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Liminaire de Jacques Fernique

Séance plénière du vendredi 16 octobre 2015

Liminaire

Intervention de Jacques FERNIQUE

Monsieur le Président, chers collègues,

Au cours de ce mandat, nous avons parfois un peu vite qualifié d’historique certains moments importants, certains temps forts au cours desquels notre assemblée pensait construire du neuf : on se rappelle les résolutions concordantes pour le Conseil d’Alsace, puis les Congrès pour y parvenir et encore il y a à peine un an notre détermination commune à mener la régionalisation à l’échelle qui nous semblait la meilleure pour la bonne maîtrise de l’action et de l’efficacité démocratique. Ces séances-là, ces histoires-là, nous le savons maintenant, ne seront sans doute pas mises en valeur dans les livres d’histoire et cette dernière séance du Conseil Régional d’Alsace non plus, même si c’est la dernière, pour les derniers peut-être en charge de la Région Alsace. Aujourd’hui, à l’issue de ce mandat régional, non, ça n’est pas pour l’histoire que nous débattons, ni encore tout à fait pour les urnes du mois de décembre : donc nous pouvons prendre un instant suspendu de retour sur cette mandature, avec un peu de modestie et aussi d’envie de faire mieux, pour se dire les leçons et les pistes que nous en gardons. Le groupe écologiste vous en propose trois.

D’abord, le premier constat que le retour de la vitalité économique et la reconquête de l’emploi ne sont pas vraiment à la portée des recettes classiques d’actions régionales. On peut le reconnaître les uns et les autres : aucune des régions n’a manifestement atteint des résultats nettement meilleurs que les autres sur ce front-là. Ceci dit, tout n’est pas vain pour autant, parce que l’on peut discerner ce qui s’est avéré utile, structurant, et ce qui se profile comme prometteur. La Région est utile quand au cœur de ses territoires elle sait animer, accompagner les PMI, les PME, nos artisans, nos acteurs économiques de terrain, ceux de l’économie sociale et solidaire, ceux de l’agro-écologie, je dirais toutes celles et ceux-là qui font ici et dès maintenant l’émergence d’une économie nouvelle, circulaire. Qualité des produits, qualité de vie, qualité des compétences (c’est vraiment une compétence essentielle de la région, la formation), qualité de l’usage des énergies et des ressources. Je crois que cela n’est pas pour renforcer les grands groupes dans la compétition internationale que la Région est attendue : c’est pour permettre la transformation écologique d’une économie de la qualité dans nos territoires que la Région est irremplaçable. Et donc, c’est par là qu’elle pourra tenir, je crois, son rôle de pilote du développement économique qui est maintenant inscrit dans la loi.

La deuxième leçon que nous tirons de ce mandat, c’est la nécessité d’un aménagement équilibré du territoire qui soit porté politiquement par la Région, qui soit travaillé dans le dialogue stratégique avec l’échelon à renforcer des SCOTs et des Pays, et qui évidemment soit mis en œuvre pour l’essentiel par les actions concrètes des intercommunalités. La lutte contre la concurrence des territoires, contre le décrochage et la relégation, c’est par là que la Région rencontre de l’écho populaire. Et assurément, on le voit aujourd’hui, il y faudra des efforts pour trouver une telle résonnance dans l’immense périmètre régional nouveau. Je crois que la formule qu’il faudra contrecarrer c’est celle d’une région technocratique, une concentration sur une Eurométropole et un sillon urbain et tant et tant et tant de territoires qui se sentiraient relégués. Alsace 2030, vous y faisiez allusion tout à l’heure, nous a permis de pointer ensemble la nécessité d’une vision collective partagée entre la Région et les Territoires. N’oublions pas cette envie de solidarité et de cohérence.

Et puis, je terminerai par là, n’oublions pas non plus que ce qui a rendu parfois agréable et souvent humainement intéressant notre travail d’élus régionaux ici en Alsace, je veux parler en quelque sorte de ce climat de convivialité démocratique sans doute plus rhénan que parisien, issu de la proportionnelle plutôt que de la logique des blocs, en tout cas je le dis, un chouette visage de l’Alsace. Je pense que dans cette période où c’est d’abord une culture d’ouverture aux autres, de motivation citoyenne qui est nécessaire et qu’il s’agit à tout prix de sauvegarder en décembre et de reconquérir, je crois que l’exercice partagé de ce mandat aura pu être un point d’appui. Donc, à défaut d’avoir écrit l’histoire, et bien, je crois que ce n’est quand même pas trop mal.

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