contre les nuisances sonores … )
Dans une commission officielle ou en session du Conseil régional, l’écologie semble parfois bien isolée lorsque, sur des sujets importants, nous sommes seuls à voter, avec l’opposition unanime des autres partis, UMP et PS pour l’essentiel. En revanche, dans l’action de terrain, beaucoup de choses se font en liaison avec de multiples acteurs compétents et innovants, professionnels ou associatifs : il est visible alors que les idées de l’écologie progressent et que notre isolement dans les assemblées élues n’est dû qu’à une organisation institutionnelle qui déforme l’image du pays réel.