Un bol d’air, ce n’est plus la santé…

Pour la première fois, la procédure d’alerte concernant la pollution de l’air aux particules fines a été mise en place par la Préfecture de Police de Paris la semaine dernière. Cette alerte fait suite à une succession de journées de dépassement de seuils d’information de plus de 20 jours en 2 mois et demi.et au dépassement de deux pics d’alerte. La situation n’est guère meilleure en Val d’Oise, comme le prouve cette prévision d’Airparif pour le mercredi 28 mars.

L’Organisation Mondiale de la Santé a tiré la sonnette d’alarme le 26 septembre 2011 dans un communiqué :

« La pollution atmosphérique atteint des niveaux dangereux pour la santé dans de nombreuses villes. [On] estime que, chaque année, plus de 2 millions de personnes meurent du fait de l’inhalation de particules fines présentes dans l’air. »

Partout en Europe, des mesures innovantes ont été prises pour lutter contre la pollution de l’air. Des péages (comme à Londres) aux zones d’accès restreint (en Allemagne) qui classent les véhicules en fonction de leur motorisation et de leur équipement (filtre à air etc.), mesure est prise de l’urgence sanitaire.

Partout ? Qu’en est-il de la France ? Si les seuils d’alerte ont enfin été abaissés, à la suite d’un arrêté inter-préfectoral du 27 octobre 2011, c’est que ceux en vigueur n’indiquaient pas l’état réel de dégradation générale de la qualité de l’air dans notre pays, contrairement au reste de l’Europe. La mesure de la qualité de l’air comprend les particules fines qu’émettent fortement les moteurs diésels, même les plus récents. Or l’OMS classe ces particules fines comme « probablement cancérigènes » et une étude (Aphekom) les considèrent comme responsables de plus de 40 000 morts par an en France.

Aves sa fiscalité favorisant le gazole, avec le tout camion pour le fret, la France se retrouve aujourd’hui avec le parc automobile le plus diésélisé du monde. La continuité de cette politique des gouvernements successifs nous conduit à respirer dans un air de plus en plus toxique qui vaudra probablement à la France d’être condamnée par la Cour de Justice Européenne pour non respect des directives en matière de qualité de l’air.

Il est inacceptable que les autorités se contentent de dire aux victimes potentielles (enfants, personnes âgées, malades respiratoires) de rester cloitrés et de ne pas respirer, tout en ne demandant aux sources de pollution que de réduire leur vitesse ! D’autres solutions existent : un tarif incitatif pour les transports en communs les jours de pics, la circulation alternée etc.

Comme ses partenaires européens, l’Etat doit enfin assumer ses responsabilités et impulser une vraie politique pour privilégier le rail et la voie d’eau pour le fret de marchandises, les modes collectifs de transport et les modes doux pour les particuliers, et en milieu urbain le moteur électrique au moteur thermique, le petit véhicule au gros, l’essence et le GPL au diesel.