Accueil à l'Assemblée Alimentation et Changement climatique : Une conférence à l’Assemblée

Alimentation et Changement climatique : Une conférence à l’Assemblée

J'ai accueilli, avec Jean-Paul Chanteguet, Président de la commission développement durable de l'Assemblée nationale une conférence-débat sur le thème "Alimentation et Changements Climatiques" dans l'enceinte de l'Assemblée Nationale mardi 14 avril, organisée par l'association, CIWF France (Compassion in world farming. 

 

L’agriculture et l’élevage sont des secteurs toujours plus décisifs pour le développement durable de la planète. Les activités humaines ont un impact fort sur le changement climatique. L’élevage en est un contributeur majeur, représentant 14,5% des émissions de gaz à effet de serre. L’élevage industriel nécessite beaucoup d’énergie pour élever les animaux, mais également pour cultiver les grandes quantités d’aliments nécessaires pour les nourrir. Comment répondre aux défis actuels et futurs de l’alimentation mondiale en préservant les ressources naturelles et limitant les émissions de gaz à effet de serre ?

Pour répondre à cette question, des intervenants de qualités ont présenté les impacts de l'élevage industriel sur les changements climatiques et les solutions pour répondre au défi de la sécurité alimentaire en limitant les impacts sur le climat :

  • Brigitte Allain, Députée de la Dordogne, co-présidente du groupe d'études Politiques de la ruralité
  • Olivier De Schutter, Co-président d'IPES-Food, ex. rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation
  • Jean-François Soussana, Directeur Scientifique Environnement à l'Institut national de la recherche agronomique (Inra)
  • Philippe Baret, Ingénieur agronome, Professeur à l'Université de Louvain, Belgique
  • Philip Lymbery, Directeur de CIWF International, auteur avec la journaliste Isabel Oakeshott du livre Farmageddon, the true cost of cheap meat

Avant la prochaine Conférence CoP21 sur le climat à Paris en décembre, où un nouvel accord international sur les changements climatiques doit être adopté, cette conférence a sensibilisé près de 150 participants sur les impacts de l’élevage industriel sur les changements climatiques, notre modèle alimentaire et nos modes de production en examinant les vrais problèmes et les fausses solutions qui sont mises en avant pour nourrir le monde.

 

Lire mon intervention :

Les solutions à l’échelle nationale et locale pour faire évoluer les modèles alimentaires et encourager une agriculture et une alimentation durable
"Au-delà du changement des pratiques agricole nécessaire et déjà évoqué,
Je concentrerai mon propos sur le volet du changement des pratiques alimentaires :
Il s’agit du changement du comportement du consommateur certes, mais aussi celui des responsables politiques et acteurs des filières. Leur regard sur la politique alimentaire et non plus agricole est fondamental.
Entre la production- transformation, le transport et la consommation, l’alimentation contribue à 30% des EGES.
Quand nous parlons de lutte contre le dérèglement climatique, la question de l’alimentation est centrale, tant elle est constitutive pour les humains et décisive dans sa contribution.
Des marges de progrès existent et doivent être accompagnées.
La COP 21 ou l’expo Universelle de Milan pourront être des moments privilégiés pour en parler. La LAAF adoptée l’année dernière a fixé un cap de passage de 50 % des agriculteurs français à l’agro-écologique d’ici 2025.
Au-delà d’objectif tendanciel qui ne sera opérationnel que par des actes forts politiques, je veux faire confiance aux acteurs locaux pour engager le mouvement de la transition écologique, profitable d’un point de vue économique et social et aussi sanitaire.

1. Des choix nouveaux à poser :
- Changement de régime alimentaire :
o Réduire la consommation de viande (moins et de meilleure qualité)
Conséquences de la consommation de produits animaux :
Émissions de gaz à effet de serre (les rots des vaches),
Déforestation (on importe du soja brésilien pour complémenter en protéine nos productions animales de type industriel, hors sol à base de de céréales.

Pollution de l’eau (à cause de l’excès et de la concentration de déjections animales et des intrants chimiques)…
Jocelyne Porcher, directrice de recherches à l’INRA Montpellier, distingue le « véritable » élevage, qui maintient une relation entre l’homme et l’animal, de ce qu’elle appelle « les productions animales », qui considèrent les animaux comme un minerai : « Pour moi ce n’est pas l’élevage qui détruit la planète, ce sont les productions animales,

- Choix du produit : Privilégier le circuit court et les produits de saison .
En effet, 50% des flux de transport au niveau national, concernent les marchandises alimentaires.
L’ADEME confirme que les Circuits courts sont moins émetteurs de GES que les circuits longs, mais mets en garde contre les derniers km faits par les consommateurs qui peuvent saler la facture. Elle préconise le regroupement de l’offre via des magasins de producteurs, coopératives, plateformes par des investissements en logistique et ingénierie territoriale autour des bassins de vie.
De plus, l’agriculture locale permet de lutter contre les ilots de chaleurs en ville, avec la promotion de l’agriculture urbaine, péri urbaine et un lien important entre métropoles, villes centre et bassin rural nourricier.
o favoriser les protéines végétales (pour les humains / rééquilibrage de la balance protéine animale / végétales, et pour la nourriture des animaux, éviter la déforestation)
o et les produits bruts (contrairement aux produits préparés)

- Lutter efficacement contre tous les gaspillages :
Une politique alimentaire entraine une planification pour cesser le gaspillage alimentaire (30% de ce qui est produit est jeté). En effet, Produire, transformer et transporter toute forme d'aliment coute en énergies fossiles et naturelles. Produire pour jeter est donc doublement néfaste pour la planète, consommateur d’énergie et producteur de GES ;
Enfin, 80% des emballages des ménages servent au conditionnement de l’alimentation ; leur fabrication, leur transport mais aussi leur destruction amplifie les phénomènes de pollution de l'air.

2. Qu’il faut accompagner dans la transition :
• Question d’éducation et de sensibilisation :
• Association de réinsertion travaillent sur l’alimentation, sa production,
• Rapport G.Garot et projet de PPL autres groupes politiques.
• Soutien politiques aux initiatives des acteurs.
• Ex sur la relocalisation : Mouans-Sartoux 100% bio, agri locale, changement de 70% des habitudes alimentaires des familles, réduction du gaspillage alimentaire par deux, etc.

Encourager les projets de territoires. A l’image de ce qu’il se fait pour les territoires à énergie positive ou encore les territoires zéro déchets, la LAAF a adopté les Projets alimentaires territoriaux à l’initiative des écologistes.

Les PAT – projets alimentaires territoriaux :
Un PAT débute toujours par un diagnostic de territoire pour évaluer sa capacité à produire pour sa propre consommation. Il peut aboutir à l’installation de maraichage local et l’approvisionnement des restaurants collectifs.
La publication du guide resto Co à destination des communes par le Ministère de l’agriculture est un premier pas, pour jongler avec les règles des marchés publics sur la proximité.
1 repas du 7 est pris hors foyer, et cela augmentera encore. Facteur d’égalité sociale et générateur de sens. Il faudra mettre des critères de DD dans les appels d’offre.

Enjeux : rompre la logique de filière pour aller vers une territorialisation de l’agriculture
Présenter la mission d’information et le rapport sur la relocalisation. Freins observés (freins psychologiques, et manque de logistique, destruction du tissu local, mises aux normes difficiles) et leviers à actionner (Marchés publics, RSE, règles sanitaires adaptées, enveloppes d’accompagnement)
Le temps du produit unique, standard, mondialisé, non périssable, présentant parfaitement, transportable à l’autre bout du monde, mais insipide et artificiel, est révolu.
Parce qu’il n’est plus synonyme de gain économique, de qualité, une demande de reconnaissance d’utilité publique de manger bio et local à la cantine commence à être entendue.

Conclusion :

Les émissions totales de GES par an en France s’élèvent en moyenne à 496 millions de tonnes. Un travail sur les pratiques agricoles intégrant une vraie relocalisation de la production et distribution alimentaire permettrait de diminuer ces émissions jusqu’à 12% d’après le ministère de l’Agriculture.

Le rapport souligne 4 points sur lesquels travailler en priorité :

-La recherche et L’évolution des pratiques et la promotion de l’agro-écologie dont les circuits courts sont une composante centrale. Il est urgent de ne plus importer du pétrole pour gonfler nos denrées alimentaires d'intrants chimiques azotés et pesticides, et d'aller vers une agriculture plus saine et biologique.

-La préservation des terres agricoles. Pour changer de pratiques agricoles, nous devons arrêter de manger du foncier et de gaspiller nos ressources naturelles. En bétonnant nos meilleures terres pour les urbaniser nous accroissons les phénomènes pollueurs climatiques.

-Une gestion dynamique des ressources forestières. L'agro foresterie reste encore trop méconnue et comme l'agronomie ou les pratiques biologiques non enseignées.

-La lutte contre le gaspillage alimentaire, qui passera entre autres par la mise en circuits courts et une économie plus endogène.

Les circuits courts ont donc un véritable potentiel en termes de lutte contre le changement climatique, en permettant une atténuation de ses effets, mais aussi en permettant une adaptation au changement, avec la culture de variétés et l’élevage de races locales ou rustiques, plus résistantes ou mieux adaptées.
Appel à de vrais moyens pour qu' au delà des conférences il y ait du concret.
Arrêtons de manger du pétrole.
Arrêtons de manger des terres.
Arrêtons de consommer n'importe comment et donc de soutenir des enterprises agricoles
Et agro-industrielles sans condition.

Créons des emplois productifs, intelligents au service de la protection des biens communs, de la santé humaine, d'une qualité de vie meilleure pour tous."