Michèle Rivasi
Du devoir citoyen à l’action politique
« Un lanceur d’alerte », c’est ce que l’on dirait aujourd’hui de Michèle Rivasi. En 1986, quand elle dénonce « le mensonge d’Etat » qui stoppe le nuage de Tchernobyl aux frontières de la France, elle n’est encore qu’une jeune professeure agrégée de biologie. Et l’une des rares voix à s’élever.
« A l’époque, je n’étais pas une militante, mais quand j’ai vu, preuves à l’appui, que mes enfants allaient consommer des aliments contaminés, je n’ai plus pu me taire. Informer des dangers était un devoir citoyen ». Elle crée, la CRIIRAD, le premier laboratoire indépendant de recherche et d’information sur la radioactivité. Les coups pleuvent. Les attaques sont même « féroces ». Elle rétorque. « ça m’a forgé un tempérament de femme politique ». Si dénoncer est un devoir, il lui faut aussi agir. « Il me manquait un outil », dit-elle. « Quand je mesurais le poids des lobbies et le manque d’information des députés, je me disais qu’il fallait aller au-delà ». En 1997, sollicitée par le PS et les Ecologistes en qualité de personnalité de la société civile, elle se présente aux législatives. Trente-trois voix lui permettent d’arracher l’élection !
Pugnace, Michèle Rivasi est la première femme à siéger au sein de l’Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques. C’est elle aussi qui sera chargée du rapport sur la gestion des déchets radioactifs.
Le nucléaire, les questions d’environnement, de sécurité alimentaire, de santé, seront au centre de toute son action. Et son expertise dans ces domaines est aujourd’hui totalement reconnue.
Après avoir quitté la direction de Greenpeace en 2005, elle crée le CRIIREM, laboratoire indépendant sur les rayonnements électromagnétiques. Puis elle retourne dans l’arène politique où elle arrache, en 2008, de 46 voix, un canton traditionnellement acquis à la droite et devient vice-présidente du Conseil général de la Drôme. La même année, aux municipales, la ville de Valence détenue jusqu’alors par l’UMP, bascule. « La liste Verte et citoyenne obtient 20% » se félicite Michèle Rivasi.
En 2009, elle fait son entrée au parlement européen. « En France, j’avais été confrontée au bipartisme. Au parlement européen j’ai appris ce que voulait dire construire ensemble, faire un pas vers l’autre dans le respect des cultures ». Elle sera de toutes les batailles qui touchent aux scandales sanitaires, alimentaires, aux conflits d’intérêt, à la pharmacovigilance, à l’information et la protection du consommateur… Belle récompense : vice-présidente du groupe les Verts/ALE, elle obtient une aide de l’Europe pour financer un centre « Ecologie et santé » qui assure le suivi médical des populations vivant toujours sur les territoires contaminés par la catastrophe de Tchnernobyl.
« Face aux défis environnementaux, sociaux à la concurrence toujours plus forte des pays émergents, L’Europe est incontournable, martèle Michèle Rivasi. Mais il nous faut construire une nouvelle Europe qui réponde davantage aux attentes des citoyens ». La voilà repartie pour un nouveau mandat, une nouvelle bataille.