Monsieur le Président, Chers Collègues,

Avant de commencer, et compte tenu de la situation de l'éducation qui ne cesse de se dégrader, nous sommes solidaires de l'action menées par les enseignants et particulièrement moi qui vais bientôt être protégée au titre des espèces menacées en tant que personnel de RASED, mouvement d'autant plus remarquable qu'il associe largement le public et le privé.

  • Il y a eu, il y a et il y aura Fukushima. C’est la 3ème fois que je vous le dis, et hélas, j’aurai à le répéter longtemps encore, peut-être le restant de mes jours, car la catastrophe n’est pas terminée et continue de polluer le Japon, l’océan Pacifique, et la planète entière. Voyez-vous depuis la dernière session, nous avons eu l’accident de Marcoule, qui a fait 1 mort et 3 blessés. On nous serine qu’il s’agit d’un accident industriel et non d’un accident nucléaire, et c’est peut-être vrai… Mais le culte du secret dont l’industrie nucléaire a coutume de s’entourer ne nous permet pas d’en être certains. La CRIIRAD a été obligée d’envoyer un courrier au président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire pour obtenir des réponses à ses questions, notamment concernant le statut des ouvriers décédé ou blessés dans l’accident, et sur les produits radioactifs présents dans le four. Espérons qu’elle obtiendra une réponse un jour…
  • On pourrait dire aussi : il y a eu, il y a et il y aura la Palestine tant ce conflit perdure.Aujourd'hui, je n’invoquerai pas Brassens pour appeler la Région à se prononcer sur la reconnaissance indispensable de la Palestine. Le président palestinien Mahmoud Abbas a présenté la demande d’adhésion de l’Etat de Palestine à l’ONU pour qu’elle soit soumise au Conseil de sécurité. Une option rejetée sans surprise par Israël et catégoriquement combattue par les Etats-Unis. On attendait comme beaucoup de monde une position forte et éminente de la France sur ce sujet. Malheureusement, cette position se fait toujours attendre. Le compromis bancal et trop politiquement correct de notre président ne peut nous satisfaire aujourd’hui, à l’heure où l’Autorité Palestinienne réclame à juste titre la reconnaissance de sa Nation, de ses frontières, celles de 1967, et de sa capitale, Jérusalem Est. « Mettre fin à une injustice historique en accédant à l’indépendance comme tous les autres peuples de la Terre », tel est le souhait de la Palestine formulé par la voix de son président.
  • Je vous demande une pensée pour Wangari Maathai, décédée hier à 71 ans. Plusieurs fois emprisonnée sous la dictature, cette écologiste Kenyane, prix Nobel de la Paix en 2004, députée puis Ministre, fut à la tête du plus grand projet de reboisement d’Afrique le « Green Belt Movement ». Fondatrice du Parti Vert du Kenya, Wangari Maathai était pour tous les écologistes une référence et une fierté. Adieu ma sœur.

Je n'aurai pas ces termes émus pour vous parler des affaires françaises.

  • La Françafrique et l’affaire Karachi tout d’abord, les rétro commissions perçues dans le cadre de contrats d’armement avec le Pakistan et l’Arabie Saoudite, une affaire dans laquelle l’implication de notre président et de ses amis est soupçonnée, au moins indirectement. Et voici que l’un de ces amis entend des voix qui l’informent de ce qui n’est pas encore publié dans la presse… Doit-on célébrer en Auvergne la naissance d’une nouvelle Jeanne d’Arc ? Décidemment ça balance au téléphone quand les femmes s’en mêlent.
  • Le président Sarkozy déclare ingénument « J’ai toujours été pour les 44 tonnes », vous savez ces énormes camions monstrueux, devant une assemblée conquise de transporteurs routiers. Puis dénonce « l’intolérance et le sectarisme » des écolos, avec un contre argument de poids : « Le jour où il n’y aura plus que des jardins publics dans nos villes, comment on fera vivre nos familles ? Et comment on trouvera de l’emploi ? » Devant cette révélation, je crains que mon parti soit obligé de se saborder !
  • Malheureusement, et quoiqu’en dise notre providentiel président, nous sommes encore indispensables car il y a aussi des industries classées Seveso seuil haut dans nos villes. Nous commémorons tristement la catastrophe AZF à Toulouse, et un constat amer en découle dix ans plus tard : rien n’a vraiment changé ; les riverains subissent la double peine du « pollué-payeur » : en plus des expropriations envisagées, les travaux de mise en sécurité reposeront vraisemblablement en grande partie sur les contribuables et les riverains, au prétexte que Total n’a pas les moyens de les financer !

Rappelons tout de même qu’avec seulement 1200 inspecteurs pour vérifier 500 000 sites industriels et une réforme inquiétante du régime des installations classées, la France ouvre la voie à d’autres catastrophes industrielles majeures. Ça peut arriver aussi en Auvergne.

  • L’environnement, le développement durable, des priorités qui ne sont plus au goût du jour pour ce gouvernement et sa majorité parlementaire, qui s’est prononcée contre plusieurs amendements de droite comme de gauche, dans le cadre du projet de loi de finance 2012 : la suppression de la TVA réduite pour les engrais et les pesticides ; l’application de la TIPP aux carburants des vols intérieurs ; et enfin la majoration et l’ajustement de l’impôt sur les sociétés des compagnies pétrolières pour favoriser les investissements verts.

Grâce à la victoire de la Gauche et à la poussée des Ecologistes qui seront indispensables à l'élection d'un président socialiste au Sénat, nous pouvons espérer que tous ces sujets reviennent sérieusement sur le devant de la scène.

Au niveau régional, plusieurs évènements méritent une attention particulière :

  • L’élégance et la finesse d’Alain Marleix une fois de plus, surnommant Jean-Vincent Placé « notre Coréen national ». Ces propos illustrent la dérive nationaliste d’une partie de l’UMP, et corroborent les multiples dérapages d’une droite qui se dit pourtant Républicaine.
  • Cette droite qui demande aux préfets, de l’Allier et du Puy de Dôme notamment, de pratiquer toujours plus de reconduites aux frontières, toujours plus d’arrestations, dans des conditions de traitement souvent « inhumaines » et « dégradantes ». Ces qualificatifs ne sont pas les miens, mais ceux d’un juge clermontois révolté contre les manières de faire des hommes de main du préfet Lamy.

Et Arno Klarsfeld ose déclarer que malgré « les tracas administratifs », ces Roms, ces Kosovars, ces sans-papiers ne sont envoyés ni « vers la mort », ni « vers Auschwitz » … Sauf, M.Klarsfeld, pour la petite El Médina Bejzacu, décédée à sa naissance prématurée la semaine dernière, après que sa mère et toute sa famille ont été emmenées à Lille afin d’être placés en centre de rétention. Pourquoi Lille quand on habite Clermont ? M. le Préfet est-il à la recherche d’un juge plus sévère ?

  • Au niveau des transports, les Auvergnats devraient se glorifier de l’arrivée d’ici 2015 de l’autoroute aux portes de Vichy. 100 millions d’euros à la clé, pour gagner 3-4 minutes sur 14 kilomètres - c’est primordial ! Pour aller se jeter dans l’entonnoir des ponts sur l’Allier. Nous avons beau chercher, nous ne trouvons toujours pas de justification à ce projet, qui fait la part belle à la vitesse, à l’individualisme et au mépris des transports en commun.
  • Les transports en commun, un sujet passionnant, d’autant plus au sortir de la semaine européenne de la mobilité. Je me prends à rêver d’une Auvergne, d’une classe politique qui ne s’exalterait pas uniquement sur le TGV ou l’arrivée des TEOZ en gare de Bercy, mais aussi autour des TER, de la remise en état des lignes ferroviaires régionales, ou d’une redevance carbone à prélever sur les modes de transport les plus polluants. Ce sera peut être le cas lors de la réflexion à venir sur le deuxième Plan Rail, un moment incontournable de notre mandat, un engagement politique fort à mener. Nous accueillons donc de façon très positive la proposition de vœu du PS sur le ferroviaire et nous espérons qu'il se traduira en actes le plus vite possible, par l'élaboration du 2nd plan Rail et plus largement par la défense systématique d'un système de transport régional efficace et attractif, capable de se substituer progressivement à l'usage de la voiture individuelle. Cette priorité doit constituer le cœur de notre mandat.
  • En termes d’outil politique fort d’ailleurs, la Région se prononcera aujourd’hui sur le périmètre du SAGE Dordogne amont, pour lequel Christian Bouchardy s’est beaucoup investi au nom de la Région. Le Cantal et le Puy de Dôme sont concernés par ce schéma qui vise à poursuivre et amplifier l’action engagée sur les territoires en faveur de la lutte contre les pollutions diffuses, la restauration des régimes hydrologiques et des milieux propices à la biodiversité.
  • Un autre outil politique fort auquel va recourir la région dans un tout autre domaine, concerne l’épargne populaire, à travers le FIAD, qui recherchera systématiquement l’utilité financière de l’aide publique, afin qu’un euro dépensé soit un euro utile. Le tissu de PME et de TPE de la région constitue un enjeu de proximité pour les citoyens, d’autant plus au regard des problématiques sous-jacentes liées à l’emploi, à la création et l’innovation. La mobilisation des investisseurs particuliers, et notamment des citoyens auvergnats, est visée afin de les impliquer dans le soutien à l’économie régionale, mais les assurances et fonds de pension, qu’on appelle investisseurs institutionnels n’ont pas à tirer profit de nos conditions préférentielles. Aussi nous avions déposé un amendement visant à les exclure de ce programme, amendement retiré suite à la promesse que ces organismes ne seront sollicités qu'en cas de réponse insuffisante des particuliers.
  • Enfin, je terminerai sur un dernier point : les agences de notation financière surfent sur la crise actuelle et dictent trop souvent la partition politique aux Etats, à l’Espagne, à l’Italie, à la Grèce… Une partition souvent pleine de bémols et d’incohérences rythmiques. Ce n’est pas à ces officines privées de dicter la politique nationale ou régionale, à quand la création d’une agence publique de notation ?

C’est à nous, les politiques, d’engager des mesures ambitieuses, conformes à notre vision de la société et du monde qui nous entoure.

Je vous remercie.