Sachons entendre la voix des sans-voix
A l’aube de la seconde mi-temps du quinquennat de François Hollande, deux grands chantiers s’ouvrent : celui de la réforme territoriale et celui de la transition énergétique. Deux engagements de taille du Président-candidat, puisque, d’une part l’éloignement entre le citoyen et le politique a été sanctionné, et, d’autre part, la transition énergétique s’inscrit dans un vaste chantier dont les premiers bénéficiaires devront être, les générations futures. Il n’y a plus de droit à l’erreur, à l’improvisation, à la déception !
Lire ci -après l’intervention de René Louail, président du groupe EELV.
Cette session s’ouvre deux années, presque jour pour jour, après le second anniversaire de l’investiture de François Hollande Président de la République.
C’était la réalisation d’un rêve, après dix années de droite au pouvoir, marquées surtout par les cinq dernières où certaines dérives appelaient à un réveil citoyen. La France était alors en danger !
Le candidat Hollande, lors de son discours du Bourget du 22 janvier 2012, a fait rêver à un vrai changement de cap politique : « Nous réussirons parce que nous commencerons par évoquer le rêve ! Le rêve français, c’est la confiance dans la démocratie, la démocratie qui sera plus forte que les marchés, plus forte que l’argent, plus forte que les croyances, plus forte que les religions ! » Il souhaitait ré-enchanter la longue marche des idéaux républicains. Le candidat appelait, sans équivoque, à une mobilisation des énergies, des enthousiasmes et des audaces face un adversaire clairement identifié : la finance !
Il ajoutait : »Mon véritable adversaire n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, et pourtant il gouverne (…), c’est le monde de la finance. »
Deux années plus tard, par manque d’innovation, de projets, d’audace, la gauche retrouve le chemin du conservatisme et du néolibéralisme.
Elle abandonne, petit à petit, celles et ceux qui attendent impatiemment une politique d’égalité, de justice sociale et de proximité entre l’élu-e et le citoyen. La France d’en bas sait qu’il n’est plus acceptable d’opposer rigueur budgétaire et changement démocratique et social tant attendu.
Le revers est violent : l’absentéisme de près d’un électeur sur deux lors des dernières consultations électorales, accompagné d’une percée sans précédent des votes extrêmes. Y compris dans nos « pays » de Bretagne, jusqu’ici épargnés; particulièrement, dans les zones rurales aux revenus très bas et chez les jeunes. Le vote populiste progresse derrière des postures, diverses, de replis identitaires qu’il nous faut décrypter…
A l’aube de la seconde mi-temps du quinquennat, deux grands chantiers s’ouvrent : celui de la réforme territoriale et celui de la transition énergétique. Deux engagements du candidat-Président Hollande !Deux engagements de taille, puisque, d’une part l’éloignement entre le citoyen et le politique a été sanctionné, et, d’autre part, la transition énergétique s’inscrit dans un vaste chantier dont les premiers bénéficiaires devront être, nous l’espérons, les générations futures. Il n’y a plus de droit à l’erreur, à l’improvisation, à la déception !
C’est d’abord le premier Ministre qui nous a annoncé le big bang de la réforme territoriale, réforme qui va toucher les territoires et le rôle de près d’un demi-million d’élu-e-s au niveau national. Ensuite, est venue l’annonce du 2 juin du Président de la République. En terme de big bang c’est vraiment réussi ! Une réforme des régions effectuée dans la précipitation. Un re-découpage des régions fait à la hâte, technique, arbitraire, grostesque, réalisé à la « tronçonneuse », sans tenir compte des spécificités des territoires et des bassins de vie. Le rêve de voir un jour la région bretonne à 5 départements tombe d’un seul coup comme feuille morte ! De plus, la simplification du soi-disant mille-feuille, survivrait pour certains services déconcentrés de l’Etat…alors que l’on sait que«le premier producteur de doublons», donc de dépenses inutiles,«c’est l’Etat».
Si nous comparons nos régions à celles des autres pays européens, il n’y a pas grand chose de commun entre elles. Elles sont de taille différente. Pourtant, la taille des régions, une question encore soulevée à l’occasion du débat en cours sur la réforme territoriale, joue-t-elle un rôle si important ? Après tout, le petit Land de Hambourg (une ville-Etat) n’en est pas moins l’une des régions les plus riches de l’Union.
Nos régions, notre région a besoin, avant tout, de cohérence au niveau social, économique, environnementale, culturelle. L’influence d’une région dépend aussi de son degré d’autonomie politique et des compétences qu’on lui confère. Ceux-ci demeurent très limités en France, en tout cas beaucoup plus que dans des pays comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni. En outre, le budget des régions françaises est notoirement faible. Le rapprochement de cas à peu près comparables (en termes de population) de Rhône-Alpes, Lombardie, Catalogne et Zurich sont, à cet égard, édifiants.
Nos régions ont besoin de moyens humains et de ressources fiscales propres.
Si la refonte de la carte des intercommunalités, sur la base des bassins de vie, est une orientation positive, elle devrait se rapprocher, pour plus de pertinence, du territoire des pays. Il nous faut partir de l’organisation concrète du pays, en une démarche ascendante de recomposition territoriale fondée sur les réalités des espaces locaux, de l’urbain au rural. Il importe d’accepter un maillage différencié du territoire, qui autorise de prendre en compte tant les besoins des zones métropolisées que ceux, différents, des vastes espaces de faible densité. Il est fondamental de porter attention à l’organisation d’un territoire et à la vie quotidienne de ses habitant-e-s, à condition toutefois de ne pas marginaliser les zones rurales face à la montée des métropoles.
Il est permis de s’interroger sur l’agenda imposé aux parlementaires qui ne permet pas d’envisager une vaste consultation, organiser un réel travail collectif et concerté. Est-ce démocratiquement acceptable ?
Il est permis de s’interroger si cette future loi de décentralisation va permettre d’octroyer aux régions un véritable droit réglementaire, au titre du droit à la différenciation, pour adapter et reconnaître certaines différences à nos territoires.
A peine terminé à l’automne, ce débat parlementaire, donnera place aux débats sur la future loi sur la transition énergétique, tant attendue. Une loi qui devrait permettre de mobiliser plus de 10 milliards d’euros. A ce jour, beaucoup d’inquiétudes subsistent encore d’où l’intérêt de mobiliser massivement, territoires et parlementaires :
- Premièrement, dans la dernière version de la loi, rien de précis sur la diminution de la part de l’énergie nucléaire, nous attendons de voir comment vont se concrétiser les engagements du candidat Hollande ;
- Deuxièmement, deux nouveaux articles sur l’enfouissement des déchets nucléaires en couche géologique profonde ont été intégrés dans la loi, alors que la Ministre avait annoncé qu’ils n’y figureraient pas. Ces articles permettraient au gouvernement de décider par simple décret du lieu d’enfouissement des déchets nucléaires et à passer outre le débat parlementaire. Y aurait-il un lien avec les projets de recherches obscures sur nos territoires ?
- Troisièmement, les annonces faites par le premier Ministre sur l’élagage du dispositif d’encadrement des loyers de la loi « Duflot », notamment sur le rééquilibrage des rapports entre bailleurs et locataires, n’est pas de nature à lever nos craintes. Nous connaissons tous ici la spirale « pas de logement, pas de travail. Pas de travail pas de logement » En Centre-Bretagne, selon le 19ème rapport de la Fondation« Abbé Pierre », c’est plus de 40% des logements qui sont concernés par la précarité énergétique.
Enfin, nous accueillons « assez fraîchement » l’annonce du Premier ministre sur la transformation de l’écotaxe en péage de transit pour les poids lourds de plus de 3,5 tonnes. Ce projet est bien moins ambitieux en matière de taxation que ne l’était l’écotaxe. Il s’inscrit dans une liste sans fin de renoncements, les uns après les autres, ce sont les mêmes qui demandent moins de taxes et plus d’aides ici ou encore transforme les simplifications administratives nécessaires en une politique de déréglementations sans limites allant même jusqu’à demander la possibilité d’épandre des pesticides à la porte des écoles. Ce sont ceux là qui réclament le tout « marché » dans une économie débridée ! Et pourtant, cette rentrée fiscale est cruciale pour le financement des transports collectifs et pour le développement du fret ferroviaire et fluvial moins polluant que le fret routier.
Par ces deux projets de lois qui vont marquer la seconde partie du quinquennat et par la manière dont ce gouvernement va répondre à la question des inégalités sociales ;
Par la manière dont ce gouvernement saura ou pas répondre à la prolifération des conflits sociaux, que nous soutenons (à l’exemple de ceux des intermittents du spectacle ou encore des cheminots) va se construire, jour après jour, d’autres résultats électoraux ;
Sachons entendre la voix des sans voix.
La montée de la désespérance n’est plus de la faute des autres… une fatalité… Elle est le résultat des politiques conduites dans la durée. 2017, c’est maintenant !
Je crois Réné que tu poses bien les problèmes et que c’est ainsi que l’on peut avancer et arrêter la désespérance.
salutations les meilleures
jean jacques