Entrer dans le salon, allumer la lumière, c’est une évidence, un réflexe. Qui se demande comment cela est possible ? Pourtant, l’énergie est un enjeu politique de premier ordre, qui nous concerne tous.
Qui dit énergie dit lumière, et pourtant ce secteur est une zone d’ombres : les multinationales du pétrole ou du nucléaire n’aiment pas le feu des projecteurs. Les citoyens, les élus locaux, les usagers de l’énergie en général n’ont pas leur mot à dire sur cet élément indispensable à leur quotidien.
On dit que l’énergie est un « secteur stratégique ». Stratégique au sens politique, assurément : ne pas le maîtriser, c’est être dépendant de ceux qui proposent ce service indispensable, et être dépendant aussi du prix auquel ils acceptent de vous le fournir. L’énergie est surtout le premier levier de lutte contre le dérèglement climatique. À ce titre, engager la transition énergétique est une priorité pour les écologistes.
Le secteur de l’énergie a également besoin de stratégie économique. Il est nécessaire d’investir dans un modèle durable qui assure la sécurité de l’approvisionnement et la production d’énergie dans des conditions soutenables.
Qui produit l’énergie ? À partir de quoi ? Comment arrive-t-elle jusque dans votre foyer ? Comment fixe-t-on son tarif aujourd’hui, et quel sera-t-il demain ? Quelles solutions pour l’économiser ?
Regardons ce qui se cache derrière l’interrupteur !
Changer le système, pas le climat
Ce slogan a été clamé par des milliers de manifestants à Copenhague, lors du sommet sur le climat de 2009.
Venus du monde entier, ils demandaient aux dirigeants qui négociaient un accord sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre de prendre leurs responsabilités. L’enjeu ? Le réchauffement climatique, déjà en marche, contre lequel nous devons agir vite, très vite. Les défenseurs du climat, mais aussi un certain nombre de dirigeants européens, sont repartis déçus de l’accord a minima obtenu lors de cette conférence.
Bien sûr, les Américains bloquent, les Chinois ne se précipitent pas pour réguler leurs émissions… Plutôt que de pointer du doigt le manque d’ambition de ses partenaires, l’Europe doit prendre le leadership des questions environnementales et montrer l’exemple.
Cinq ans après, attendre n’est plus une option. Le dernier rapport de l’Organisation météorologique mondiale est sans appel : les nombreux phénomènes climatiques extrêmes vécus en 2013, y compris en France, sont des indicateurs toujours plus inquiétants du bouleversement climatique provoqué par l’homme.
En 2015, une nouvelle conférence aura lieu à Paris, un nouveau cycle de négociations aussi. Les pays européens doivent s’entendre sur un message clair.
Pour Europe Écologie, il n’y a qu’un objectif à défendre : une Europe zéro carbone en 2050.
Cela signifie réduire de 30 % nos émissions de CO2 d’ici à 2020 et de 60 % d’ici à 2030. Mais cela signifie surtout faire des choix pour sortir des énergies fossiles, largement responsables des gaz à effet de serre. La transition énergétique et le contrôle du changement climatique vont de pair.
Les Européens doivent être exemplaires et fermes, notamment en appliquant une taxe carbone aux frontières. Cela signifie de fortes contraintes pour nos industriels qui devront tenir ces objectifs. En contrepartie, il leur faut des garanties. La taxe carbone aux frontières, c’est l’assurance que des produits à l’empreinte carbone démesurée ne se retrouvent pas à bas prix sur le marché européen.
Objectif Europe zéro carbone en 2050
Le chemin est encore long pour atteindre une Europe neutre en carbone. L’Europe a besoin d’une stratégie globale et d’un calendrier précis. C’est le « Paquet Climat-énergie » qui doit fixer des objectifs pour 2030. Les négociations sont en cours, mais les premiers éléments ne sont pas à la hauteur des enjeux. Sans ambition européenne, peu de chances d’aboutir à un quelconque accord mondial sur le climat. Les modèles énergétiques nationaux sont en conflit : la France mise sur le nucléaire et exporte ses centrales à la Grande-Bretagne, quand l’Allemagne investit massivement dans les renouvelables.
Europe Écologie maintient la nécessité d’adopter 3 objectifs contraignants :
1. réduire de 60 % les émissions de gaz à effet de serre,
2. porter à 45 % la part de renouvelables dans la production d’énergie,
3. améliorer de 40 % l’efficacité énergétique d’ici à 2030.
Sur ce dernier point, l’Europe est très en retard, les entreprises énergétiques n’ayant aucun intérêt à voir réduire la consommation.
Engageons une transition énergétique basée sur le duo gagnant : renouvelables et économies d’énergie !
En 2011, l’Union européenne a importé 54 % de l’énergie brute qu’elle a consommée. Cette dépense, chiffrée à 488 milliards d’euros, est en constante augmentation.
Réduire au minimum notre consommation d’énergie de 40 % d’ici à 2030 tout en développant les énergies renouvelables permettrait de renforcer l’indépendance énergétique de l’Europe.
Cela aurait pour effet direct d’alléger la facture des ménages de 1 000 euros par an et de créer près de 2 millions d’emplois !
Les sommes ainsi économisées permettront d’investir massivement dans les énergies renouvelables. Biomasse, hydraulique, énergie marine… S’il est possible de généraliser dès maintenant des technologies éprouvées comme l’éolien, nous devons aussi explorer les possibilités qu’offrent la force considérable des marées et des courants ou la géothermie, dont la production d’énergie est constante. La recherche est l’une des clés du succès de notre avenir énergétique.
Produire durable pour l’indépendance énergétique de l’Europe
L’Union européenne est le deuxième plus gros consommateur d’énergie au monde, mais ses réserves en gaz et en pétrole sont très faibles. Nous importons 54 % de l’énergie brute que nous consommons.Pendant ce temps, les réserves mondiales s’épuisent.
Investir dans une infrastructure sans savoir s’il y aura assez de matière première disponible dans dix ans est irresponsable. D’autant qu’avant l’épuisement vient la rareté. Le baril de pétrole à 200 dollars n’est plus un mythe. Quant à l’uranium, il nous reste à peine 100 ans de réserves. Combien coûtera l’énergie ainsi produite si elle dépend uniquement de matières premières si précieuses ?
Le potentiel des énergies renouvelables est immense pour assurer l’indépendance énergétique de l’Europe. Aujourd’hui, plus de deux tiers des nouvelles capacités de production électrique installées en Europe sont renouvelables, et certains pays illustrent parfaitement la « success story » de ce secteur. En 2013, les énergies renouvelables ont fourni 42,4 % de la demande en électricité de l’Espagne. Au Danemark, l’énergie éolienne permet certains jours de couvrir plus de 100 % de l’électricité consommée.
Quand on voit comment la Russie joue de sa puissance gazière pour diviser l’Europe, et comment les grands groupes énergétiques imposent leurs priorités aux gouvernements, on réalise à quel point l’autonomie énergétique permettrait de réduire les tensions politiques et géopolitiques.
Europe Écologie défend la nécessité d’une véritable Europe de l’énergie, d’une stratégie durable et ambitieuse pour en finir une fois pour toutes avec le gaspillage, la précarité énergétique et notre dépendance aux pays exportateurs de pétrole et de gaz.
Économiser l’énergie au quotidien
Arrêtons d’investir dans des puits de forage pour gaspiller les ressources encore dormantes.
Faisons plutôt en sorte de ne jamais en avoir besoin !
Le levier du changement n’est pas toujours loin de chez soi. Les citoyens européens peuvent être les premiers acteurs, et surtout les premiers bénéficiaires d’un changement de modèle.
Il est possible de réduire considérablement la facture énergétique. Le chauffage est le premier poste annuel de dépense des ménages européens. En France, se chauffer coûte en moyenne 1 600 euros par an et par foyer. Il est temps d’agir. Bien isoler sa maison permet de réduire sa facture de 60 %. Ces travaux coûtent cher, mais les économies d’énergie compensent rapidement l’argent investi. L’Europe doit accompagner financièrement ceux et celles qui souhaitent être acteurs de la transition énergétique. Ce sera la priorité du futur budget communautaire.
Isoler les habitations crée des emplois non-délocalisables : ce sont les PME qui produisent des éco-matériaux isolants, les artisans qui les installent… Leur savoir-faire est bien rémunéré. Il faut saisir cette opportunité et donner un signal fort aux acteurs économiques !
La recherche joue un rôle considérable dans les économies d’énergie. Elle permet de réduire la consommation de l’éclairage, des appareils électroménagers et même des voitures… Il faut fixer des objectifs et donner à la recherche les moyens de les atteindre. En 1990, une voiture française consommait en moyenne 8,25 litres au cent. En 2009, c’était 5,25. Nous voulons une voiture qui consomme 2 litres d’essence maximum pour 100 kilomètres, à l’horizon 2020. Après la 2 CV, la 2l au 100 !
Quand cela est possible, en ville avant tout, l’Europe doit accompagner le développement de modes de transports en commun performants. Cette innovation est à la fois matérielle et organisationnelle. Ingénieurs concepteurs, urbanistes, experts en mobilité de tous les pays d’Europe doivent travailler ensemble à faire bouger les Européen-nes plus simplement, plus intelligemment, plus écologiquement.
Citoyens, prenons notre énergie en main !
Reconsidérer nos politiques énergétiques, c’est aussi parler gouvernance. Qui décide quoi ? L’Europe doit garantir la transparence, assurer une véritable place pour le débat public et promouvoir l’initiative citoyenne sur les questions énergétiques.
Car les grandes entreprises ne sont pas les seules à produire de l’énergie en Europe. Des particuliers et des coopératives locales s’organisent sur des territoires pour prendre en main leur avenir énergétique. En Allemagne, les citoyens participent pleinement à la sortie du nucléaire et au boom des énergies renouvelables. Plus de 50 % de la capacité installée d’énergies renouvelables outre-Rhin ces dix dernières années provient de l’investissement participatif.
Ils répondent à un enjeu fort, rarement mis en avant : produire local. Pour l’énergie aussi, c’est indispensable. Malgré 150 ans de développement, le transport de l’électricité reste un processus mal maîtrisé. Les déperditions sont considérables. Son stockage est quasi impossible à grande échelle. Produire à proximité des usagers, c’est une clé pour économiser l’énergie.
L’Union européenne doit accompagner ces projets énergétiques innovants.
Europe Écologie propose que pour chaque euro investi par un citoyen dans un projet local de production d’énergie renouvelable individuel ou collectif, 1 euro soit investi par l’Europe.
Cela doublera la force de frappe et permettra à des projets citoyens d’envergure de voir le jour. Rendre les citoyens producteurs de l’énergie qu’ils consomment est le meilleur moyen de les impliquer dans la transition énergétique !
Mais le cadre législatif doit aussi évoluer pour accompagner les initiatives locales, et permettre notamment la mise en œuvre de projets transfrontaliers. L’Europe doit imposer des statuts juridiques harmonisés permettant de mobiliser l’épargne des citoyens en direct et de l’investir dans les projets de leur choix.
Il est également possible de travailler à une autre gouvernance des grandes entreprises de l’énergie.
Europe Écologie propose que les entreprises comme EDF développant de nouvelles infrastructures dans les renouvelables soient contraintes d’ouvrir au moins 20 % du capital de ce projet aux citoyens du territoire d’implantation concerné.
Libre à eux de participer ou non, mais au moins, ils en auront la possibilité, ils auront le choix ! Et s’ils investissent, devenant ainsi des partenaires économiques de leur fournisseur d’énergie, ils auront un droit de regard nouveau sur ce qui se cache derrière l’interrupteur.
1 euro européen supplémentaire
NUCLÉAIRE : Il faut rapidement sortir de cette énergie dangereuse et chère.
On ne passera pas aux énergies de demain sans abandonner définitivement celles d’hier
La catastrophe de Fukushima a démontré que le Japon, pourtant à la pointe de l’innovation technologique, n’avait pas été capable d’anticiper le déchaînement de la nature qui s’est alors produit. L’Europe non plus !
Europe Écologie réaffirme que le nucléaire est une énergie dangereuse et chère, dont il faut rapidement sortir.
La dépendance à l’uranium est par ailleurs source d’instabilité et de conflits dans les pays où il est extrait, surtout en Afrique. Ce n’est en aucun cas une ressource durable.
Plus encore, c’est une technologie qui rompt avec l’idée de solidarité européenne : comment accepter qu’un pays qui a fait le choix du nucléaire puisse faire courir le risque d’un accident à ceux qui ont choisi de s’en passer ?
Gaz de schiste : un moratoire européen sur son exploration et son exploitation
On parle d’une nouvelle ruée vers l’or, mais il s’agit surtout d’un nuage de fumée ! Le principe de cette « nouvelle » ressource est de creuser, casser la roche en grande profondeur avec des produits chimiques et de l’eau sous pression pour faire ressortir du gaz jusqu’alors emprisonné. Cette technique, dite de « fracturation hydraulique », a déjà ravagé plus d’un million d’hectares aux États-Unis. Les multinationales s’empressent donc d’aller chercher ailleurs des zones à exploiter.
Drôle de logique que de polluer les sols, l’eau et l’air pour arracher à la Terre ses dernières ressources fossiles. Sans compter que cette technique est complexe, risquée et coûte très cher. Le coût des investissements nécessaires à l’exploitation des gaz de schiste (puits de forage, matières chimiques, transport, pollution…) est reporté sur le consommateur. Mais qui indemnisera les habitants qui en subissent les effets néfastes ? Qui paiera pour la dépollution quand les sociétés-écrans mettent la clé sous la porte dès qu’elles ont fini leur besogne ? Qui prendra les malades en charge ? Les contribuables, bien sûr ! C’est donc sans risque pour les multinationales du pétrole… Et quand il n’y aura plus de gaz de schiste ?
Coopérer pour innover
L’énergie fait partie de l’ADN de la construction européenne. C’est avec la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier) que l’Europe a commencé à coopérer, en 1951. La recherche est vitale dans ce domaine, et la coopération plus que jamais indispensable. Transférons les moyens dédiés aux énergies fossiles à un grand programme européen de coopération industrielle et de recherche sur les renouvelables. Universitaires, pôles de recherche des grandes entreprises et PME innovantes pourront développer des solutions pour répondre aux besoins en énergie de demain.