Un nouvel élan en faveur du patrimoine culturel de Bretagne

Session du Conseil régional de Bretagne des 27, 28 et 29 juin 2012
Nouvelles orientations en faveur du Patrimoine culturel immatériel

Dans le cadre de la révision des « outils de la Charte » une nouvelle structure est créée pour promouvoir le patrimoine culturel de Bretagne. Yannik Bigouin a rappelé la volonté d’EELV de créer à travers cette nouvelle structure une véritable université populaire de Bretagne.

Peux ceux qui suivent la longue histoire de ce que l’on appelle les outils de la Charte signée par le président de la république Valéry Giscard d’Estaing suite à son discours du 9 Février 1977, nous sommes à un moment historique de l’évolution de celle-ci. Cette charte annonçait un tournant dans la politique de l’Etat à l’égard de la reconnaissance des langues et des cultures régionales en affirmant ainsi que « l’unité de la France n’a aucune raison d’être l’uniformité française », il annonce aux élus bretons la création de Chartes culturelles régionales.

Cette charte signée entre les départements bretons, la région et l’Etat afin de préserver et promouvoir la culture bretonne, veut permettre à la culture et aux langues régionales – le breton et la gallo – de sortir de la marginalité dans laquelle elles se sont longtemps trouvées. En effet, la Charte établit que la langue et les différents éléments de la culture bretonne ne constituent pas simplement un patrimoine populaire et rural à conserver, mais aussi qu’il s’agit de faire vivre une culture bretonne « ouverte sur l’extérieur et l’avenir », pour reprendre les termes de la charte.

La Charte est à l’origine de la création de trois instances mises au service d’une nouvelle ambition culturelle pour la Bretagne : le Conseil culturel de Bretagne qui rassemblait les têtes des réseaux, l’Agence technique régionale, et l’Institut culturel de Bretagne. Créés en 1978, le Conseil culturel permettait de rassembler les principaux acteurs de la promotion culturelle de la Bretagne et l’Agence culturelle de Bretagne, avait pour mission la gestion et la maintenance d’un parc de matériel mis à la disposition des collectivités locales, des associations et organismes à vocation culturelle.

Ces instances continuent à évoluer comme en témoigne le nouveau Conseil culturel de Bretagne qui est passé du statut d’association à celui d’institution consultative auprès du Conseil Régional le 26 mars 2009. A ce propos, nous aimerions d’ailleurs, M. le Président, en avoir un bilan en session plénière suite à votre feuille de route qui posait ces questions : comment bien accueillir les nouveaux résidents en Bretagne, en termes d’espace, d’équilibre et de transmission culturelle ? Comment l’identité culturelle peut-elle contribuer au développement économique ?

L’institut culturel de Bretagne et l’agence technique avaient perdu force militante, rayonnement régional et sens parfois dans leurs actions. Aussi, vous avez souhaité ne plus soutenir ces deux structures pour en construire une nouvelle avec un projet renouvelé tout en reprenant en partie des salariés des associations. Nous vous avons soutenu dans cette transformation, pas toujours facile. Vous nous présentez cette nouvelle structure. Le projet est ambitieux, un vrai challenge : faire une université populaire de Bretagne – car c’est de cela dont nous parlons – et ce n’est pas rien ! Si nous y parvenons à l’instar d’un célèbre philosophe Normand et de son université populaire, nous serions benaize comme on dit en gallo. Mais il y-a du chemin.

Quelques conseils si vous permettez M. le Vice-Président :

– Bien définir son champ d’action. Quelle est la matière de Bretagne dont vous nous parlez exactement ? Cela reste encore flou et je suis certain que les membres de cette assemblée ont des visions bien différentes de ce que cela représente. Je crois qu’il faudra donc, dès le départ, cerner les périmètres : du champ culturel de cette organisation avec un plan d’actions détaillées et des objectifs bien plus préçis et de son environnement afin de bien travailler en subsidiarité avec les autres associations. Ce principe de subsidiarité devra sous-tendre chaque action. Ne pas marcher sur les plates-bandes des autres structures mais les soutenir, les compléter, les enrichir dans une volonté coopérative doit être un fondamental.

– « La Bretagne, un monde à découvrir » nous dit une revue bretonne. Si cette structure arrive à nous dire ce que la Bretagne a, à apporter au monde, ce qu’elle a à donner, à voir par les pratiques qu’ont les Bretons de combiner leurs identités plurielles, alors ce sera gagné. Votre document fait la part belle à Le Clézio, Morin ou Glissant, mais l’identité bretonne et ce qu’en font les Bretons reste bien un cas particulier. Nous ne sommes ni Amérindiens ni Antillais mais entre dedans et dehors. Entre imprégnation de la France et recherche de la différence. Entre rejet et attraction. Il y a là à dire, à écrire, à comprendre. Ainsi, j’étais le week-end dernier à St Malo pour les 20 ans d’une des plus belles librairies de Bretagne et les auteurs invités lors du débat « Ecrire en Bretagne, écrire de Bretagne » ne pouvaient pas, n’arrivaient pas pour certains à se dire auteur Breton car ils considéraient que cela les enfermait. Comme si, se dire Breton mettait des murs. Etrange sentiment de voir des Bretons ayant encore peur de dire d’où ils sont, de crainte d’être soupçonnés de communautarisme. L’Institut Culturel de Bretagne avait à une époque une commission d’Ethno-psychiatrie qui a travaillé sur l’identité négative. Le conseil culturel et cette nouvelle association auraient là matière à réfléchir afin de faire avancer la compréhension de nos identités plurielles.

Je souhaiterais justement que cette structure ne reste pas dans l’entre-soi, entre bien-pensants, entre universitaires, entre « cultureux » mais qu’elle s’ouvre franchement au domaine économique avec BDI, au tourisme avec le CRT -cela s’inscrirait d’ailleurs parfaitement dans le cadre de l’acte 2 de la politique touristique présentée lors de cette session ; au patrimoine avec la poltique régionale, le service de l’inventaire et l’Institut Régional du PAtrimoine soutenu par la région et qui cherche un nouveau souffle.

Enfin, la méthode laisse franchement à désirer comme l’a d’ailleurs relevé avec justesse le CESER et le Conseil Culturel. Les statuts présentés sont à revoir presque totalement tant ceux-ci noyautent la gouvernance à quelques uns. J’ai eu l’assurance que cela serait revu et je vous fais confiance pour être vigilant sur ce point car il serait malheureux que même s’il-y-a une volonté politique de mettre en place une gouvernance proche de la Région, elle ne puisse bénéficier de règles démocratiques de base.

En résumé et en conclusion : travailler mieux le projet de manière participative et que cette structure aille où on ne l’attend pas ; qu’elle rayonne, diffuse, rassemble, essaime. C’est tout ce que nous lui souhaitons !

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