Une nouvelle réserve naturelle en Bretagne

« Nous nous félicitons du classement de la presqu’île de Crozon en réserve naturelle (ERB-RNR).  Néanmoins la décision de l’Etat de ne pas inclure le périmètre maritime du Parc Marin d’Iroise à cette nouvelle réserve est incohérente au plan écologique. »

Retrouvez ci-dessous l’intégralité de l’intervention d’Anne-Marie Boudou, pour EELV, à propos de la création d’une réserve naturelle en presqu’île de Crozon.

Après les deux nouvelles réserves naturelles régionales approuvées lors de notre dernière session, la Bretagne comptait sept Espaces Remarquables (ERB) et Réserves Naturelles (RNR) s’étendant sur environ 900 hectares terrestres. J’ai pu, il y a deux jours, assister à l’inauguration de celle des Landes de Monteneuf. J’ai pu constater l’implication déterminée depuis plusieurs années des acteurs, ainsi que leur fierté et leur enthousiasme, qui sont des gages de réussite incontournable.

Aujourd’hui, après de longues années de débat et de concertation, nous en sommes à la 8ème, celle des sites d’intérêt géologique de la presqu’île de Crozon. C’est un haut lieu de la géologie armoricaine avec un patrimoine géologique présentant un intérêt international. L’ensemble des 8 propriétaires publics et des 60 privés, les 7 communes concernées, de la Communauté de communes de la Presqu’île de Crozon, du Conseil général du Finistère ont donné des avis favorables. Mais le Conseil scientifique régional du patrimoine naturel (CSRPN) a émis un avis favorable sous réserve du respect de la cohérence des unités géologiques et de leur périmètres permettant leur préservation.

Nous voulons saluer la contribution importante et persévérante du milieu associatif qu’il soit scientifique ou naturaliste, depuis 15 ans, pour que cette réserve soit enfin classée ERB-RNR.

La Société géologique et minéralogique de Bretagne (SGMB) a joué un rôle majeur dans l’initiation et le portage de ce projet du fait de ses compétences en matière d’inventaires, de veille écologique, de porté à connaissance en direction de l’Etat et des élus.

Mais l’historique de ce classement a été compliqué par la particularité des lieux et des compétences mises en jeu. En effet, les sites géologiques concernés étant littoraux ils sont pour partie sur le domaine terrestre, la paroi rocheuse, et pour partie sur le domaine public maritime (DPM), la base de la falaise et l’estran en prolongement.

D’un point de vue scientifique, il semble évident de considérer chaque site dans son ensemble et sa continuité, mais aussi juridiquement pour une protection effective et en terme de gestion efficace. Mais le voisinage du Parc naturel marin d’Iroise (PNMI) a introduit dans ce dossier une complexité : la RNR ne pourrait pas s’étendre sur le domaine maritime (DPM) du PNMI. Or, le code de l’environnement n’oblige pas ce partage du territoire, mais ce choix a été exigé par le Préfet maritime. Nous le regrettons, car son assise scientifique s’en trouve affaiblit, ainsi que sa protection juridique. Ce sont donc les parties marines de 16 des 27 sites qui sont exclus du périmètre de la réserve puisque situés en limite du PNMI.

Face à cette situation et aussi du fait de la multiplicité des acteurs, nous nous interrogeons sur les modalités de gestion de cette nouvelle réserve naturelle régionale.

La Communauté de communes de la presqu’île de Crozon sera chargée de la gestion avec l’appui d’un comité consultatif.

La presqu’île fait partie intégrante du Parc naturel régional d’Armorique (PNRA).

La Maison des Minéraux, en lien avec le PNRA devrait être chargé de la valorisation pédagogique. Plusieurs zones intégrées dans la réserve sont des propriétés publiques, comme par exemple le Conservatoire du littoral, qui disposent déjà de plans de gestion sur des espaces protégés.

La surveillance, l’entretien et la police de l’environnement seront assurées par les personnels de différents services de l’Etat (Police, Gendarmerie, ONCFS, ONF, ONEMA).

Il va donc falloir que le pilote veille à l’unité et à la cohérence tant sur la gestion que sur le plan strictement scientifique.

La région crée la notion « d’espaces maritimes de coopération » qui n’a aucune valeur juridique. Ces zones de coopération entre réserve naturelle régionale et Parc National Marin d’Iroise sur une partie du DPM concerné dans cette réserve permettront-elles une gestion fluide de la complexité induite par les choix effectués ? L’avenir nous le dira et nous y serons attentifs.

L’élaboration du plan de gestion prévue dans les deux premières années de l’exercice sera un document fondamental pour y parvenir.

Pour conclure, malgré ces réserves et interrogations, nous voterons pour le classement de ce nouvel ERB-RNR, qui vient compléter le réseau de réserves naturelles d’intérêt géologique majeur en Bretagne après la création de la réserve naturelle de Groix par l’Etat et de la réserve du Sillon du Talbert par la Région.

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