Répondre à l’augmentation du chômage en Bretagne

« La Bretagne va-t-elle ajouter aux 20 milliards du pacte de compétitivité national de nouvelles aides aux entreprises sans contrepartie sociale ni environnementale? Allons-nous laisser passer l’occasion d’impulser la transition écologique? Nous ne voyons pas de cap à la politique économique proposée. »

Retrouvez l’intégralité de l’intervention de Janick Moriceau pour EELV sur la politique économique dans le cadre du débat budgétaire du Conseil régional de Bretagne.

Les chiffres du chômage en Bretagne s’envolent, plus de 25 000 chômeurs en moins de 12 mois. Comme vous le soulignez derrière ces chiffres ce sont des hommes et des femmes, des territoires en réelle détresse à laquelle la puissance publique se doit d’apporter des solutions. Vous constatez également que cette situation n’est pas uniquement conjoncturelle mais générée par des fragilités structurelles de notre économie et en particulier notre filière agricole et agro-alimentaire.

Nous partageons vos inquiétudes, nous partageons ce constat.

Un constat qui devrait nous amener à analyser avec lucidité la situation, mais également à se poser la question de la pertinence et de l’efficacité de nos choix politiques, au regard de nos situations économique, sociale et environnementale qui sont pour nous indissociables.

Vos propositions vont-elles nous permettre de faire face aux crises dans lesquelles nous sommes, vont-elles nous permettre de freiner l’hémorragie des emplois, de faire face à un contexte énergétique de plus en plus tendu?

Pour une économie dynamique créatrice d’emploi de qualité, quelles idées forces pouvons nous retenir :

  • le maitre mot est « l’effet levier », il émaille les pages du rapport. Nous financerons les projets où l’apport régional aura le maximum d’effet levier.
  • la seconde est de soutenir l’innovation,
  • la troisième est de mettre en ligne une batterie d’outils en particulier financiers pour accompagner les acteurs économiques,
  • La quatrième de partir à la conquête de nouveaux marchés à l’international sans questionner un tant soit peu l’éthique dans laquelle elle s’inscrit et sa cohérence par rapport à notre politique de solidarité internationale,
  • la cinquième de conforter, sans aucune inflexion, la dynamique impulsée par l’ancienne majorité gouvernementale sans s’interroger sur la nécessité de corriger les effets pervers des investissements d’avenir qui ont laissé sur la touche, des territoires et des pans entiers d’axes de recherche et d’innovation.

M. le président, chers collèges, nous voyons dans vos propositions une batterie de moyens, d’outils et de financement… mais pour quel projet politique?

Considérez-vous que la compétitivité des entreprises, une compétitivité dont les termes ne sont pas définis, fait office à elle seule de projet politique?

Notre collectivité va-t-elle ajouter aux 20 milliards du pacte de compétitivité national, aux 7 milliards d’économie de la taxe professionnelle, de nouveaux financements aux entreprises sans contrepartie sociale ni environnementale?

Allons-nous passer par pertes et profits les engagements Agenda 21 votés, que vous avez votés, Monsieur le président, lors de l’ancienne mandature?

Force est de constater que Padus (référentiel Développement Durable) ne s’applique pas pour ce budget, Monsieur Mevel nous l’a, du reste, confirmé en commission.

Allons-nous aussi passer par pertes et profits les engagements sociaux de la charte pour des emplois de qualité signée avec les partenaires socio-économiques bretons ?

Ces engagements avaient l’ambition d’être de véritables « directives cadre » de nos politiques régionales ; elles donnaient un sens politique à la batterie d’outils économiques qui nous étaient proposés : elles permettaient d’encourager la démarche vertueuse de responsabilité sociale et environnementale des entreprises bretonnes, de nous engager pleinement vers un développement durable et solidaire… enfin… nous nous étions engagés sur cette voie.

Où en sommes-nous aujourd’hui ? Quelle est aujourd’hui, votre volonté sur ces questions, Monsieur le Président ?

Allons-nous laisser passer l’occasion d’impulser la nécessaire transition écologique et sociale de notre économie? Vous nous parlez, Mr Le Président, de la nécessité de nous engager dans l’économie de demain… économe en énergie, respectueuse des paradigmes du développement durable…

Monsieur le Président, chers collègues, j’ai une révélation à vous faire… demain, n’est plus demain… c’est aujourd’hui ! Faute d’en être conscients, en nous arc-boutant sur le passé nous perdons jour après jour des emplois potentiels et préparons des lendemains bien difficiles aux Bretons.

Pour nous, il y a urgence à devenir pleinement une région éco-responsable, car je crains que nous ne puissions plus la qualifier et nous le regrettons, d’éco-pionnière.

Seconde question, Mr le Président, quelle place entendez-vous donner aux salariés au sein de notre politique économique ?

La dimension humaine est bien peu présente dans les propositions de la mission 2 et nous cherchons dans le bordereau les moyens qui seront mis en place pour que les filières fortes que nous soutenons, créent des emplois qualifiés « de qualité. » A ce sujet, pourrons nous avoir un bilan de la mise en oeuvre de la Charte ?

Nous sommes quelque peu surpris de constater page 47, les résultats et objectifs de l’indicateur N° 3. Le nombre de journées en entreprise de l’ARACT dont le but est d’améliorer les conditions de travail est plus qu’alarmant. En 2012 pour l’ensemble des entreprises bretonnes : 283 jours. Objectif 2013 : 400 jours.

Un objectif vous en conviendrez Monsieur le Président bien dérisoire et je n’ose penser que votre ambition s’arrête là…

En bref, Monsieur le Président, vous nous proposez de suivre un cap, quel est-il ? Vers quels rivages prévoyez vous de nous conduire? Ce document ne le dit pas.

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