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École et Ruralités

Le 10 juin, Brigitte Allain, députée de Dordogne, Coprésidente du groupe d'études politiques de la ruralité et Barbara Pompili, députée de la Somme et Coprésidente du groupe écologiste à l'Assemblée nationale, étaient reçues par des membres du cabinet de la Ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche : Bernard Lejeune, directeur adjoint de cabinet, Jérôme Teillard, conseiller au cabinet et Patrice Bédier, conseiller parlementaire

 

 

Cet entretien avait pour objectif d’alerter le ministère sur le tissu scolaire en milieu rural et de faire le point sur la réforme des rythmes scolaires. Le focus était mis sur l’importance du maintien, le plus possible, des écoles dans ces territoires et sur les difficultés de mise en œuvre des temps d’activités périscolaires pour les enfants de maternelle.

Brigitte Allain a évoqué l'incompréhension des élus et des parents d'élèves concernant les fermetures de classes, qui accentuent chaque année le sentiment d'abandon du milieu rural.

En effet, l'école est un des derniers services public attractif dans les petites communes qui ont depuis de nombreuses années déjà répondu aux demandes de regroupement qui leur ont été faites.

Après avoir mis en place des Regroupements Pédagogiques Intercommunaux, elles font des efforts considérables d'investissements et d'équipements pour leurs écoles :

-       classes rénovées et bien équipées

-       restaurants scolaires aux normes, fonctionnels et modernisés

-       environnement scolaire sécurisé,

-       structures complémentaires (garderies périscolaire...)

-       Mise en place de la nouvelle organisation temps scolaire avec des Temps d’Activités Périscolaires  de qualité  que de nombreuses écoles en milieu urbain ou périurbain pourraient leur envier.

Le ministère a évoqué un dispositif de contractualisation pour la réorganisation des écoles qui, en échange d'une " réorganisation", garantirait le maintien d'un nombre de postes d'enseignants. Brigitte Allain a alors restitué le malaise crée par cette annonce qui de fait est perçue comme étant un encouragement à une restructuration physique des classes vers un seul groupe scolaire qui rassemble toutes les classes, anéantissant ainsi tout espoir de maintenir ces écoles communales bien mieux équipées et entretenues.

Outre le fait que les dotations de l’Etat diminuent et qu'elle s'interroge sur ce gâchis d'investissements et d’équipements nouveaux nécessités par de tels regroupements, Brigitte Allain a évoqué la perte de lien de solidarités intercommunales crées par les anciens RPI qui, de ce fait, se trouvent en concurrence.

Une mise en place plus centralisée de groupes scolaires conduirait à l'augmentation des temps et des distances à parcourir pour les enfants les plus éloignés des écoles. Ce serait du stress supplémentaire pour les familles démunies devant un service public qui est essentiel à leur organisation quotidienne :

Elle réagit : « Puisqu'on admet l'idée que des enfants puissent aller grossir les rangs des écoles de plus grandes villes, quelquefois surchargées, pourquoi ne pas imaginer une organisation de cartes scolaires qui, au contraire, allégerait ces centres urbains ou péri-urbains et permettrait aux jeunes la découverte des espaces ruraux qui offrent eux aussi de nombreuses richesses et un très bon cadre de vie pédagogique »

Il est important de prendre en compte que beaucoup de jeunes familles ont fait le choix de s'installer en milieu rural pour l'attrait de ces écoles de proximité. Ces établissements sont accueillants, bien intégrés dans leur environnement social, culturel et naturel et valorisent les solidarités entre les enfants, entre les enseignants.

Certaines de ces familles, aux revenus modestes, ont aussi pu accéder à la propriété de leur habitation du fait d'un accès au foncier facilité. Cette jeunesse néorurale doit être prise en compte. Elle est la force vive qui anime et assume très souvent l'organisation citoyenne et sociale, associative de ces territoires.

Les nouveaux élus locaux, communaux, intercommunaux et départementaux motivés et engagés dans une réflexion et des projets de développement de territoire pour la création d'activités nouvelles autour du logement, de l'alimentation, des énergies renouvelables, de l'organisation des services publics et au public considèrent qu’on ne leur laisse pas assez de temps pour mettre en œuvre ces dynamiques. Pas assez de temps pour en constater les effets positifs sur le territoire, notamment en termes de démographie et de nombre d’inscrits dans les écoles.

Fermer une classe, une école, c’est donc lourd de conséquences sur la dynamique de revitalisation engagée et sur l’attractivité des territoires ruraux. C’est donc une décision qui doit être mûrement réfléchie, au-delà du critère du nombre d’inscrits, qui s’il doit être bien entendu pris en compte, doit s’articuler avec d’autres critères plus dynamiques dans une vision globale des territoires et du service public de l’éducation.

Dans une période où le gouvernement annonce une multiplication des contrats aidés pour les jeunes, trop souvent à durée déterminée, comment peut-il, dans le même temps, ne pas faire l'effort de maintien des infrastructures et services publics qui font la cohésion sociale dont nous avons besoin?

Ce sont donc toutes ces raisons qui confortent Brigitte Allain, députée de la Dordogne, pour réaffirmer sa volonté de privilégier le maintien du maximum d’écoles et de classes dans les communes rurales qui peuvent, avec un nombre d’enfants plancher plus souple, dispenser un travail pédagogique de grande qualité.