Une démarche qualité pour la formation bretonne

« La démarche qualité de la formation bretonne est nécessaire pour améliorer la qualité des liens entre entreprises et apprentis. Elle devra aussi sécuriser les statuts des personnels enseignants qui pour certains se voient proposer des statuts d’auto-entrepreneur. Ce n’est pas acceptable. »

Retrouvez ci-dessous l’intégralité de l’intervention de Janick Moriceau sur la » démarche qualité de la formation » en Bretagne.  

Plus de 18 000 apprentis et 11 000 contrats signés chaque années avec des entreprises bretonnes, 120 sites de formation, un budget de 127 millions d’euros chaque année… la mission du Conseil régional concernant l’apprentissage est importante. Elle est aussi plus complexe que les autres dispositifs formation par le triptyque qu’elle met en scène. Mettre en place, aujourd’hui, un nouveau dispositif, à l’aube des vacances, est périlleux et mériterait sans nul doute des mesures transitoires que je pense vous envisagez déjà.

Le contexte économique et social est, pour beaucoup, difficile à vivre. Il est anxiogène pour les entreprises mais aussi pour les jeunes apprentis confrontés au choix, dans un cadre hautement incertain, d’un métier pour l’avenir. Leur confrontation avec le monde du travail, avec le rythme de travail est souvent brutale. Le rôle d’accompagnement des Centres de Formation des Apprentis (CFA) dans la construction d’une relation positive et équilibrée apprenti/entreprise, essentielle. Il est donc indispensable qu’ils puissent disposer de moyens suffisants, d’équipes stables capables de construire une relation de confiance avec les entreprises.

S’il va dans ce sens, le contrat d’engagement qualité des formations qui serait signé avec les CFA, est une bonne chose. Nous avons cependant dans le document soumis au vote peu d’éléments d’analyse permettant d’évaluer le saut qualitatif du nouveau dispositif.

Les CFA disposeront de plus de moyens financiers. Ils devront s’inscrire dans une démarche contractuelle formalisée dans la démarche : Accueil-Accompagnement-Insertion qui se substituera à Positionnement-Médiation-Visites en entreprise soit une démarche qui devrait être plus centrée sur l’apprenti.

Mais qu’est-ce que le dialogue de gestion global avec chaque CFA qui soutiendrait l’amélioration de la qualité? De quelle qualité s’agit-il ? Qu’est ce qu’un dialogue global de gestion ?

Nous n’ignorons pas la nécessité d’une gestion claire et transparente des moyens financiers mis à dispositions des CFA. Nous comprenons aussi la nécessité de disposer d’indicateurs de suivi des apprentis… tout en constant que le Conseil Régional n’a aujourd’hui ni les moyens d’analyser des données autre que quantitatives, ni la compétence d’évaluer la qualité pédagogique, la pertinence des enseignements… et pourtant ces points est au cœur des questions qui devraient nous interpeller.

Je comprends qu’il soit ici, maintenant difficile d’y répondre. C’est un sujet qui touche le positionnement délicat de l’enseignement professionnel initial et celui de l’apprentissage ; qui touche les avantages respectifs de 2 modes d’acquisition des savoirs qui peut être un jour pourront être réconciliés. Un sujet qui touche aussi l’éclatement des statuts – lycéens apprentis, jeunes en contrat de professionnalisation – qui ne favorise pas une gestion optimale des structures de formation.

Pour autant, la stabilité des équipes, leur formation continue, leur présence régulière au sein des entreprises à travers de stage de formateurs en entreprise me semblent des éléments pouvant concourir à une meilleure qualité de l’apprentissage. Elle n’est pas un problème spécifique des CFA mais se pose ici avec plus d’acuité.

Le monde de l’entreprise évolue rapidement, les techniques, les attentes sociétales, aussi. Introduire dans la contractualisation avec les CFA la nécessaire formation des formateurs est indispensable.

Cette approche constitue un « investissement » pour les CFA, un investissement d’avenir pour nous tous. Elle ne peut se faire sans une certaine stabilité des équipes pédagogiques . Nous nous en sommes au cours de ces dernières années bien éloignés .

La précarité des statuts vient de passer un nouveau cap… afin d’éviter de contourner à leur obligation sociale, des centres de formation ont donné à leurs enseignants, à l’issue de plusieurs contrats à durée indéterminée, un choix pour moi inacceptable : le statut d’auto entrepreneur ou le chômage.

Une telle approche est-elle, sera t-elle compatible avec la nouvelle ambition pour la démarche qualité en apprentissage ?

Nous faisons le pari qu’elle ne le sera pas , que dans la relation contractuelle de la région avec les CFA, les dimensions sociales aient toute leur place. Nous voterons pour votre proposition.

 

 

 

 

 

 

 

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