Ils constituent une étape nouvelle dans la préservation de la biodiversité car, si jusqu’à présent les actions menées en faveur de la nature visaient principalement les espèces et les habitats dits « remarquables », l’approche de la trame verte et bleue est plus globale et elle pourrait s’apparenter, j’y reviendrai plus loin, à un formidable instrument d’aménagement du territoire et de protection de la nature : en effet, la TVB s’intéresse et recense les conditions nécessaires aux espèces pour assurer l’ensemble de leur cycle de vie, en particulier leurs déplacements.

S’il y a bien une chose à retenir aujourd’hui de ce que je vous dis, c’est que notre démarche porte bien évidemment sur les espèces et les habitats dits remarquables d’Auvergne mais également, et c’est bien la nouveauté, sur ce que trop souvent nous appelons, pour certains avec mépris, « la nature ordinaire », derrière laquelle se cache une faune, une flore, et des milieux indispensables pour l’écosystème et l’homme.

1) Ainsi le SRCE d’Auvergne identifie et caractérise les continuités écologiques régionales et cartographie au 1/100 000ème les composantes de la Trame Verte et Bleue via des approches par les écopaysages, l’occupation du sol et l’étude de fragmentation. La trame verte et bleue est ainsi représentée comme une combinaison de réservoirs de biodiversité et de corridors écologiques.

2) Le SRCE d’Auvergne analyse les enjeux régionaux relatifs à leur préservation et à leur remise en bon état : nous en avons identifié huit que vous pouvez retrouver dans le résumé non technique ;

3) Il établit un plan d’actions stratégique qui a vocation à aider les acteurs locaux à décliner la TVB de façon opérationnelle et met en place un dispositif de suivi et d’évaluation de sa mise en œuvre

Vous avez donc aujourd’hui entre les mains le projet de SRCE, composé de nombreux documents sur lesquels vous êtes amenés à vous prononcer avant le lancement des consultations officielles et de l’enquête publique qui se dérouleront dans les mois qui viennent.

Du 1er avril au 30 juin, nous solliciterons l’avis des conseils généraux, des Communautés de communes et d’agglomération, des Parcs Naturels Régionaux, de l’Autorité environnementale et du Conseil Scientifique régional du Patrimoine Naturel (CSRPN). Puis du 25 août au 28 septembre, le projet de SRCE, assorti de l’ensemble des avis recueillis, sera soumis à enquête publique sur l’intégralité du territoire régional.

A l’issue de l’enquête publique, le CESER sera saisi sur le projet final de SRCE éventuellement modifié pour tenir compte des observations recueillies au cours de l’enquête.

Enfin, cette dernière version sera soumise pour validation à notre assemblée lors de la session de décembre 2014, puis adoptée par arrêté du Préfet de Région.

Monsieur le Président, mes chers collègues, il existe deux manières de considérer la Trame Verte et bleue : « l’une optimiste et l’autre beaucoup moins. Dans la vision optimiste, la trame s’apparente à un réseau circulatoire : des veines et des artères, les corridors écologiques, irriguent et animent le corps qui figure la nature dans sa globalité. Mais on peut voir les choses autrement et la nature se réduit alors à une sorte de squelette. Un squelette de poisson par exemple : une chose sans chair, faite de tristes arrêtes correspondant aux connexions entre les espaces ». Voilà comment Jean Untermaier, le Président de la Société Nationale de Protection de la Nature, appréhende à juste titre la portée de la Trame Verte et Bleue dans un édito paru dans le brillant magazine, le Courrier de la Nature, un édito qu’il conclut en espérant que cette trame verte et bleue « suffira à faire échec au syndrome du poisson mort ».

Du verre à moitié vide au verre à moitié plein, il n’y a en effet qu’un pas que l’on peut regretter aujourd’hui, un sentiment qui tient au fait que lors des débats parlementaires et du vote du Grenelle de l’Environnement, la portée juridique de la Trame verte et Bleue a été détricotée, amoindrie, tronquée. En effet, contrairement aux promesses qui avaient été faites devant les français et les associations de protection de la nature lors des tables-rondes si médiatiques du Grenelle, la Trame Verte et Bleue est finalement devenue non opposable aux documents d’urbanisme, aux grands projets d’infrastructures linéaires (autoroutes, LGV pour ne citer qu’elles) et aux projets locaux, qui par leur importante surface, entrainent des coupures écologiques (zones d’activités, lotissements, carrières, etc.).

Ainsi aujourd’hui, et même si c’est un premier pas, le SRCE d’Auvergne est « uniquement » destiné à être « pris en compte » dans les documents d’urbanisme (SCOT, PLU, PLUI, cartes communales) ainsi que dans les projets de l’Etat et des collectivités. Sa portée en droit est sensiblement moins forte que ce qui avait été promis via la « compatibilité ».

Comment alors croire en son efficacité ? Je compte sur le gouvernement et sur tous les parlementaires de gauche pour faire évoluer le dispositif, car tous se sont engagés avant les élections présidentielles à revoir la loi et à rendre la TVB opposable.

Cette opposabilité, ce statut fort de protection, c’est la condition sine qua non pour que cet instrument d’aménagement du territoire et de protection de la nature devienne complètement efficace dans les projets locaux et nationaux, qu’ils s’agissent des projets routiers, ferroviaires, des aménagements agricoles ou forestiers, des projets économiques, etc. C’est enfin l’un des seuls moyens de reconnecter l’homme et les décideurs à leur environnement, à la nature.

Je vous remercie,