Pour une politique linguistique transversale qui irradie les territoires

Alors que les Conseils Généraux se recentrent sur leur cœur de métier social et financent moins les associations développant les langues de Bretagne, ce n’est pas le moment de baisser les bras. Chaque année, les écologistes réclament une vraie politique mutualisée et partagée. Ca avance mais quid du breton dans les gares, dans les trains? A quand une chaine TV publique bretonne? Yannik Bigouin s’impatiente de la mise en place d’une véritable politique linguistique transversale qui irradierait toutes les politiques régionales : jeunesse, transport et même la culture…

Yannik Bigouin

 

 

 

 

 

Mission 4: Pour  une éducation de qualité

Progr. 413: développer les langues de Bretagne

Monsieur le Président,

Concernant ce programme 413, vous nous présentez un budget exsangue et en réduction par rapport à l’année passée.
Alors que les Conseils Généraux se recentrent sur leur cœur de métier social (dans la configuration budgétaire que vous connaissez) et financent moins les associations développant les langues de Bretagne, ce n’est pas le moment de baisser les bras. Raison de plus pour en faire une vraie politique mutualisée et partagée que nous vous demandons chaque année.
Lors de l’inauguration de la gare de Plouaret, le mouvement Aïta a réagi fortement de ne pas voir la langue bretonne apparaître contrairement à ce que le Vice-président aux transports veut bien nous faire croire. Aïta a bien raison de  nous secouer ! Ça commence à bien faire de se faire mener en bateau… surtout dans une gare !
A quand la mise en place d’une véritable politique linguistique transversale qui irradient toutes les politiques régionales : jeunesse, transport et même la culture ?
Certes, depuis le début du mandat, des paliers ont été franchi. Chaque année, le nombre de personnes rentrant en formation pour être enseignants est à la hausse, de plus en plus de livres en langues bretonnes sont édités mais nos marges de progression sont encore énormes. Voir, par exemple, le siège de Patton avec une signalétique exemplaire c’est bien, mais quelle déception de prendre nos TER avec une annonce qui nous dit que le Conseil régional nous souhaite la bienvenue uniquement en français, que la présence des langues de Bretagne sur les chaînes de télévision publique reste minime et qu’une télévision régionale digne de ce nom n’aboutit pas dans le paysage certes complexe mais pas inextricable de l’audiovisuel breton. Enfin il manque une vraie politique de transmission entre brittophones de naissance et d’apprentissage tant qu’il est encore temps et tant que nous avons des personnes qui parlent la langue depuis l’enfance.

Manuel Valls viendra nous parler du pacte d’avenir jeudi à Brest. Interviendra t-il sur les langues de Bretagne ? Il est à craindre que non, car l’État, par ses freins à l’ouverture de postes d’enseignants ou par la non ratification de la charte européenne des langues régionales et minoritaires (promesse reniée du candidat Hollande), nous montre qu’il n’en a fichtre rien a faire de nos langues, de notre culture… vous le savez malheureusement très bien. Comme nous avons pu le constater lors du débat sur la réforme territoriale, le jacobinisme se porte à merveille.
Nos ministres bretons n’ont eu, pour seule réussite, d’empêcher de fondre la Bretagne dans un Grand-Ouest mou. Et encore, l’une d’entre eux y était favorable. Une victoire à la Pyrrhus me direz vous. Les grands perdants de cette réforme, ce sont les bretonnes et les bretons et en particulier  tous ces gens qui donnent du temps, de l’énergie pour faire vivre et transmettre la langue bretonne. La médaille du bravoure et du désintéressement c’est à ces hommes et à ces femmes qu’il faut la donner. Loin du corporatisme, du clientélisme, de l’intérêt personnel, les personnes qui écrivent, éditent, parlent, jouent au théâtre, s’occupent des enfants dans les crèches ou enseignent dans les écoles en langue bretonne méritent une reconnaissance de l’Etat français qui, enveloppé dans son mépris nombriliste, n’en a cure.
Votre prédécesseur, Monsieur le Président nous avait souligné que nous avions 10 ans pour changer la tendance pour la transmission de la langue. C’était il y a 4 ans …
Alors Monsieur le Président à nous de faire le maximum, à notre niveau, pour que vivent les langues bretonnes dans nos politiques, toutes nos politiques !

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