Retour sur le Congrès mondial de la nature :
- Un partage de solutions aux crises que nous vivons, basées sur la nature
- un refus des collectivités territoriales en tant que membres
Le 5ème congrès mondial de la nature de l’UICN s’est tenu sur l’Ile de Jeju, en Corée du Sud du 6 au 15 septembre 2012. Il a réunit plus de 10 000 participants, les appelant à de nouveaux engagements pour la biodiversité et affirmant que des solutions basées sur la nature permettront de répondre aux défis de demain (développement économique et social, changement climatique, sécurité et qualité alimentaire).
Aux côtés de collègues d’Ile de France et d’Aquitaine, j’ai eu la chance de participer au nom de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et de la Commission Biodiversité de l’ARF (Association des Régions de France) au Congres Mondial.
* de riches échanges basés sur la nature
Le congrès mondial de l’UICN a rappellé l’importance des services écologiques dans l’économie mondiale et le coût de la dégradation de la biodiversité pour nos sociétés. Un développement social et économique ne doit plus se faire au détriment de la nature mais en mettant, au contraire, la nature au cœur de tous nos choix de développement.
En parallèle de la conférence environnementale des 14 et 15 septembre à Paris, le Congrès mondial de la nature avançait des propositions : dans le domaine des financements, la suppression des subventions dommageables à la biodiversité, la taxation des transactions financières et le recours à des financements innovants devraient permettre de limiter les pressions sur la biodiversité et de dégager les investissements nécessaires dont la nature et l’homme ont besoin. L’élaboration d’une stratégie pour le financement de la conservation de la biodiversité en France doit en effet être lancée.
La transition énergétique passe par une évolution déterminée des énergies fossiles vers les énergies renouvelables, tout en veillant à éviter et minimiser leurs impacts sur la biodiversité. Il faut sortir de notre dépendance au pétrole et, dans l’immédiat, suspendre ou encadrer beaucoup plus strictement les projets d’exploitation pétrolière offshore (Méditerranée, plateau des Guyanes) et des hydrocarbures non conventionnels (gaz de schistes notamment). Le rôle des écosystèmes dans la lutte contre le changement climatique doit être davantage reconnu et constituer un axe d’action fort avec les économies d’énergie et le développement des énergies renouvelables.
La restauration et le maintien des écosystèmes et les services écologiques qu’ils fournissent, sont les piliers sur lesquels les actions des acteurs politiques, économiques et sociaux doivent reposer. Protéger et gérer les écosystèmes nécessitent le renforcement de la politique des aires protégées. Dans le domaine des océans, la constitution d’un grand réseau d’aires marines protégées efficacement gérées est la principale solution au défi du maintien et de la reconstitution des stocks halieutiques, et plus largement des écosystèmes marins.
* une faible majorité des membres de l’UICN a rejeté la motion portée par la France pour l’adhésion des collectivités locales à l’UICN
Dans le domaine de la gouvernance, l’implication plus forte des collectivités territoriales est nécessaire pour stopper le déclin de la biodiversité. L’un des enjeux majeurs du congrès, et qui justifiait la présence de 3 régions Françaises (PACA, Aquitaine et Ile-de-France) était de défendre l’adhésion des collectivités locales à l’UICN, aux côtés des Etats et des ONG. Malheureusement, les membres ont rejeté à une faible majorité -10 voix près- la motion portée par l’UICN France, l’ARF et plusieurs régions françaises. Malgré la dynamique lancée à Nagoya reconnaissant le rôle des collectivités territoriales en matière de biodiversité, certains membres – Etats ou ONGs – de pays non démocratiques et/ou de pays n’ayant pas mis en œuvre leur décentralisation, n’ont pas souhaité cette adhésion.
J’ai bien sûr été très déçue par ce vote serré : si je comprends bien que pour certains – dans d’autres configurations géo-politiques-, les collectivités ne sont pas encore des « partenaires » en matière de biodiversité, j’aurais aimé que l’UICN reconnaisse au niveau mondial leur rôle en la matière dans de nombreux pays du globe et les accepte à sa table pour inventer ensemble un futur soutenable.
L’Union internationale pour la conservation de la nature (sigle UICN, ou IUCN en anglais) est la principale ONG mondiale consacrée à la cause de la conservation de la Nature.
La mission de l’UICN est d’influencer, d’encourager et d’assister les sociétés dans le monde entier, dans la conservation de l’intégrité et de la diversité de la nature, ainsi que de s’assurer que l’utilisation de ces ressources naturelles est faite de façon équitable et durable.
Elle réunit 83 États, 114 agences gouvernementales, plus de 1 000 ONG et plus de 11 000 experts et de scientifiques de plus de 160 pays. Elle emploie plus d’un millier de personnes travaillant à travers le monde à près de 500 projets.
L’UICN est également l’organisme consultatif référent auprès du Comité du patrimoine mondial pour l’étude de l’inscription des sites naturels à la liste du patrimoine mondial, ainsi que l’évaluation de l’état de conservation de ces sites.
Depuis 1992, le Comité français de l’UICN (ou UICN France) regroupe les organismes et les experts de l’UICN en France.