L’ Ecotaxe : et si on en parlait simplement …
« Dans l’attente que le débat sur l’éco-taxe puisse reprendre de manière sereine nous comprenons le moratoire proposé par le président du conseil régional mais pour nous, il n’est acceptable que si, dans le même temps, les vrais solutions soient honnêtement abordées pour sortir de la crise de l’agro-alimentaire breton. En l’absence de cette garantie nous nous abstiendrons sur ce voeu. »
Retrouvez ci-dessous l’intégralité d el’intervention e Janick Moriceau pour EELV à propos de la demande de la Région Bretagne d’un moratoire sur l’éco-taxe.
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L’écotaxe a été largement votée à l’ assemblée nationale en 2011 sur proposition du gouvernement FILLON après une longue concertation au sein du Grenelle de l’environnement où étaient présents des représentants du patronat, des syndicats, des élus et de manière très minoritaire des associations de protection de l’environnement.
Depuis longtemps déjà, la plupart des autres pays européens ont mis en place, une fiscalité environnementale permettant de faire évoluer l’économie vers une plus grande prise en compte des problèmes majeurs d’environnement : réchauffement climatique, santé, nécessité de réduire les consommations des ressources non renouvelables. Nous avancions enfin.
EELV a approuvé ce vote et mentionné, contrairement à d’autres formations politiques, que cette fiscalité environnementale ne devait pas être un impôt supplémentaire mais bien se substituer à d’autres prélèvements fiscaux. Nous souhaitons toujours aujourd’hui que l’ensemble de la fiscalité soit revue pour mieux d’impôt et non plus d’impôt.
Nous pensions aussi qu’il était urgent que notre économie anticipe, se prépare au pétrole cher, qui va, sur le long terme, être encore et toujours plus cher. Ne pas anticiper c’est prendre un risque important pour l’avenir économique de notre Région dont le modèle est particulièrement consommateur d’énergie.
L’écotaxe était dès lors un premier signal impulsant le changement.
Elle permet de ré-équilibrer une in-équité de traitement entre la route, le train et le transport maritime et donc arrêter de dissuader l’usage des ces deux modes de transports qui participent au financement de «leurs»infrastructures. Ils ont ceux dont le coût fluctuera le moins à l’avenir, ils sont les moins impactant pour l’environnement, il est absurde d’en handicaper l’usage. Nous savons en particulier que le développement du cabotage à courte distance, qui est un enjeu majeur pour la Bretagne, est obéré par le cumul des taxes portuaires alors que parallèlement l’usage de la route pour le transport de marchandise est gratuit pour l’usager, c’est à dire payé par tous les contribuables.
L’entrée en vigueur de l’écotaxe, prévue rappelons le, de longue date et après un consensus large se met en place dans un contexte de crise économique grave du secteur agro-alimentaire. Alors même qu’elle n’est pas en place, elle est déjà annoncée comme responsable du marasme. Nous sommes solidaires des salariés aujourd’hui en difficultés mais refusons que leur désarroi soit instrumentalisé. Nous ne pouvons accepter l’hypocrisie de certains qui cherchent à créer un rideau de fumée. Ils utilisent l’écotaxe pour éviter que soit posée leur responsabilité dans la crise et la nécessité du changement de modèle agricole et agro-alimentaire qui depuis des années détruit l’emploi par milliers.
Nous regrettons qu’aujourd’hui nous ne puissions discuter simplement, en prenant objectivement en compte certes l’impact de l’écotaxe sur le prix des produits bretons mais également l’impact de l’écotaxe sur les produits d’autres régions de France et d’Europe arrivant sur les marchés ciblés par les bretons. Une chose est certaine, notre proximité à la mer est d’ores et déjà pour certains un avantage tant au niveau de l’import des «matières premières agricoles» que pour la filière dite «grand export» utilisant le port de Brest en particulier.
Dans l’attente que le débat puisse reprendre de manière sereine nous comprenons le moratoire proposé par le président du conseil régional mais pour nous, il n’est acceptable que si, dans le même temps, les vrais solutions soient honnêtement abordées pour sortir de la crise de l’agro-alimentaire breton. En l’absence de cette garantie nous nous abstiendrons sur ce voeu.