Quel ambition pour le référentiel Développement durable régional?
« PADUS se veut un outil d’aide à la décision pour des actions qui soient conformes aux principes du Développement durable. Nous ne pouvons qu’adhérer à cette démarche, mais le projet présenté aujourd’hui amène plus de questions que de réponses. Cette grille nous permettra-t-elle de choisir grâce à ces questionnements les entreprises à qui nous attribuerons des aides? Quelle place pour l’homme dans l’entreprise? Pour la démocratie?… »
Retrouvez ci-dessous l’intégralité de l’intervention d’Anne-Marie Boudou pour EELV sur le projet PADUS/DURABLE
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Depuis juin, suite à l’approbation, dont la notre, des objectifs de l’Agenda 21 seconde génération, vous travaillez à l’élaboration de deux outils dont celui que vous nous présentez aujourd’hui. Cependant, l’Agenda 21 1ère génération n’est pas encore obsolète et pourtant il n’est pas pris en compte dans les choix politiques de ce budget. Nous le regrettons, car cette approche, validée dans la mandature précédente, est indispensable.
En commission, vous nous avez présenté deux fiches enjeux précisant toutes les questions que les services seront amenés à se poser pour l’élaboration d’un projet. Elles éclairent mieux l’avancement du travail, mais nous aurions apprécié avoir l’ensemble des fiches dans ce bordereau pour mieux comprendre les logiques qui ont guidées les choix des 24 enjeux transversaux et leur contenu. Cette grille nous permettra-t-elle de choisir grâce à ces questionnements les entreprises à qui nous attribuerons des aides? Comment la région inscrira ses valeurs dans une démarche de progrès pour les sociétés avec lesquelles nous travaillons?
Quelle place dans le pilier économie pour l’économie sociale et solidaire? Quelle place pour l’homme dans l’entreprise? Quelle prise en compte de la démocratie dans l’entreprise, de la la qualité du dialogue social, du respect des syndicats, de la répartition juste des excédents financiers?
Tiendrez-vous compte des travaux de BDI et de la CRES sur la question des innovations sociales ?
Concernant les travaux internes de notre institution, nous vous proposons que la région réfléchisse à l’introduction d’une évaluation de ces actions par un indice de bien-être durable ou un autre indicateur alternatif, voir un autre mode de calcul déjà reconnu.
Sur la maîtrise et l’autonomie énergétique, nous vous signalons la contradiction à vouloir économiser les ressources fossiles et en même temps sur la même page faire la promotion du pacte électrique breton dont un des objectifs est de brûler du gaz à Landivisiau…
Pour la langue bretonne, nous ne devrons pas uniquement répondre à la demande sociale mais bien être dans une posture de reconquête linguistique, comme mon collègue Yannik Bigouin l’a déjà exprimé hier. Il est important de faire le lien entre les derniers bretonnants de naissance et les néo-bretonnants afin de transmettre le breton populaire, l’esprit de la langue.
Sur l’association des « parties prenantes » vous les définissez comme tout individu ou groupe d’individus qui peut affecter ou être affecté par la réalisation d’un projet ou d’une action. Or, je peux être intéressé alors que je ne réponds pas à ce critère, c’est tout à fait réducteur.
Vous dites que cet outil d’aide à la conception de nos actions et à la décision à la disposition des élus et des services. Cependant, j’attend de savoir quels sont les élus et les partenaires que vous visez au regard de l’enjeu « Association de parties prenantes » et « Partenariats et réseaux » dans le pilier « Qualité démocratique » du développement durable. Surtout quand je lis page 4 que PADUS doit « favoriser le dialogue au sein de notre institution et entre la région et ses partenaires ». Peut-on espérer que la concertation avec les élus non majoritaires va s’améliorer pour que nos propositions soient vraiment discutées lors de l’élaboration d’un projet et peut-être prises en compte ? Car pour le moment, nous ne participons à la conception d’aucun projet et quand il arrive en commission tout est ficelé et même nos amendements sont pour la plupart rejetés.
La conférence sur le pacte électrique est plus une consultation avec des choix imposés qu’un temps de négociation qui prendrait en compte toutes les expertises en cherchant le meilleur compromis qui tiennent compte de tous les partis.
Nous pensons que la région doit mener une réflexion sur ce qui relève, soit d’une consultation, soit d’une négociation et les conditions qui s’y appliquent pour l’ensemble des acteurs présents et pour ceux qui doivent garantir le cadre et l’accompagnement d’une négociation réussie.
C’est là que l’enjeu se trouve aujourd’hui pour vraiment faire du développement durable. Il faudrait professionnaliser les temps de négociation et arrêter que la Région soit l’acteur qui propose et mène en même temps la négociation…
J’espère que nos interrogations, propositions et remarques vont inspirerons pour ce document encore en évolution.