Manger mieux, vivre mieux – Accès pour tous à une alimentation de qualité et lutte contre le gaspillage alimentaire
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Brigitte Allain, rapporteure de la mission d’information sur les circuits courts et la relocalisation de notre alimentation
Malgré la tradition gastronomique dont se targue notre pays, l’accès pour le plus grand nombre à des produits alimentaires de qualité reste très relatif.
L'éloignement entre consommateurs et producteurs a banalisé l'alimentation et les changements de pratiques alimentaires, la restauration rapide ou la recherche de prix bas ont eu des impacts sur la santé, l’environnement et notre qualité de vie.
Les circuits courts et de proximité constituent un outil essentiel pour repenser une politique publique de l’alimentation, afin de rendre accessible financièrement et physiquement ces produits de qualité garantie.
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Bien manger chez soi
Il faut lutter contre les a priori, manger chez soi et cuisiner des produits locaux et frais ne coûte pas forcément plus cher.
Une étude menée par l’association des Paniers Marseillais, un réseau de distribution de paniers de légumes et de fruits bio vendus en circuits courts, montre que le circuit court est gagnant en prix par rapport à son principal concurrent : la grande distribution. Il est en moyenne 30% moins cher qu’en hypermarché pour des fruits et légumes conventionnels. Il permet ainsi de réaliser une économie annuelle moyenne par foyer de 217€ par rapport à des produits achetés en hypermarché.
S’est également mis en place un projet, celui des Familles à Alimentation Positive (lui-même inspiré des Familles à Énergie Positive). L'objectif de ce défi est de démontrer qu'on peut adopter une alimentation savoureuse, bio et locale, sans augmenter son budget alimentaire. La 1ère édition du défi Familles à Alimentation Positive s'est déroulée sur Lyon en 2012-2013 grâce au soutien de la Région Rhône-Alpes et de la Ville de Lyon. L'opération a depuis été déployée sur d’autres territoires de Rhône Alpes et du Grand Lyon et son succès a permis de démontrer que bien manger ne coûte pas forcément plus cher.
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Une alimentation de qualité pour tous, notamment dans les restaurations collectives
L’objectif de 40% de produits de proximité dans les assiettes des cantines, complémentaire à celui du Grenelle de l'environnement de 20% de bio, est un challenge de taille que se fixe le gouvernement.
L’accès à une alimentation de qualité doit être une réalité à la maison comme dans les restaurants collectifs qui traitent de gros volumes et qui s’adressent parfois à des publics fragiles (personnes âgées, jeunes). Avec près de 3 milliards de repas servis en France dans les restaurants collectifs annuellement, le restaurant scolaire, d’entreprise ou d’établissement public est un lieu idéal de démocratisation de la nourriture de qualité et des pratiques responsables.
Cet objectif audacieux doit s’intégrer à une politique plus large de lutte contre les déséquilibres alimentaires et passera nécessairement par une nouvelle approche de l’éducation à l’alimentation. Le rôle des restaurants scolaires est pour cela central et demandera un engagement de tous les acteurs : les élèves, l’ensemble du corps enseignant, les cuisiniers et les gestionnaires.
Des projets alimentaires territoriaux permettraient d’élaborer des stratégies à même de recréer le lien entre production et consommation, en engageant les collectivités territoriales.
Les habitudes de fonctionnement des restaurants collectifs doivent être bousculées, notamment en termes de prix. Les produits locaux et de qualité peuvent être plus chers que les produits industriels proposés par les fournisseurs classiques. Mais ces surcoûts peuvent être maîtrises de plusieurs façons :
- En recréant du lien avec les producteurs. En Ile-de-France, le groupement des agriculteurs biologiques (Gab) s’adresse directement aux restaurants des collectivités territoriales. Il a pour cela créé en septembre dernier la Coop bio Ile-de-France qui se charge de mettre en marché des volumes de produits biologiques plus importants, adaptés à la demande et à des prix plus accessibles. D’ici 2016, un atelier de transformation de produits maraîchers et laitiers devrait voir le jour pour approvisionner un marché en pleine croissance.
- En finançant le surcoût des denrées à travers des subventions. Dans le département de la Dordogne, le Conseil départemental subventionne jusqu’à 1€ par repas le surcout induit par l’introduction de produits locaux et bio dans les menus.
- En repensant le fonctionnement des restaurants avec moins de déchets alimentaires, une optimisation des produits achetés, un travail sur les portions qui sont souvent trop uniformes, en formant les cuisiniers à la transformation de produits…
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Vers des systèmes alimentaires plus économes
Les chiffres ont de quoi inquiéter : alors que la malnutrition et la faim touchent près d’un milliard de personnes dans le monde, entre 30 et 50% des denrées alimentaires produites sont jetées sans être consommées. Le gaspillage alimentaire, rapporté à l’échelle d’un pays, est le 3ème émetteur de gaz à effet de serre après la Chine et les Etats-Unis, et les terres arables inutilement cultivées représentent 1,4 milliard d’hectares, soit une surface comprise entre celle de la Russie et celle du Canada !
Un groupe de travail a été créé à l’Assemblée pour proposer des mesures concrètes de lutte contre le gaspillage alimentaire, mesures inscrites à ce jour dans la loi de transition énergétique : favoriser l’éducation à une alimentation durable, créer des instances locales, nationales et européenne de lutte contre le gaspillage, obliger le don alimentaire d’ici 2016, notamment en grandes surfaces, organiser des appels à projets innovants… Autant d’idées pour mettre en place une politique efficace de lutte contre le gaspillage alimentaire.
Des initiatives existent, les projets innovants se développent. En Ile-de-France par exemple, la région a mis en place un appel à projet auquel ont répondu une trentaine de lycées volontaires pour mener une réflexion sur leur alimentation et notamment sur les déchets : Approvisionnement en produits locaux, travail sur les portions, sur la consommation de pain, sur l’optimisation des produits et même sur la réutilisation des déchets alimentaires (avec la création d’unités de compostage).
Les travaux menés pour redéfinir nos modèles alimentaires doivent être pensés globalement afin de répondre à la vraie problématique : offrir au plus grand nombre un accès à des produits de qualité, à un prix raisonnable, tout en ayant un impact minime sur l’environnement, gaspillage alimentaire en premier lieu.
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