La Bretagne a besoin de cohérence et de vérité

La Bretagne est durement frappée par les suppressions d’emplois qui se succèdent et je voudrais commencer par dire ici, très solennellement, au nom du groupe EELV, notre solidarité avec les familles de celles et ceux qui sont touchés de plein fouet par les décisions brutales de licenciements à GAD bien sûr, mais aussi à Alcatel.

Il est temps d’engager ensemble un nouvel avenir pour le modèle économique breton. Pour y parvenir, il faut commencer par cesser la démagogie de ceux qui accompagnent depuis toujours la course à la mondialisation. Ceux là mêmes qui aujourd’hui voudraient se faire passer pour les défenseurs de l’emploi en Bretagne militaient hier pour la dérégulation du marché du travail tout en profitant à plein régime, par centaines de millions d’euros des aides publiques de la PAC. Voilà ce qu’il faut rappeler aux salariés comme aux agriculteurs, ces jours-ci.

On entend dire que l’éco- taxe tuerait des emplois alors même qu’elle n’est pas mise en place. On assiste à une instrumentalisation des inquiétudes des bretons pour mieux masquer les erreurs des grands patrons de l’agro-alimentaire ! Il faut dire la vérité : ceux qui refusent d’engager la transition de l’économie bretonne maintenant organisent les défaites de demain.

 

Retrouvez ci-dessous l’intégralité de l’intervention de Guy Hascoët, au nom d’EELV, en ouverture de la session du Conseil régional de Bretagne des 17 et 18 octobre 2013.

La Bretagne est durement frappée par les suppressions d’emplois qui se succèdent et je voudrais commencer par dire ici, très solennellement, au nom du groupe EELV, notre solidarité avec les familles de celles et ceux qui sont touchés de plein fouet par les décisions brutales de licenciements à GAD bien sûr, mais aussi à Alcatel.

Au delà des drames humains, il est nécessaire d’analyser les raisons profondes qui expliquent la situation dans laquelle s’enfonce l’agro-alimentaire breton.

Il y a d’abord l’héritage d’aides européennes qui ont entretenu l’illusion que l’internationalisation des entreprises bretonnes serait durablement un Eldorado. La déroute du groupe Doux a démontré le contraire avec violence.

Il y a aussi les lourdes conséquences de la directive Bolkestein, adoptée en 2005, qui a organisé la dérégulation du marché du travail en Europe, aboutissant à ce que, par l’embauche à bas prix de salariés fragiles venus des confins de l’Union européenne, la géographie des abattages se soit déplacée vers le centre de l’Europe, entraînant aussi bien la fermeture de tous les unités danoises, que l’exportation de 700 000 cochons bretons par an vers les abattoirs Allemands.

Et puis, il y a, depuis des années, les investissements faits, et soutenus par toutes les collectivités locales bretonnes, qui ont augmenté la capacité globale d’abattage en Bretagne jusqu’à créer une situation de surcapacité.

Tous ces facteurs ont entraîné une perte de compétitivité de plus de 10 % et dans la grande compétition économique qui est malheureusement la règle, ceux qui comme GAD n’ont pas su s’adapter assez vite, paient les pots cassés de façon dramatique.

Il est temps d’engager ensemble l’avenir du modèle économique breton. Pour y parvenir, il faut commencer par cesser la démagogie de ceux qui accompagnent depuis toujours la course à la mondialisation. Ceux là mêmes qui aujourd’hui voudraient se faire passer pour les défenseurs de l’emploi en Bretagne alors qu’ils cherchent simplement à faire porter à d’autres, la responsabilité de leurs échecs. Ceux qui, en tant que libéraux, militaient pour la dérégulation du marché du travail… tout en profitant à plein régime, par centaines de millions d’euros des aides publiques de la PAC. Voilà ce qu’il faut rappeler aux salariés comme aux agriculteurs, ces jours-ci.

On entend dire que l’éco- taxe tuerait des emplois alors même qu’elle n’est pas mise en place. On assiste à une instrumentalisation des inquiétudes des bretons pour mieux masquer ses propres erreurs ! Il faut arrêter de prendre les bretons pour des cons. Il faut dire la vérité : ceux qui refusent d’engager la transition de l’économie bretonne maintenant organisent les défaites de demain.

Puisque dans cet hémicycle certains demandent une période transitoire de deux à trois ans pendant laquelle l’éo-taxe ne s’appliquerait pas. Je leur dis chiche, mais à la condition, et seulement à la condition, que ce temps soit utilisé pour ouvrir des discussions de fonds qui devront conduire à une mutation profonde de l’économie agricole bretonne vers des solutions d’avenir privilégiant l’ancrage territorial et la qualité.

L’heure des choix est venue et il est un secteur qui exprime parfaitement l’importance de savoir anticiper les mutations, nous aurons à en débattre demain, c’est celui de l’énergie.

Il y a deux ans, la décision de madame Merkel de sortir l’Allemagne du nucléaire, confirmant le choix du gouvernement Rose-vert, Schröder-Fischer, avait entraîné des commentaires désobligeants : ces allemands sont fous, ils seront obligés d’importer notre électricité. Aujourd’hui les mêmes commentateurs zélés, crient au scandale de la transition énergétique allemande qui inonde l’Europe de KWh d’origine solaire ou éolien.

L’association des industriels de l’énergie explique aussi ces jours-ci que la surproduction d’électricité renouvelable les contraindra à mettre sous cocon de nombreuses centrales à gaz, faute de rentabilité.

Alors, puisqu’il n’est pas encore trop tard, arrêtons maintenant le projet de centrale à Landivisiau qui nécessiterait de prélever HUIT cent millions d’euros sur les factures acquittées par les usagers bretons, soit vingt ans d’équivalent d’écotaxe appliquée à la Bretagne et investissons massivement dans les énergies renouvelables fortement créatrices d’empois.

Si l’avenir de la Bretagne, est tourné vers la mer, alors en cohérence défendons et protégeons notre littoral comme la qualité de ses eaux, appliquons les principes du schéma de GIZC. Ainsi, il n’est pas possible de laisser détruire la baie de Lannion pour du sable coquillier dont l’extraction devrait créer 10 emplois lorsqu’elle détruira dans le même temps tous ceux liés aux activités de pêche et de tourisme et de commerce de proximité, évalués à 150 environ.

Être écologiste, c’est utiliser au mieux les ressources, les répartir justement, les investir utilement. C’est faire l’examen systématique des dépenses pour s’assurer de leur utilité sociale et environnementale. C’est soutenir une économie plurielle, diversifié et dynamique pour anticiper les mutations. Ce sont ces principes que nous souhaiterions voir ériger en choix politiques à présent. Impulser de nouvelles perspectives pour les bretons et les bretonnes, c’est le seul moyen de protéger la Bretagne des populismes et de l’extrême droite. Et nous mettons en garde, ceux qui si prompts à dénoncer les dérives extrémistes nationalement, remplacent trop facilement le mot français, par le mot breton, sans se rendre compte que cela fait appel aux mêmes ressors dangereux.

Nous souhaitons monsieur le Président… suite aux annonces autour d’un plan d’avenir faites hier, que vous preniez l’initiative d’un grand débat, ici.

Il n’est pas possible de laisser à croire que la Bretagne de 2010 est comparable à celle des années 1950. Si la Bretagne formule auprès de l’Etat, des demandes de soutiens exceptionnels, cela ne peut plus vouloir dire, subventionner à perte des secteurs économiques artificiels, mais obtenir que la Bretagne soit choisie pour accélérer la marche vers l’avenir et que prioritairement, elle soit le terrain d’une agriculture tournée vers la qualité, où la combinaison de la glaz économie, des énergies marines, de la requalification du parc bâti, du haut débit et des réseaux intelligents (smart et supergrids), serve de laboratoire grandeur nature, utile à tout le pays.

C’est autour de cette perspective qu’il nous faut nous fédérer pour affronter les temps difficiles qui s’annoncent. Vous avez le pouvoir d’initiative. Nous attendons une démarche de vérité et de cohérence.

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