Schéma Régional de Développement Economique d’Innovation et d’Internationalisation
Séance plénière du 18 décembre 2014
Schéma Régional de Développement Economique d’Innovation et d’Internationalisation
Intervention d’Andrée BUCHMANN
Monsieur le président, chers collègues,
Avec le Schéma Régional de Développement Economique, d’Innovation et d’Internationalisation, lancé lors de la séance budgétaire de 2012, la Région s’est engagée dans une démarche de concertation féconde, en associant plus de 300 entreprises sur 10 mois. C’est tout à fait positif.
Si on peut souligner l’intérêt d’avoir intégré de nouvelles dimensions, comme celle du domaine culturel, on peut regretter néanmoins, avec le CESER, que certains pans de l’économie aient été écartés, comme l’agriculture et la forêt, que d’autres insuffisamment considérés comme les artisans ou l’économie sociale et solidaire, et que d’autres enfin, peut être parce que trop récents ?, ont été ignorés, comme l’économie circulaire.
Une bonne stratégie de développement économique c’est à la fois se reposer sur des valeurs sûres tout en les faisant évoluer, mais également être en veille et sentir les forces émergentes et les nouveaux paradigmes.
« Je pense que le GCO apporterait du positif au développement économique » avez-vous dit Monsieur LOOS. C’est une pensée réactionnaire qui appartient à l’économie du passé et pas à l’économie du présent et de l’avenir. C’est un peu comme la ligne Maginot, ça mange beaucoup de terre et d’argent et finalement ça ne sert à rien. J’ai quand même été surprise qu’un ancien président de l’ADEME soit encore sur cette philosophie.
Autant l’économie sociale et solidaire a mis du temps à se structurer et à être considérée autrement que comme une économie de niche, une économe de la charité ce qu’elle n’est pas, autant l’économie circulaire, soutenue souvent par de puissantes forces constituées, est en train de se positionner fermement. Il faut dire que le risque de disparition rapide de ressources rares interpelle tout le monde et pousse à agir. La Région pourrait avoir un engagement plus déterminé et plus visible dans ce domaine.
Pour en revenir au SRDEII, la démarche a permis une compilation d’intentions et de projets intéressants. Elle a constitué une base de réflexion appréciable, certes mais tout cela ne compose pas un schéma régional.
La crise du début des années 2000 pour l’Alsace et la crise de 2008 ne sont pas enrayées avec de telles politiques.
Depuis les années 2000, et non pas seulement depuis 2008, l’Alsace accuse un décrochage par rapport aux autres régions françaises. Jean-Marc RIEBEL vous en parlera tout à l’heure : entre 1993 et 2000, la croissance est de 2.3% par an, entre 2000 et 2007 ce n’est plus que 0.9%. Si la crise de 2008 est venue porter un nouveau coup à notre économie, les manques et les faiblesses étaient déjà présents.
Ainsi, malgré tous nos efforts, la barre des chiffres du chômage et de l’emploi n’a pas été relevée. Et en ces temps de contrainte budgétaire, il s’agit d’actionner les bons leviers.
Ce schéma comporte de nombreuses bonnes idées : renforcer la collaboration entre les entreprises, accompagner de manière adaptée et spécifique chaque entreprise en fonction de ses besoins et de ses potentiels, permettre la fertilisation croisée des entreprises en faisant appel aux acteurs de l’ESS qui ont de l’expérience dans l’animation de réseau… Je ne reviens pas sur l’économie circulaire, j’espère qu’elle sera intégrée aux travaux futurs.
De bonnes propositions donc, mais qui manquent de mise en cohérence.
- Le concept d’ « usine du futur » que l’on retrouve beaucoup de fois n’est pas assez détaillé, défini. Antoine WAECHTER vient de vous présenter ce que nous aimerions mettre derrière ce mot.
- Il aurait été pertinent de faire un véritable bilan du SRDE que nous avons voté en 2006. Un tel outil de suivi et de résultat nous permettrait de tirer des conclusions sur les dispositifs qui sont en place.
- Et lorsque vous proposez de faire « rayonner l’Alsace pour attirer les métiers de demain » vous n’abordez pas les métiers verts et verdissants ?
Nous avons besoin d’une action claire et déterminée, avec une vision politique cohérente avec une Région qui joue pleinement son rôle de pilote. Ainsi la dimension transfrontalière de notre vision est peu présente. Ou la dimension bilingue voire trilingue.
Pourtant la Région affiche constamment son engagement dans un développement du territoire qui n’est pas que l’Alsace mais le Rhin Supérieur ; et c‘est juste. Cette dimension est absente. Il n’y a pas de structures suisses ou allemande au Comité de pilotage, visiblement pas de contact avec les Corps constitués de l’autre côté du Rhin…
C’est vrai que c’est toujours difficile de faire la synthèse, d’où la nécessité d’une politique ferme et déterminée autour d’un objectif sûr. Nous pourrons bénéficier de l’apport d’Alsace 2030 pour donner plus de cohérence et de consistance au SRDEII.
Vous l’aurez compris, il y a des projets et des actions pertinentes mais il manque la cohérence et la transversalité avec les autres politiques régionales. C’est pourquoi nous nous abstenons.