Lier le projet Bretagne Grande Vitesse et la desserte de Notre Dame des Landes constitue une escroquerie intellectuelle

Session plénière du Conseil régional de Bretagne des 27, 28 et 29 juin 2012
Information relative à l’amélioration des axes ferroviaires Rennes-Brest et Rennes-Quimper

Le document communiqué présente l’état des études sur le projet Bretagne Grande Vitesse (BGV) mais il est aussi question de la création d’une future ligne Rennes-Nantes via Notre Dame des Landes. Gaëlle Rougier demande que les débats entre le projet BGV et celui sur une éventuelle ligne Nantes-Rennes via Notre Dame des Landes soient dissociés.

Le titre du bordereau qui nous est présenté est trompeur : s’il s’agit bien de l’état des études sur le projet Bretagne Grande Vitesse (BGV), il est aussi question de la future ligne Rennes-Nantes via Notre Dame des Landes.
Ainsi vous nous présentez les scénarii sélectionnés et qui seront poursuivis avant d’être soumis au débat.

Vous avez souhaité mutualiser les études, ainsi que le débat sur BGV et Rennes-Nantes au nom de nombreuses « interfaces » entre les lignes Bretagne-Sud et Rennes-Nantes. Voilà donc les deux projets liés. Cependant, nous nous interrogeons sur ce lien qui vous apparaît si naturel.

Les objectifs affichés de BGV sont de mettre Paris à 3 heures de la pointe Bretonne, de désenclaver l’ouest Breton et de mailler le territoire en améliorant les liaisons infra-régionales. Bien.
Les objectifs affichés de la nouvelle liaison Nantes-Rennes est d’améliorer la liaison Nantes-Rennes, mais avant tout de desservir l’aéroport de Notre Dame des Landes. Il suffit de regarder le tracé pour comprendre. Sinon, comment justifier de shunter une ville comme Redon qui représente tout de même plus de 100 000 voyageurs TGV par an ? Comment justifier une nouvelle infrastructure qui ne sera pas une Ligne Grande Vitesse (LGV), la courte distance entre les deux métropoles étant trop faible pour atteindre une vitesse de 320 km/h, surtout avec un arrêt à Notre Dame des Landes ?
Quel besoin de mutualiser les deux scénarii dont les enjeux sont totalement différents ? A moins que nous n’ayons réalisé BGV afin de desservir Notre Dame des Landes ? Je ne pense pas.
A moins que pour la Région Pays de la Loire que ce bordereau engage aussi, Notre Dame des Landes soit là pour désenclaver la pointe bretonne ? Je ne le pense pas non plus.

Si l’on s’en tient à une lecture non plus seulement technique mais aussi politique du bordereau qui nous est présenté, voilà ce qui apparaît : lier les deux projets et prétendre que cela est indispensable à l’amélioration des liaisons de la Bretagne-Sud vers Nantes permet de faire admettre le fait que la Bretagne administrative va financer non seulement un aéroport qui ne lui profitera pas mais également une ligne ferroviaire nouvelle conçue uniquement pour le desservir.

Si nous voulons bien discuter de tout, cette « mutualisation » nous paraît une escroquerie intellectuelle. Nous demandons une dissociation des débats entre le projet BGV qui porte sa cohérence en soi et celui sur une éventuelle ligne Nantes-Rennes via Notre Dame des Landes. Il nous semble primordial que les enjeux en termes d’aménagement du territoire, d’environnement et retombées économiques liés à ce projet d’aéroport ne soient noyés dans le projet BGV.

Nous avions demandé que soit étudié un scénario de rénovation de l’existant via Redon et Châteaubriant. Une rénovation sûrement de grande ampleur vu l’état des infrastructures actuelles impliquant une déviation à Redon. Ce scénario aurait été malgré tout moins coûteux qu’une nouvelle ligne et aurait permis des gains de temps et un meilleur cadencement des trains entre les deux métropoles. Car de vitesse, il en est question partout dans ce bordereau mais de cadencement pas du tout. Et c’est aussi là dessus qu’il faut travailler pour améliorer le service et donc encourager le report modal vers le ferroviaire. Mais nous ne saurons jamais ce qu’il en est car, de toute évidence, vous n’avez pas souhaité envisager ce scénario.

Nous ne sommes pas contre toute nouvelle section de ligne, au contraire, mais lorsque le rapport coût/avantages est si faible, il nous faut le dénoncer.
Nous déplorons qu’aucune étude sérieuse n’ait permis d’envisager de soumettre au débat public un scénario reposant sur la rénovation des lignes existantes.

D’autant que pour la Bretagne, l’enjeu est double : les économies réalisées sur ce tronçon nous auraient permis d’intégrer de façon systématique une section de ligne nouvelle entre St Brieuc et Vannes/Auray via Loudéac et Pontivy, ligne qui devrait être une priorité pour notre Région.

Enfin, je ne peux m’empêcher de croire en l’avenir et de penser qu’il aurait été sage d’envisager un scénario sans Notre Dame des Landes car, qui sait de quoi demain sera fait ?

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