La santé, une ressource à protéger

Temps de lecture  7 minutes

La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité.

Définition de l’OMS (Organisation mondiale de la Santé)

icone_santeEn matière de politique de santé, on oublie trop souvent l’essentiel : la bonne santé globale de chacun.

Cet objectif passe le plus souvent après les moyens – la prise en charge des malades ou un accès égalitaire aux soins, par exemple.

Les écologistes envisagent la santé d’une manière globale. Soigner les symptômes est vain si les causes des maladies perdurent. La santé est une ressource qu’il faut préserver en misant avant tout sur la prévention.

L’Europe est confrontée à un accroissement de « maladies des modes de vie » : diabète, obésité, maladies cardiovasculaires, cancers, troubles musculo-squelettiques, maladie d’Alzheimer, etc.

Dans notre quotidien, de nombreux facteurs accentuent le risque de développer ces pathologies. L’Union européenne joue un rôle clé de régulateur dans ce domaine.

Face aux pressions des lobbies de l’industrie, la volonté des citoyens d’avoir une vie plus saine doit s’affirmer.

LA PRÉVENTION EN 4 PRINCIPES CLÉS

1. Être attentifs à la qualité de notre alimentation et de l’eau que nous buvons.

Cela passe par :

- des normes européennes plus strictes, en particulier sur la teneur en nitrates et en pesticides de l’eau du robinet.

- un étiquetage plus détaillé : teneur en gras, en sel, en sucre, présence de composés chimiques (nitrates, conservateurs, exhausteurs de goût…).

- une étude indépendante d’ampleur sur les conséquences des OGM dans l’alimentation.

2. Limiter l’exposition aux différentes substances chimiques nocives. On pense immédiatement au tabac, mais n’oublions pas les différents produits chimiques présents dans notre environnement direct et contre lesquels il faut continuer à lutter : composés organiques volatils dans les peintures, solvants et constituants des colles, dans les revêtements de sol ou les meubles en bois aggloméré, etc. Le développement des éco-matériaux permettra de vivre dans des maisons saines.

3. Réduire la pollution. L’Europe doit réglementer plus strictement les niveaux d’alerte aux particules fines et aux oxydes d’azote qui rendent l’air irrespirable, et instaurer rapidement un plan de sortie de la dépendance au diesel pour faire évoluer le parc automobile européen vers un modèle moins polluant.

4. Sortir du nucléaire. Trois ans après la catastrophe de Fukushima, Europe Écologie rappelle combien cette sortie

est nécessaire pour prévenir les risques graves liés à l’exposition aux radiations.

Garantir l’accès à la santé pour tous

La liberté de choix est essentielle pour que chacun-e puisse être acteur

de sa santé. Hélas, nombreux sont ceux qui n’ont pas cette possibilité.

L’accès aux soins en Europe est de plus en plus difficile. Les situations sont inégales et inégalitaires. En Grèce, par exemple, les hôpitaux ferment, les soins ne sont plus pris en charge. 800 000 personnes n’ont plus accès aux services de santé.

Europe Écologie défend la mise en place d’un dispositif universel d’accès aux soins dans toute l’Europe.

La solidarité européenne doit prendre le relais quand les politiques d’austérité provoquent des crises humanitaires.

Lutter contre la malbouffe, les produits cancérigènes ou la pollution fait, en théorie, l’unanimité. Pourtant, les écologistes se retrouvent le plus souvent seuls quand il s’agit de voter des règles plus restrictives au Parlement européen. Ils doivent faire face à des coalitions conservatrices qui défendent les intérêts des industriels, au détriment de la santé des consommateurs.

Le coût humain de l’absence de prévention est terrible. Le coût financier des soins est également colossal. La prévention permettra d’assurer la pérennité de nos systèmes de santé et un bien-être durable pour tous.

Les médicaments ne sont pas des biens de consommation comme les autres

Le recours raisonné aux traitements médicamenteux est indispensable. La résistance croissante aux antibiotiques est un bon signe de la prise de conscience qui s’opère : non, les médicaments ne se « consomment » pas et leur usage doit être régulé.

Par ailleurs, les scandales successifs liés à des médicaments alertent les citoyens européens. Leurs conditions de mise sur le marché doivent être revues. Le système a besoin de transparence, d’études préalables approfondies et validées par des experts indépendants. Aujourd’hui, l’argument du secret commercial ou de la propriété intellectuelle sur les nouvelles molécules joue contre la santé publique. La logique marchande classique ne peut s’appliquer à la santé.

Le cadre européen en matière de contrôle sanitaire gagnerait à être profondément assaini. Il est urgent de s’attaquer aux conflits d’intérêts entre les laboratoires pharmaceutiques et les organismes de régulation comme l’Agence européenne du médicament. Le Parlement européen doit continuer à faire pression pour garantir l’indépendance de ces institutions.

On ne joue pas avec la santé des Européens. La sécurité et le droit des patients doivent pouvoir se défendre devant les tribunaux.

Pour l’industrie pharmaceutique, le cadre juridique doit être clair, et se résume en trois principes : transparence, contrôle et sanctions exemplaires.

L’action collective sera rendue possible au niveau européen dans les scandales comme celui du Mediator ou des prothèses mammaires vendues par la société PIP, par exemple.

Défendre le statut des médecines complémentaires

La mainmise de l’industrie pharmaceutique et de certains professionnels du milieu médical sur les questions de santé met en difficulté des méthodes de soin complémentaires et naturelles.

Les écologistes réaffirment la nécessité d’une place pour les médecines complémentaires : naturopathie, ostéopathie, phytothérapie, etc. et pour les thérapies non médicamenteuses, autant de pratiques où l’aspect préventif et global est valorisé.

L’herboristerie traditionnelle est menacée. Les multinationales du médicament posent des brevets sur des molécules extraites de plantes qui sont utilisées depuis des millénaires.

Cette privatisation de la biodiversité et d’un patrimoine de savoir qui appartient à l’humanité s’apparente à du vol.

L’Europe doit accompagner celles et ceux qui souhaitent protéger naturellement leur santé et maintenir ces savoirs.

Que reste-t-il du principe de précaution ?

Le principe de précaution veut qu’on ne mette pas en libre circulation une substance ou une technologie avant d’avoir la garantie qu’il n’existe aucun risque. L’Europe revendique cette approche prudente. Elle met en priorité la santé, le bien-être et l’environnement des Européen-nes avant les intérêts économiques.

Cette logique est refusée par de nombreux pays, à commencer par les états-Unis qui fonctionnent à l’inverse : tout est autorisé, puis, si le danger est prouvé, les pouvoirs publics envisagent d’interdire. Mais l’Europe a renversé la charge de la preuve : ce n’est plus aux victimes de se retourner contre les industriels. C’est une petite révolution !

Le dispositif le plus connu en matière de principe de précaution s’appelle REACH (Enregistrement, évaluation, autorisation et restriction des produits chimiques). Ce règlement a bouleversé l’industrie pétrochimique, cosmétique et agroalimentaire. Lors de sa mise en œuvre, les industriels ont bénéficié d’une longue période pour prouver l’innocuité de leurs produits. Ils en ont surtout profité pour en modifier la composition, anticipant l’interdiction prochaine de produits chimiques dont ils ne pouvaient pas prouver qu’ils étaient sans risque. Moralité : les industriels savaient parfaitement qu’ils mettaient les consommateurs en danger !

Bisphénol A dans les biberons, parabens dans les cosmétiques et composants dangereux de plastiques alimentaires ou destinés aux jouets disparaissent peu à peu grâce à REACH. Mais il ne faut pas s’arrêter là. Retirer les principaux produits cancérigènes de la circulation ne garantit pas que les substances restantes soient inoffensives.

D’autant que les études se basent sur des prérequis dépassés. Non, ce n’est pas forcément « la dose qui fait le poison ». On s’aperçoit aujourd’hui qu’une exposition, même très faible, à certaines substances à des périodes clés comme la grossesse peut avoir des effets pires qu’une forte exposition. Il y a également ce qu’on appelle « l’effet cocktail » : le mélange des substances qui crée des effets néfastes. Il faut refaire les tests à la lumière de ces données nouvelles.

Autre enjeu : l’impact sur le système hormonal humain et animal. Cette question ne se posait simplement pas auparavant. Les premières recherches se centraient sur les risques de cancers et les risques pour le bébé lors de la grossesse.

Or on sait maintenant que certaines substances, notamment les pesticides, peuvent entraîner de graves troubles hormonaux et empêcher ou perturber la procréation.

Europe Écologie demande un REACH II, plus rigoureux et plus large, imposant aux industriels de nouvelles recherches validées par des experts indépendants. On a vu avec les OGM l’importance du regard extérieur pour contrer la mauvaise foi des multinationales.

Nous souhaitons également que le principe de précaution soit appliqué aux nouvelles technologies. Il est nécessaire d’interroger l’impact de l’usage des nanotechnologies qui envahissent notre quotidien.

Autre enjeu important : l’exposition aux écrans et aux ondes électromagnétiques, en particulier chez les jeunes enfants.

Mercredi 3 décembre 2014
Le programme

Répondre