Le plan Bâtiment durable doit être en phase avec la transition énergétique
Guy Hascoët a salué le dispositif de travail qui a construit cette politique et rappelle la nécessité de prendre en charge le réchauffement climatique et ce, partout dans les territoires. Dans un contexte social de réduction des dépenses, il propose plusieurs pistes afin d’atteindre les objectifs souhaités, notamment obtenir la passivité du parc breton.
« Je tiens à saluer d’abord le dispositif de travail qui préside autour de la construction de cette politique.
Ce rapport d’étape s’inscrit dans une perspective majeure, la transition énergétique.
Alors que la nécessité de prendre en charge le réchauffement climatique s’affirme,
Dans un contexte social où la stagnation voire le recul des revenus, nécessite de comprimer des charges.
Alors que l’actualité ukrainienne nous rappelle que des relations supposées stables et évidentes, peuvent se tendre, au point de créer demain des secousses tant sur les approvisionnements que sur les prix des ressources.
Toutes celles et ceux qui ont travaillé sur les scénarii de transition, quelle que soit leur connaissance des filières énergétiques et leur préférence ou leurs croyances dans le domaine, s’accordent sur un point : aucun scénario ne tient la route s’il n’envisage pas la reprise de l’ensemble de notre parc bâti afin de le rendre passif.
Le chantier est vaste et va commencer d’abord par le traitement de l’ensemble des maisons individuelles. Le parc breton est composé justement à 72 % de maisons individuelles dont la moitié, construites avant 1975. Nous sommes donc un territoire favorable à une forte dynamique.
Si tous les bâtiments devenaient passifs, la France récupérerait progressivement de la balance commerciale chaque année, dont le chiffre cumulé au bout de 25 ans représenterait l’équivalent de son déficit de balance commerciale actuel, soit environ 70 milliards d’euros d’importations énergétiques évitées chaque année.
Traiter massivement nos bâtiments aujourd’hui ne peut se faire qu’en appelant de manière dominante des matériaux « classiques » très chargés au plan carbone, au point qu’en moyenne il faille dix ans pour effacer le poids carbone du chantier de réhabilitation.
Ceci doit nous inviter à imaginer un scénario dans lequel progressivement les techniques bio-sourcées prennent une place de plus en plus importante et prendre les dispositions pour y parvenir.
Je viens à titre professionnel d’achever un travail sur la disponibilité de ces ressources et des conditions de réponses industrielles et de masse. Nous avons de l’or dans nos territoires à plusieurs conditions :
1- conduire une montée en charge progressive et continue, organiser les filières et réguler les marchés…
2- Faciliter dans le cadre du droit à l’expérimentation, les avis techniques, les clauses « assurantielles », ouvrir la voie de la pluralité de la certification…
3-Organiser les commandes territoriales en mobilisant les acteurs publics et privés et organiser le tuilage entre techniques traditionnelles et techniques bio-sourcées.
4-Installer un dispositif de l’offre qui facilite l’accès à l’argent : tiers-payeur, guichet unique financier …
5-Utiliser des démarches comme celle de Dorémi pour aider à la formation. Regrouper les artisans pour gommer les redondances, faciliter l’analyse des bouquets de travaux à engager, réduire les coûts de maîtrise d’œuvre. Dorémi ambitionne de faire passer le coût de traitement de 700 euros/m² à 400 euros/m²…
6-Mettre en place un dispositif indépendant de validation technique des dossiers (45 000 par an en Bretagne), ce qui représente une cinquantaine de dossiers par pays chaque mois. Il faut donc mobiliser toutes les compétences indépendantes qui existent dans les services territoriaux de l’Etat, comme ceux des collectivités.
Leur décision doit être déconnectée de l’intérêt direct des entreprises bénéficiaires, et le banquier doit recevoir un porteur de dossier technique validé, et n’avoir qu’à se préoccuper de la transposition financière et des aides éligibles.
Si un certain nombre de mesures vont trouver leur calage et des réponses dans le cadre du débat national de la loi sur la transition et les dispositions qui vont l’entourer.
Nous pouvons, d’ores et déjà, accélérer les préparatifs qui incombent à la Bretagne et donc à la région comme chef de fil :
- En partant de la réalité, accélérons les mutations, complétons et enrichissons la palette des formations et organisons les transferts de savoir-faire ;
- Anticipons l’organisation des guichets techniques dans chacun des 21 Pays de Bretagne ;
- Préparons des Appels à Manifestation d’intérêt afin de mieux isoler les grandes catégories de patrimoines bretons. Poussons les filières de matériaux bio-sourcés et accompagnons un programme d’ancrage en Bretagne des unités de transformation dans la variété des ressources présentes et des types de techniques pertinentes.
Bien sûr, nous voterons ce rapport d’étape. »