OGM et mutagénèse, même combat
Par nicole rouaire le dimanche 27 septembre 2009, 08:56 - Actu - Lien permanent
Grâce au combat des faucheurs et de certains scientifiques, l'opinion s'est
habituée à entendre parler des OGM, et de leurs dangers. Les firmes et les
laboratoires ont progressivement rayé ce nom de leurs dossiers et parlent de
plus en plus de Mutagénèse... De quoi s'agit-il ?
A bien y regarder, les OGM obtenus par mutagénèse sont un peu des "OGM cachés"
et ces plantes posent le même type de problèmes :
- elles sont très fragiles (plus une plante est sélectionnée, plus elle est
fragile)
- on ne connaît pas les effets à long terme des mutations induites
- on agresse la plante "de l'intérieur"
- les laboratoires opèrent ainsi une brevetabilité du vivant
- on verrouille la reproductibilité : le réensemencement est une
contrefaçon (on a le droit de ressemer les hybrides, mais elles ne donnent pas
une bonne récolte l'année suivante, mais il est interdit de ressemer des
plantes brevetées)
Pour en savoir plus, lire la note jointe produite par Guy Kastler (réseau
Semences paysannes)
La mutagénèse c'est quoi ?
1) mutation naturelle :
Un caractère nouveau apparaît sur une plante suite à une mutation induite par l'environnement naturel. Les techniques habituelles de sélection entre plantes sexuellement compatibles (croisement et multiplication successives) permettent d'intégrer ce caractère (et le ou les gènes qui permettent son expression) dans une variété intéressante qui sera commercialisée
2) mutation dite "spontanée" provoquée par une modification non naturelle de l'environnement :
Une pression chimique sur l'environnement de culture (herbicides par exemple) provoque, sans que cela soit son objectif, l'apparition de plantes présentant un nouveau caractère de résistance à cet herbicide, dans lesquelles on trouve un ou des gènes dits de résistance à l'herbicide. Suite idem 1. C'est le tournesol Clearfield de Basf résistant à son herbicide, effectivement issu de méthode traditionnelle de sélection suite à une mutation "spontanée" provoquée par une modification non naturelle de l'environnement de culture.
2 bis) Autre possibilité : transgénèse à partir de ce gène de résistance
Cela fait un OGM. Si la trangénèse se fait sur la même espèce (sexuellement compatible) que celle où a été prélevé le gène transféré, on appelle cela "cisgénèse", technique que certains (CopaCogeca) voudraient voir exclue des OGM soumis à règlementation en Europe
3) mutagénèse aléatoire :
Très proche du 2), sauf que la modification de l'environnement de culture est intentionnellement créée pour provoquer des mutations et utilise des facteurs dont la seule fonction est d'être mutagènes : rayons ionisants. Ce sont les premières expériences françaises de mutagénèse autour de Cadarache dans les années 1960. Méthode très aléatoire et longue : on fait muter des milliers de plantes puis on les cultive pour voir si certaines présentent des caractères nouveaux intéressants, puis on les sélectionne, puis...
4) mutagénèse aléatoire et multiplication cellulaire :
Dès la fin des années 1960, on sait reproduire une plante en labo à partir d'une seule de ses cellules. Il est alors beaucoup plus simple de soumettre des milliers de cellules à des pressions mutagènes en labo (produits chimiques comme la colchicine, rayons gamma...), puis de faire des milliers de multiplications cellulaires, puis d'en faire des plantes, puis... Méthode toujours aléatoire, longue, peu industrialisable, mais qui a donné de multiples plantes que nous consommons aujourd'hui : blé, orge, des bretons disent même que les sarrasins actuellement les plus cultivés ont été sélectionnés ainsi...
5) étape suivante, parfois appellée tilling ou mutagénèse dirigée :
Avec le séquençage génétique, on peut savoir en 48 h si une mutation souhaitée est apparue sur l'une des milliers de cellules soumises à un stress mutagène. Il n'y a alors qu'une seule cellule à multiplier pour en faire une plante, on gagne énormément en temps et en rapidité. C'est cette méthode industrialisable qui relance aujourd'hui la mutagénèse comme alternative aux OGM dont les consommateurs ne veulent pas. C'est l'Express Sun de Pionner
6) mutagénèse réellement dirigée :
Grâce à l'introduction dans une cellule d'éléments d'ADN (micronucléotides) qui ne sont pas des gènes (il n'y a donc pas transgénèse au sens strict), on peut orienter la pression mutagène sur le ou les gènes qu'on veut faire muter. De nombreuses voix scientifiques européennes commencent à demander que cette nouvelle technique soit classée comme OGM et subisse les mêmes obligations d'évaluation et d'information du public