Agenda 21, faire de la Bretagne un laboratoire du changement

Nous vous félicitons pour ce passage à une nouvelle génération de l’Agenda 21 de la région Bretagne que nous attendions avec impatience. En effet, dans mon intervention de juin 2010 puis dans celle de juin 2011, nous demandions la mise en œuvre d’un Agenda 21 qui soit la porte d’entrée, en amont, de l’analyse globale, intégrée, transversale de l’ensemble des projets de la région, où chaque pilier du développement durable doit être abordé en résonance avec les autres, afin de déterminer les choix politiques de la région.

Cette évolution nous paraissait déjà indispensable, car même si la région Bretagne gagne en exemplarité au sein de son administration, cela ne suffit pas. Son propre impact est certes important, mais l’ensemble de sa gestion interne n’est rien comparée à l’impact de ses autres politiques sur le territoire breton. Nous avions souligné les incohérences qu’il y avait entre le souhait d’une démarche Agenda 21 pour une institution exemplaire en interne sur le plan du développement durable, et certaines prises de positions et politiques de la région. Si la Région veut devenir une institution phare en matière de développement durable, il faut qu’elle s’y applique dans toutes ses politiques publiques et à travers tous les projets qu’elle soutient.

Nous ne pouvons que soutenir la nouvelle philosophie de cet Agenda 21 que vous décrivez, qui vise à dépasser la logique thématique pour envisager une approche plus systémique traduisant la volonté de renforcer l’ambition d’exemplarité qui anime la région. Cet Agenda 21 seconde génération sera le fil conducteur des politiques régionales de l’amont à l’aval, un outil d’aide à la décision permettant une prise en compte intégrée des enjeux de développement durable.

Nous approuvons également votre souci de veiller à la meilleure prise en compte globale des questions économiques, sociétales, environnementales et démocratiques – notamment en terme d’association des citoyens et de mobilisation des partenaires – dans l’ensemble de l’action régionale.

Les différents outils que vous proposez peuvent constituer une méthode adaptée à l’objectif :

– un index du développement durable couvrant l’ensemble des dimensions du développement durable, qui sera un recueil de macro indicateurs à établir collectivement avec les autres collectivités régionales,

– le calcul d’un indice de développement humain à l’échelle des pays comportant trois composantes, une dimension revenu, une dimension éducation et une dimension santé, s’appuyant sur les travaux de l’ARF et de PEKEA. Nous proposons que cet indice soit aussi être le reflet de la prise en compte de la partie non-productive de notre vie à travers la culture, les associations, les loisirs,

– une grille de questionnement déclinant les quatre dimensions du développement durable en une vingtaine de critères, appelé PADUS/DURABLE, interrogera les modalités de l’action régionale dans toute sa diversité et aux différentes étapes (conception, mise en œuvre, évaluation).

Mais la pertinence de ces outils dépendra de la qualité des choix de leurs composants et critères.

Vous soulignez une méthode d’élaboration partagée de ces outils avec les autres collectivités territoriales et un usage adapté de la grille en association avec les partenaires et les parties prenantes, en affirmant également que la qualité démocratique est au cœur de ce nouvel Agenda 21.

Or, la participation citoyenne à l’élaboration de ces outils n’apparaît nulle part. Cette démocratie doit s’ouvrir plus largement, impliquer les citoyens, et même le personnel de la région au travers de temps d’échange, de concertation avec l’ensemble des partenaires et parties prenantes. Il serait aussi utile de mettre en place une plateforme internet à la disposition des citoyens.

Nous aimerions également être sûrs que ce nouvel Agenda 21 s’appliquera bien à l’ensemble des politiques régionales, c’est-à-dire également à celles qui échappent aux décisions du conseil régional à travers par exemple Bretagne Développement Innovation et Bretagne Commerce International.

Si l’ensemble de ces demandes sont satisfaites et que la phase opérationnelle de la mise en œuvre de cet Agenda 21 confirme les objectifs que vous avez fixé aujourd’hui, alors nous pourrons vous féliciter d’avoir mis la Bretagne sur les rails d’un avenir éco-pionnier. Mais le chemin va être semé d’embuches et le prochain président de la région devra tenir fermement la barre pour garder le cap d’une politique de développement durable, qui va forcément déplaire à certains qui ne sont pas prêts à accepter les ruptures et à mettre en œuvre les mutations, que ne manquera pas de mettre en lumière la prospective Bretagne 2030, si chacun regarde sincèrement la réalité en face.

D’autant que pour nous ces mutations sont effectivement encore de l’ordre de la prospective en Bretagne quand vous faites des choix tels que la réalisation de la centrale gaz à Landivisiau ou l’aéroport Notre Dame des Landes, auxquels nous nous opposons justement parce qu’ils ne répondent pas aux critères du développement durable.

Un commentaire pour “Agenda 21, faire de la Bretagne un laboratoire du changement”

  1. Je suis content de lire l’approche pleine de discernement d’Anne Marie.
    J’avais peur en lisant ces lignes que la question de la citoyenneté soit une fois de plus laissée de coté.
    Bravo.
    Si le département du Morbihan, en plus de la région, pouvait prendre en compte ces doléances…
    Erwan

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