Vendredi 24 septembre à Millau
11 septembre 2010 in Rendez vous
Communiqué de Jacky Tello, président du Comité Pluraliste
pour la défense et la promotion de la ligne SNCF Béziers-Neussagues-Clermont Ferrand-Paris
Mr Herbert Dumesnil, président de Réseau Ferré de France (RFF) vient de proposer la fermeture complète de la ligne SNCF Béziers-Neussargues. Cette ligne ferait parti « d’un paquet ferroviaire » à fermer définitivement de 4 000 km dont l’essentiel se situe dans le Massif Central.
Une telle proposition n’a pu être faite qu’avec l’accord du gouvernement et la bénédiction de la SNCF.
Les arguments de RFF sont la vétusté des installations et le nombre de circulations ferroviaires faibles rendant peu « rentable financièrement » cette ligne.
Rappelons que la modernisation de cette ligne arrachée de haute lutte par l’action du Comité pluraliste conjuguée à l’action de Mr Jean-Claude Gayssot, ministre des transports à ce moment là a été stoppée en 2002 lors de l’arrivée au pouvoir du gouvernement de droite. Cet arrêt a porté un coup à une reconquête ferroviaire. Les choix effectués depuis dix ans en matière de transport, dans notre pays et en Europe, sont favorables au tout routier et autoroutier, au tout TGV et à la spécialisation du trafic marchandise international de transit sur quelques créneaux répondant exclusivement aux besoins de transport des firmes multi nationales industrielles délocalisées notamment l’automobile.
Aujourd’hui, seulement 12 % des marchandises circulant en France sont transportées par fer alors qu’en 2002 la SNCF assurait environ 40 %.
Les principales décisions en faveur du rail du Grenelle de l’environnement n’ont pas été respectées par le gouvernement. A cela s’ajoute les déséquilibres territoriaux qui pénalisent fortement les zones rurales dont les hauts cantons de l’Hérault et le Massif Central. Les autoroutes qui lézardent du Nord au Sud et d’Est en Ouest le Massif Central n’aménagent pas le territoire mais ne font qu’accélérer sa traversée et l’isolement des départements. L’aménagement du territoire est ainsi abandonné. Là où le rail et le service public reculent, c’est le désert qui progresse !
Pour la ligne SNCF Béziers-Neussargues-Paris, il faut y ajouter le sabotage délibéré par la SNCF des dessertes nationales voyageurs :
Suppression du train de nuit Millau-Paris ; train Aubrac limité à Clermont Ferrand imposant plusieurs changements et correspondances rendant le parcours entre Béziers et Paris via le Massif Central invivable. Il faut être militant actif en faveur de la ligne pour prendre le train ! Les usagers et les populations sont mal traités. Les directions SNCF ont tout fait pour faire fuir les gens du train : horaires déplorables, pas de correspondances, suppression de train, de personnel, pas d’entretien, gares fermées, horaires de la ligne non indiqués dans les fiches nationales…
Et que dire des TER où les incidents se succèdent.
Enorme est la responsabilité des directions régionales et nationales SNCF traitant les habitants du Massif Central comme des habitants de seconde zone.
Depuis 1995, la ligne SNCF Béziers-Neussargues est sous la protection citoyenne des populations, des usagers, des cheminots actifs et retraites, des organisations politiques et syndicales, associations, élus et collectivités territoriales. C’est cela qui gêne le plus les destructeurs de cette ligne, de ce service public de transport.
Les trois Conseils Régionaux Languedoc-Roussillon, Midi Pyrénées et Auvergne se sont prononcés pour son maintien et son développement. Des financements ont été engagés, du matériel et des gares modernisées, des propositions de développement des TER à 1 € sont en cours de négociation pour une application rapide.
D’autre part, l’utilité de cette ligne ferroviaire pour soulager les routes et autoroutes de plus de 350 000 camions par an n’est plus à démontrer.
Ce qui était vrai et reconnu en 2002 pour les transports de marchandises par cette ligne alors que la part du rail était d’environ 40% est encore plus vrai en 2010 puisque le rail public et privé n’assure plus que 12 %. Alors reconquête ferroviaire ou pas ?
Les dérèglements climatiques de plus en plus nombreux devraient inciter les décideurs politiques à faire preuve de clairvoyance notamment en faveur du transport marchandises par rail dont le ferroutage.
La décision de fermeture de cette ligne est une décision politique obéissant à des choix exclusivement financiers sans prise en compte de l’utilité et efficacité sociale, de la solidarité territoriale pour les lignes considérées d’aménagement du territoire, de son utilité économique et écologique. Il est vrai que gouvernement, SNCF et RFF ne sont plus à une contradiction prêt ! Les différents plans frets appliqués se sont traduits par les suppressions d’emplois de cheminots : plus de 16 000, des fermetures de gares, de triages, d’ateliers comme envisagé pour celui de Béziers. Cela s’est traduit par plus de 2 500 000 camions supplémentaires sur les routes et autoroutes.
L’heure est grave. Elle est à la mobilisation de tous ceux qui souhaitent conserver et développer une artère vitale de la mer vers le Massif Central.
La ligne SNCF Béziers-Neussargues devient un symbole de résistance et un espoir pour la SNCF en terme de reconquête, d’unicité, d’efficacité et de service public.
Le Comité pluraliste entend être un acteur déterminant d’une mobilisation capable de mettre en échec le projet de fermeture de la ligne décidée par le gouvernement, Réseau Ferré de France et les directions SNCF.
Bédarieux le 10 septembre 2010