Suite aux deux débats publics (voir l’intervention précédente sur ce blog) et après les déclarations du Ministre de la Ville et du Président de la Région, les Bois Colombiens et les Altoséquanais pourraient, à priori, se réjouir : 13 – 15 des 40 gares prévues pour ce nouveau réseau seraient situées dans le 92 dont 3 sur le territoire ou en proximité de notre ville : Bécon les Bruyères, Les Agnettes et aussi la gare de Bois Colombes. On notera cependant que sur certaines présentations cette dernière est marquée seulement comme « optionnelle »…
Au-delà de ces considérations locales le projet tel que présenté fin janvier soulève un certain nombre de problèmes de fond qui sont énumérés ci-dessous :
… un projet démesuré et inadapté.
Les 160 km du métro desservant 40 gares présente un projet jamais réalisé dans cette dimension. Avec une distance moyenne de 4 kilomètres entre deux stations il rappelle plutôt un RER car pour un métro cette distance se situe normalement entre 500 mètres et un kilomètre.
Au lieu de relier des grands pôles d’actiivtés (centres de recherche, pôles financiers, aéroports…) entre eux la priorité doit être donnée à la liasion entre les lieux d’habitat et les emplois de proximité. De ce point de vue le métro automatique ne permet ni un maillage suffisant de tous les réseaux de transports existants ni une communication interne efficace au sein de chaque bassin de vie.
… un tracé non arrêté.
Le gouvernement annonce la définition du tracé par la Datar d’ici la fin du mois de mars. Ceci paraît peu réaliste en vue des délais normalement à appliquer pour définir un tracé (or cette définition aura des conséquences ensuite sur le niveau d’investissement).
… des problèmes majeurs du point de vue environnemental.
Il s’agit de la desserte du plateau de Saclay qui par ailleurs n’a pas fait l’objet d’accord entre le Gouvernement et la Région . Cette zone comprend les meilleurs terres agricoles de l’Ile de France, et le maintien de ce terriotire « agriurbain » nécessite un développement faible de l’habitat. Celui-ci sera clairement incompatible avec un métro de grand gabarit.
Cependant le directeur général de la Société du Grand Paris vient de déclarer, sans rire : « On préservera le cadre de vie de ce poumon vert aux portes Paris, et les terres agricoles sont inviolables ».(Le Figaro du 03 mars) Si c’était ainsi qui fréquentera alors ce moyen de transport de grande capacité ? Les vaches et les oies sauvages qui s’offriront un petit tour de Grand Huit ?
… un financement non assuré.
La Société du Grand Paris est dotée d’un capital de 5 milliards EUR. Cette somme ne couvre qu’environ 20% du coût total de l’investissement. Il faudra par ailleurs se préoccuper des dépenses d’entretien qui se chiffrent à 1 milliard EUR par an !
Aujourd’hui aucun instrument pérenne n’est mis en place pour garantir l’aboutissement d’un tel projet.
… un calendrier plus que spéculatif.
Quand le président Sarkozy annonçait initialement l’ouverture à partir de 2013 le président de la Région parle de 2035 ! Il faudra bien savoir…
En règle générale tous les projets de transports dans notre Région affichent un retard de 5 à 10 ans sur le calendrier initial, même ceux dont la réalisation est beaucoup moins complexe (comme la prolongation de la ligne 1 du tramway qui passe à proximite de notre commune).
… et surtout un débat démocratique inachevé.
Les débats dont les conclusions seront publiées à la fin du mois ont bien montré que la priorité absolue est la rénovation du réseau existant. La population demande que l’état du matériel et des infrastructures soit plus fiable et qu’ il permette aux trains d’arriver à l’heure et aux Franciliens d’être transportés dans de bonnes conditions.
Loin d’être clos un vrai débat démocratique sur les priorités d’investissement et de son financement doit s’engager maintenant. La place du citoyen doit se trouver au milieu de ces discussions.
Hermann Schneider