Pour élargir le débat et nous replacer dans le contexte mondial dont la Région Auvergne ne peut s'extraire, force est de constater que la domination de l'homme et de ses activités sur la nature est quasi absolue et que les êtres vivants qui s'y trouvent encore ne survivent que grâce à notre bon vouloir.

J'espère qu'il n'y en a pas dans la salle, mais certaines personnes me disent : "pourquoi protéger le fluteau nageant et la littorelle à une fleur du lac de Malaguet? Pourquoi s'inquiéter du sort du murin à oreilles échancrées et du nacré de la ronce des cheires et grottes de Volvic? Personne ne les connait, ils ne servent à rien et nous pouvons parfaitement vivre sans eux." Ces gens-là oublient ou ne savent pas que le fait de porter attention à des formes de vie aussi discrètes développe chez nous des qualités qui nous font cruellement défaut, dans un monde de plus en plus virtuel et égoïste : la curiosité, la responsabilité, l'humilité et la défense de l'innocence.

En Auvergne comme ailleurs, il n'y a quasiment plus de véritables milieux naturels. Mais faut-il pour autant baisser les bras? N'est-il pas déjà trop tard?

Nous n'avons plus le choix, il ne sert à rien de rêver au paradis perdu. Un difficile mais nécessaire principe de réalité s'impose à nous. C'est pour cela que nous créons des réserves naturelles régionales dans un univers en pleine évolution. L'homme est le seul à pouvoir mesurer l'impact de ses actions, il a donc la responsabilité de protéger le territoire des autres. Chacune des formes de vie sur terre n'a que très peu de chance d'être entendue séparément quand elle réclame respect et équité. On peut imaginer en revanche que la voix unie des requêtes muettes crée un bruit de fond suffisamment puissant pour que les humains de plus en plus nombreux le perçoivent.

J'espère et je crois, Monsieur le Président, chers collègues, que c'est un peu, à notre échelle, ce que nous sommes en train de faire en créant les premières, mais pas les dernières, réserves naturelles régionales d'Auvergne.

Je vous remercie.


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Consulter l'article publié sur le site Internet du Conseil régional d'Auvergne au sujet des 2 RNR : cliquer ici