Protéger le patrimoine naturel de la Bretagne

« Je voudrais d’abord rappeler ici l’importance de la biodiversité et la nécessité de la préserver. On estime que, du fait de l’activité humaine, 15% à 40% des espèces pourraient disparaître d’ici 2050. Cette dégradation sans précédent de notre environnement mettra à mal sa capacité à nous rendre les services essentiels indispensable à notre vie quotidienne. Il est temps d’inverser la tendance. »

Retrouvez, ci-dessous, l’intégralité de l’intervention d’Anne-Marie Boudou sur les Réserves Naturelles Régionales

Je voudrais d’abord rappeler ici l’importance de la biodiversité et la nécessité de la préserver. On estime que, du fait de l’activité humaine, 15% à 40% des espèces pourraient disparaître d’ici 2050. Cette dégradation sans précédent de notre environnement mettra à mal sa capacité à nous rendre les services essentiels indispensable à notre vie quotidienne. Il est temps d’inverser la tendance.

Concernant le bordereau qui nous est présenté aujourd’hui, nous ne pouvons que l’approuver et ce à deux titres :

– d’une part, il ajoute aux six réserves existantes un nouveau site, les landes de Monteneuf dans le Morbihan, et renouvelle le classement de deux réserves, celle du Sillon du Talbert (22) et celle du marais de Sougeal en Ille-et-Vilaine ;

– d’autre part, il fait évoluer le cahier des charges des Espaces Remarquables de Bretagne (ERB) – Réserves Naturelles Régionales (RNR) en prenant en compte les nouvelles stratégies nationales comme le Schéma Régional de Cohérence Ecologique et sa Trame Verte et Bleue, ainsi que la Stratégie nationale pour la Biodiversité.

Avec une superficie de 780 hectares de réserves naturelles régionales, la préservation de la biodiversité est insuffisante, sans même parler de sa reconquête. C’était pourtant un engagement fort du président de la République François Hollande lors de l’ouverture de la conférence environnementale le 14 septembre 2012.

Une grande loi-cadre biodiversité est d’ailleurs en préparation à ce sujet. Nous espérons qu’elle prendra les mesures nécessaires pour atteindre l’objectif de stopper la perte de la biodiversité d’ici 2020, engagement pris par la France lors du Sommet sur la biodiversité de Nagoya en 2010.

La feuille de route du gouvernement pour la transition écologique a également relancé la mise en œuvre de la Stratégie de Création d’Aires Protégées terrestres métropolitaines (SCAP), dont le premier programme d’actions sera finalisé d’ici mi-2013. Elle doit permettre d’atteindre, en 2019, l’objectif de placer au moins 2% du territoire métropolitain en protection forte, afin de mieux protéger notre patrimoine naturel et géologique. Et c’est peu face à l’effondrement de la biodiversité et des services qu’elle nous rend.

En Bretagne, la mise en œuvre de la SCAP a permis aux associations bretonnes de signaler 115 sites pouvant entrer dans cette stratégie sur la base des critères scientifiques officiels. Or il n’est proposé aujourd’hui que des projets dérisoires concernant une douzaine de sites. D’autres régions ont proposé une trentaine de sites et nous pourrions en faire autant car les sites à protéger en Bretagne ne manque pas, comme la Baie d’Audierne, les tourbières des Mont d’Arrée, plusieurs sites du Golfe de Morbihan pour n’en citer que quelqu’uns.

Il est donc indispensable d’allonger rapidement la liste des aires protégées en poursuivant le programme d’extension des ERB-RNR, même si plusieurs groupes de pressions le refusent. Le Conseil régional doit porter cette volonté avec détermination.

Par ailleurs, les évolutions du cahier des charges ERB-RNR que vous proposez sont tout à fait positives, sur trois points en particulier sur :

– la réaffirmation des trois piliers fondateurs : protection d’espaces et d’espèces, valorisation du patrimoine, pédagogie et éducation à l’environnement ;

– le lien établi entre création de RNR, SRCE et TVB ;

– l’allongement de la durée du classement de 6 à 10 ans qui sécurise les gestionnaires désignés et valide la pertinence du classement et sa gestion.

Quant aux modalités de financement des RNR, elles sont ajustées pour mieux tenir compte des spécificités de chacune et de l’implication des territoires. Nous demandons à ce que ces participations régionales soient proches de celles affectées par l’Etat pour les RNN.

Je souhaite également saluer le rôle moteur permanent des partenaires associatifs dans la protection du patrimoine naturel régional. Leurs moyens financiers ne sont pas ceux des collectivités territoriales : elles sont de plus en plus sollicitées dans de multiples instances de concertation et nous exigeons d’elle des dossiers administratifs lourds et complexes. Cette situation handicape la réalisation de leur missions essentielles. Il serait donc important de réfléchir à une rémunération de leur expertise permettant un renforcement des moyens humains dont ils disposent.

Pour conclure, au-delà de l’importance de la protection des espaces naturels remarquables, nous voulons attirer votre attention sur la régression des milieux naturels qui touche désormais la biodiversité ordinaire et des espèces jusqu’alors considérées comme communes. Cette biodiversité dite ordinaire désigne celle qui nous entoure au quotidien, dans nos jardins, sur des parcelles agricoles, au bord des routes et chemins, dans les parcs urbains, etc. Elle a autant d’importance que la biodiversité dite remarquable et elle intervient dans la mise en réseau de tous les milieux naturels. Il est donc indispensable de la prendre en considération dans toutes les politiques publiques tout comme la protection de l’environnement.

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