Une loi bientôt votée pour imposer les produits bio et locaux en restauration collective ?
En cinq articles, la proposition " favorisant l'ancrage territorial de l'alimentation " veut contraindre la restauration collective publique (cantines, hôpitaux, maisons de retraite, etc) à proposer aux consommateurs 40% de produits alimentaires issus d'une production durable et de proximité, dont 20% de produits bio et locaux .
" Ce sont les objectifs du Grenelle de l'environnement qui prévoyait 20% de produits bio en 2012 dans les cantines. Nous en sommes loin ", explique son auteur Brigitte Allain, députée écologiste (EELV) de Dordogne.
Les objectifs du Grenelle, exprimés dans une simple circulaire, n'ont pas été tenus. Aujourd'hui, 70% des établissements de restauration publique proposent des produits bio contre 44% dans le privé. Mais les achats bio ne représentent que 2,7% du total. " Pourtant, cela ne coûte pas plus cher comme le montre l'expérience de Mouans-Sartroux. La commune a fait baisser son coût matière de 2,02 € par repas en 2012 à 1,86 € en 2013 en se fournissant en produits bio locaux et en faisant la chasse au gaspillage ", poursuit la députée. Ce n'est qu'un exemple, confirmé par un rapport publié en juillet dernier dont Brigitte Allain est l'auteur. Intitulé " Et si on mangeait local ", il démontre que manger bio et local ne coûte pas plus cher.
Une pétition a recueilli plus de 90 000 signatures
La proposition de loi n'oublie pas les régions, en charge des orientations agricoles. Elles seront tenues de bâtir des plans régionaux de l'agriculture et de l'alimentation " durables ", à décliner dans les collectivités locales. Elles devront créer des plateformes de regroupement local de l'offre alimentaire. Dans leurs cahiers de charge, les collectivités prendront en compte les critères de durabilité définis par la FAO. L'observatoire de l'alimentation devra suivre le développement des circuits courts et de proximité, ainsi que l'application de la loi.
" L'ancrage territorial de l'alimentation est prévu dans la Loi d'avenir agricole de 2014. Cette proposition va permettre de créer les décrets d'application qui sont toujours en attente ", espère la Brigitte Allain.
L'association Agir pour l'environnement, aux côtés de Brigitte Allain, a lancé le week-end dernier avec le soutien de douze ONG une pétition " manger bio et local dans les cantines, c'est possible " et a déjà recueilli plus 90 000 signatures. Ce résultat confirme un sondage IFOP selon lequel 76% des français sont favorables à introduire des aliments bio et locaux dans les cantines .
" Nous avons bon espoir que les députés entendent les citoyens et que la proposition soit votée demain. Jusque là, elle a rencontré peu d'oppositions si ce n'est de forme. Les circuits courts sont perçus comme une solution à la crise par de nombreux agriculteurs ", a conclu Brigitte Allain.
La Fédération nationale de l'agriculture biologique (FNAB) a réagi en saluant la proposition mais appelle à ne pas confondre " qualité " et " proximité " et " à faire preuve de transparence vis à vis des consommateurs ".
Anne-Françoise Roger
Le 14 janvier, profitant d'une journée de " niche " parlementaire au cours de laquelle un groupe politique peut choisir l'ordre du jour, le Groupe écologiste de l'Assemblée nationale va présenter un ensemble de cinq propositions de loi : loi dite détox pour le remplacement des produits chimiques préoccupants, loi visant au déclenchement automatique des mesures d'urgence en cas de pic de pollution de l'air, loi visant la suppression de la publicité commerciale dans les programmes TV pour la jeunesse, loi pour l'enseignement des langues régionales. Et enfin, la proposition " favorisant l'ancrage territorial de l'alimentation " présentée par Brigitte Allain, elle-même agricultrice, très engagée dans les questions concernant l'agriculture et l'alimentation, également militante à la Confédération paysanne depuis de nombreuses années.