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Alsace 2030, quelle Alsace voulons-nous bâtir ?

Séance Plénière du Conseil Régional d’Alsace du 25 octobre 2013

Alsace 2030, quelle Alsace voulons-nous bâtir ?

Intervention de Jacques Fernique

 

Monsieur le Vice-président, chers collègues,

Face aux attentes, voire aux désespérances de nos concitoyens, face aux enjeux, aux problématiques voire aux blocages auxquels l’Alsace est confrontée, les méthodes ordinaires du politique sont trop souvent inopérantes. Chacune, chacun, engagés dans l’action publique, nous mesurons les difficultés à gagner du terrain sur les fronts de l’emploi, de la formation, de la revitalisation de notre tissu économique, de la solidarité et du vivre ensemble. Nous écologistes, nous mesurons particulièrement les freins, les résistances aux transformations nécessaires pour basculer vers un nouveau modèle : la transition énergétique, la reconquête de la biodiversité et de l’excellence écologique, les transports durables et le ménagement du territoire.

Alors oui, cette démarche de réflexion prospective est bienvenue, elle est utile, elle est nécessaire.

Elle est nécessaire parce que personne n’accepterait que la Région se replie sur une gestion pépère des affaires courantes sous prétexte que le verdict du référendum lui a bouché l’horizon. Certes notre proposition de déblocage institutionnel a été recalée par le scrutin universel, mais demeure notre obligation de résultats face aux crises et aux enjeux majeurs. Alors bien sûr toutes les forces politiques dans leur diversité, tous les acteurs de notre Alsace ont besoin d’y voir clair et d’apprécier avec justesse les options viables, s’ils veulent élaborer les changements qu’ils proposeront aux choix des citoyens et ensuite les mettre en œuvre.

Nous les écologistes nous avons suggéré, proposé trois éléments pour que cette démarche soit fructueuse.

D’abord ce doit être un rendez-vous, une confrontation positive avec les attentes, les exigences citoyennes : sortons du prévisible et de l’entre-soi. Ne refaisons pas un groupe projet confiné et poussif : ouvrons largement la démarche, prévoyons des moments populaires, des étapes de terrain qui donneront dynamique au processus. Et sans doute alors, nous apercevrons nous qu’il n’est pas tenable de faire l’impasse sur la dimension sociale des difficultés et des enjeux : nos concitoyens ne comprendront sans doute pas ce découpage strict de nos thématiques qui évite d’empiéter trop sur les compétences des départements. La Région ne peut pas être une collectivité comme une autre, une simple pièce d’un G8, confinée dans ses limites de compétences et de moyens : elle a vocation à s’affirmer comme le vecteur de cohérence et d’efficacité collective. Alors oui, il faudra traiter du social.

Ensuite, et vous l’avez compris, il n’est pas question d’engager une instrumentalisation partisane, une démarche directement pré-électorale. Il est question de construire un diagnostic partagé, de pointer les enjeux majeurs, d’envisager des scénarios possibles, de redéfinir les leviers d’action publique. C’est sur ce socle, en connaissance de cause qu’ensuite chacun élaborera ses propositions politiques et les soumettra au suffrage : et ce sera une autre histoire. Alors pour le comité stratégique, nous notons positivement l’ouverture pluraliste aux groupes minoritaires de notre Assemblée ; nous attendons que l’animation des comités de pilotage des huit thématiques et des multiples ateliers montrent bien cette volonté de ne pas monter toute une machinerie complexe sous contrôle strict de la majorité. Il faudra qu’on y ajoute la préoccupation de la parité. Et pour rassurer tout le monde sur le caractère résolument partagé et ouvert de cette démarche, il serait peut-être bon d’affirmer d’emblée qu’il n’y aura pas à l’issue dans un an d’approbation politique classique par un vote d’un texte d’orientation stratégique, de simple conjoncture. Rappelons-nous qu’Alsace 2005 en son temps n’a pas été soumis au vote, c’est par là aussi qu’il a pu faire référence pour longtemps. Je le répète, Alsace 2030, sera un socle sur lequel chacun élaborera ses propositions politiques et les soumettra au suffrage : et ce sera une autre histoire.

En troisième point, cette démarche doit nous permettre de rattraper notre retard, nos négligences d’anticipation. Nous relevons avec satisfaction la volonté d’aboutir à un schéma des mobilités et des transports. Mais il s’agit de faire plus que de combler cette lacune. L’Alsace peut à cette occasion rejoindre les neuf régions qui ont su construire chacune leur Schéma Régional d’Aménagement et de Développement Durable du Territoire. Il ne s’agit pas juste d’honorer une obligation administrative légale, mais de trouver façon de reprendre la main face à l’étalement urbain destructeur, face aux mécanismes de ségrégations spatiales, face aux saccages de nos paysages et de la biodiversité. Il s’agit donc de mettre en cohérence et en ordre de marche les SCOT, SRCE, les SAGE, le SRCAE, le SRDE et le Schéma de l’innovation et celui des mobilités : voilà l’enjeu régional si l’on ne veut pas que ces documents remplissent seulement des tiroirs. Il s’agit de briser les cloisonnements, de ne pas renoncer à l’esprit de cohérence, à la dynamique de fusion et d’efficacité. Nous espérons d’ailleurs que l’envie reviendra à cette occasion de reprendre d’une autre façon la réflexion brutalement interrompue sur cet enjeu majeur du fonctionnement démocratique de notre Alsace.

 

Intervention d'Andrée BUCHMANN

 

Monsieur le Vice-président, chers collègues,

Je voudrais faire trois remarques en ce qui concerne les sujets.

La première concerne une question de fond : l’efficacité énergétique. Cette approche est trop restrictive. Il faut avoir une approche plus globale intégrant la question du climat, de l’air, parce que l’impact sanitaire de tout cela est essentiel. Un rapport de l’OMS vient de paraître. Il montre que 43.000 personnes en France meurent par an à cause de la pollution atmosphérique. D’autres études disent que les accidents vasculaires cérébraux augmentent de manière importante en Alsace et que cela est aussi lié à la pollution atmosphérique, et que toute la région est impactée.

Dans l’approche démocratique, il faut prendre en compte les territoires j’en conviens, mais aussi la diversité des populations. Pour le bilinguisme, je vous avais écrit en disant qu’il serait intéressant de s’ouvrir à des traditions plus récemment arrivées sur le territoire. Cela ne c’est pas fait, je le regrette, mais en ce qui concerne Alsace 2030, il ne faut pas oublier cette dimension.

La troisième remarque concerne la parité et la présence des femmes. Tels que vous concevez le comité stratégique et les présidences de commission, on risque de se retrouver avec une représentation un peu caricaturale qui est celle d’ici, à la tribune, où avec un scrutin paritaire vous êtes arrivé à avoir une représentation exclusivement masculine. Je crois que cela serait préjudiciable car créativité et innovation signifie une très forte présence des femmes aussi au niveau des décisions.

Je vous remercie.