La première finalité de l’enseignement est l’émancipation des personnes

La nouvelle université de Bretagne doit être fédérale et donner aux étudiants toute leur place dans sa gouvernance.
Nous avons de même cruellement besoin d’un plan immobilier ambitieux pour notre université, qui soit à la hauteur du délabrement des locaux et de leur insuffisance au regard du nombre d’étudiants.
Enfin, nous refusons que les universités deviennent un secteur de profit pour les multinationales. Jamais il ne faut oublier la première finalité de l’enseignement à quelque niveau qu’il soit : l’émancipation des personnes.

Retrouvez ci-dessous l’intégralité de l’intervention de Janick Moriceau, pour EELV, sur le Schéma régional de l’enseignement supérieur et de la recherche en session du Conseil régional d’octobre 2013.

Monsieur le Président, Monsieur le Vice-président,

Le schéma de l’enseignement supérieur et de la recherche que vous proposez au vote ce soir est important. C’est en effet, un document cadre qui se veut le schéma de la Bretagne et non de notre seule assemblée. Un schéma auquel l’Etat en région comme l’Université de Bretagne ont participé.

Adopté, il devient la feuille de route 2014-2020 pour l’enseignement supérieur et la recherche, la base de négociation des contractualisations financières à venir avec l’Europe, l’Etat, les conseils, les métropoles, les communautés d’agglomération.

Au delà de ce cadre financier, la nouvelle organisation impactera durablement le paysage universitaire breton.

Nous approuvons cette nouvelle étape pour l’université européenne bretonne dont la gouvernance doit être :

  1. Fédérale, c’est une exigence démocratique, une condition nécessaire de son succès.

  2. Ouverte aux représentants étudiants.

Un plan immobilier ambitieux pour notre université doit d’urgence être engagé à la hauteur du délabrement des locaux et de leur insuffisance au regard du nombre d’étudiants.

Oubliés du plan campus, nous ne devons pas l’être du futur plan état-région. Ce dossier est prioritaire. Des solutions « partenariat public-privé », solutions de facilité viennent à 2 reprises d’être utilisées d’une part avec Eiffage pour Rennes 2, d’autre part avec VINCI pour le campus numérique. Nous ne pouvons poursuivre dans cette voie. Les universités ne doivent pas devenir un secteur de profit pour les multinationales. La situation des universités anglaises ruinées par de tels dispositifs doivent amener à réfléchir.

Vous avez fait de la lutte contre les déterminismes et toutes les inégalités une priorité, nous la partageons.

Face à cette réalité, il n’y a pas une solution mais des actions à mettre en œuvre tout au long de la chaîne de l’enseignement …et ce.. jusqu’à l’emploi.

Il ne peut y avoir de schéma pour l’enseignement supérieur en Bretagne sans prendre pleinement en compte ce dernier maillon où les discriminations se font plus cruelles .

La question de l’insertion dans le monde du travail des jeunes sans diplôme pose problème, ceux des jeunes diplômés aussi et les doctorants sont loin d’être épargnés. Les universités n’assument pas leur mission dans ce domaine. Le peuvent-elles dans le contexte actuel ? Ce point doit être mis à l’ordre du jour de la Conférence régionale de l’Enseignement Supérieur Recherche et Innovation qui vous allez mettre en place.

Une étude précise de la situation est nécessaire.

Une certitude, les outils territoriaux actuels sont inadaptés.

Pour nous, il ne peut être question ni d’excellence, ni d’attractivité sans insertion des jeunes diplômés.

En effet le maître mot de ce rapport, est l’«excellence», mais de quelle excellence s’agit-il ?

Celle qui consiste à exclure les régions qui ne peuvent aligner leur légion de chercheurs, celle qui met au second rang les universités ne rentrant pas dans les critères de Shanghai, celle qui exacerbe les concurrences entre universités, entre chercheurs, celle qui fut le leitmotiv de Madame Pécresse ?

Je ne peux supposer que c’est de cette excellence qu’il s’agit ; mais bien au contraire de la capacité de notre système de recherche et d’enseignement supérieur à répondre aux enjeux posés par les territoires où ils sont inscrits, à développer des coopérations et des partenariats, ici en Bretagne comme au niveau national ou international, des coopérations permettant répondre aux enjeux posés à nos sociétés.

Au cours de ces dernières années, la recherche fondamentale, la recherche publique a été mise à mal. La précarité des financements a son pendant, la précarité des statuts de chercheurs assujettis aux contrats privés, aux projets de court terme des entreprises.

Une telle situation ne peut perdurer. Sans recherche publique de long terme, plus d’avancées scientifiques majeures… nous serons ni plus ni moins que condamnés à la réplétion.

Nous ne dénions pas le fait que la recherche-innovation privée puisse bénéficier de financements publics. Ce qui pose questions c’est la part de financement public qu’elle draine à tous les niveaux, quelque soit la situation financière des entreprises, quelque soit leur modèle social. Ce qui pose question c’est l’absence d’expertise indépendante des projets soutenus.

Plus que jamais, alors que les mutations technologiques se bousculent, il est nécessaire qu’un comité d’éthique breton soit créé permettant d’éclairer la pertinence de nos choix.

Monsieur le président, nous prenons acte de votre volonté de définir, en 2014, les orientations régionales pour la diffusion de la culture scientifique en Bretagne. C’est important et nous avons la chance d’avoir des outils remarquables dans ce domaine . Cependant au delà de la culture scientifique et d’un dialogue science-société « cultivé » c’est, plus globalement, la relation recherche-société qui doit être réinterrogée. Une relation qui peut revêtir différentes formes, en particulier : recherche participative, citoyenne, coopérative.

Monsieur le Président , Monsieur le Vice-président, pouvez-vous envisager d’élargir l’objet de votre prochain rapport sur la culture scientifique ? La culture scientifique est un élément important mais partiel de la relation science société.

 Nous voterons pour le schéma proposé en espérant cependant que jamais ne soit oublié la première finalité de l’enseignement à quelque niveau qu’il soit : l’émancipation des personnes.

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