Cap sur les systèmes alimentaires du 24 avril
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Le succès des circuits courts et de proximité pourrait trouver une traduction concrète à travers le réseau Biocoop dont le président Claude Gruffat souligne la dynamique. Avec plus de 360 points de vente, le réseau est fleurissant et ouvre « chaque semaine de nouveaux magasins ». La demande en produits locaux est au rendez-vous avec 15% du chiffre d’affaire en moyenne sur des produits de proximité.
Pourtant, se pose un problème de taille, celui de l’approvisionnement, avec une production en bio local qui risque d’arriver à saturation, du fait notamment des installations difficiles en agriculture avec un coût foncier de plus en plus élevé.
Pour répondre à ce problème, le réseau RENATA a mis en place un accompagnement des personnes souhaitant se lancer dans une activité agricole. L’association auditionnée cette semaine met à disposition des « zones test », des terres, pour que les nouveaux installés puissent éprouver la réalité du métier d’agriculteur et la viabilité de leur projet. Ce programme très innovant s’inspire des Farm starts américaines, mais déployé à un niveau inédit puisque plus de 200 personnes sont actuellement en phase de test. Le lien avec la pression foncière est évident puisque ces structures ne vont pouvoir fonctionner sans une mise à disposition de foncier suffisante. Pour cela, l’appui des collectivités va être central. La problématique de l’installation, intimement liée à celle du foncier, se retrouve fréquemment dans les discours des acteurs.
Cette problématique est particulièrement vraie en départements d'outre-mer, avec des territoires insulaires ou très densément boisés (Guyane), où la surface de terres agricoles est limitée. Le réseau RENATA a mis en place une première expérimentation ultramarine à Mayotte, mais les difficultés sont plus fortes encore. Isabelle Chmitelin, directrice de l’Office de développement de l’économie d’outre-mer (ODEADOM) a insisté sur ces particularités ultramarines qui rendent le redéploiement et la diversification de l’agriculture en outre-mer très complexes. Les zones agricoles disponibles connaissent une vraie pénurie et les territoires doivent faire face à des singularités du fait même de leur géographie. Les récoltes sont soumises à de forts aléas climatiques (intempéries), parasitaires, mais aussi à une concurrence directe des productions de pays tiers alentours.
L’Association nationale des industries agroalimentaires (ANIA) a tenu à dénoncer la quasi-absence des industries agroalimentaires dans le débat autour des circuits courts et de proximité. Réunissant entreprises privées et coopératives, elles sont organisées pour répondre à des demandes importantes en produits locaux, notamment pour la restauration collective. Seul 20% de leur production est dirigee vers l'export tant ces marchés sont compliqués à atteindre. Par contre, ils attirent notre attention sur les effets pervers de certaines logiques de gestion : la mise en place de produits bio et locaux peut faire baisser les prix et la qualité des productions. Il faut donc compenser la différence. En Dordogne des représentants des services techniques de l'agriculture et de l'éducation ont témoigné, lors de notre rencontre du 31 mars, de la politique du Conseil général qui alloue une somme par repas en bio dans les restaurants collectifs pour compenser le différentiel de prix.
Jean-Claude Guillaud, responsable développement durable chez Limagrain, a présenté le travail de relocalisation de la production et de la valeur ajoutée mis en place sur le territoire auvergnat où est basée l’entreprise. Le secteur de l’industrie agroalimentaire de l'amont y a été un acteur du développement rural à travers la relocalisation des semences céréalières. Il propose d'engager un dialogue entre les producteurs et l’industrie agroalimentaire, afin de construire un projet de relocalisation des systèmes alimentaires à une échelle nationale.