Infrastructure n’est pas culture

« Avant de participer au financement d’infrastructures culturelles, il faut bien plus travailler le projet culturel de territoire. Concevoir un plan de cohérence culturelle afin d’installer une vraie coordination de l’offre dans les bassin. Car ce que nous voyons ce sont des salles qui se multiplient à grands coûts de subventions publiques et une offre de spectacles sans cohérence entre des villes séparées de 50 voire 10 km.

Sur le programme sports : la Cour des Comptes vient de rendre public un rapport accablant sur le financement du sport. Elle sanctionne l’abandon du sport pour tous au profit du sport de haut niveau. C’est d’une certaine manière les mêmes reproches que nous faisons depuis plusieurs années à la politique sportive régionale. Faire la part au sport de haut niveau plutôt qu’au sport pour tous, privilégier les projets d’infrastructures plutôt que les moyens humains pour faire du sport un outil d’éducation populaire. »

Retrouvez, ci-dessous, l’intégralité de l’intervention de Yannik Bigouin pour EELV sur les programmes cultures et sports dans le cadre du débat budgétaire du Conseil régional de Bretagne.

Un de nos quotidien régional lançait le débat de savoir s’il n’y-a pas  trop de salles culturelles dans notre région. En voilà un débat intéressant qui devrait nous interpeller ! Si cette question s’ouvre c’est qu’il-y-a un vrai questionnement chez les Bretons. Elle fait écho aussi à de nombreux questionnements que je perçois sur le terrain.

En effet, avant de participer au financement d’infrastructures imputant les lignes budgétaires des programmes culturels, il faut bien plus travailler le projet culturel de territoire. D’abord concevoir un plan de cohérence culturelle afin d’installer une vraie coordination de l’offre dans les bassins de vie en lien réel avec le nombre d’habitants.
Car ce que nous voyons c’est une offre de spectacles sans cohérence entre des villes séparées de 50 voire 10 km.
Va-t-on avoir des régisseur à temps plein mais en fait sans trop de travail car le budget de fonctionnement de la salle moyenne ne pourra pas leur fournir assez de travail ?
Va-t-on avoir une salle  déficitaire et une autre qui se construit malgré tout 50 km plus loin comme à Lannion ?
Va-t-on voir trois salles culturelles se construire en même temps, comme dans les Abers, dans un rayon de 30 km et dont je doute qu’elles ne soient, pour certaines, d’une manière déguisée des salles polyvalentes dont le but est surtout d’accueillir le repas de fin d’année du troisième âge, le loto du club de foot ou le kig ha farz de l’Ogec, o∙ se trouvent les électeurs de 2014… c’est vrai.

Car il-y-a des territoires qui fonctionnent en bonne intelligence pour, ensemble, porter la culture : dans les pays de Quimperlé ou de Pontivy par exemple. Appuyons nous sur ces exemples là pour développer des coopérations locales, plutôt que d’accompagner les rêves de grandeur d’élus frémissant à l’idée d’avoir une salle plus grande que leur voisin. Si au moins cette émulation orgueilleuse d’avoir la plus grande salle gardait l’esprit des juloded des riches paroisses drapières du Léon au 17ème siècles qui ont fait travailler des artistes de l’Europe entière pour faire les joyaux que sont les enclos paroissiaux. Aujourd’hui ce sont malheureusement souvent les mêmes architectes qui sévissent oubliant allègrement le 1% culturel et reproduisant inlassablement leurs plans d’une commune à l’autre sans grand imagination.

Pour finir, et sur un autre registre, un un petit mot d’encouragement pour la politique en faveur des acteurs du livre. Je ne peux que vous féliciter sur ce point. Chacun sait, surtout en ce moment, combien une librairie est bien plus qu’un simple magasin de livre mais bien un espace de rencontres et de savoirs. Gageons qu’elles deviennent des lieux de citoyenneté grâce à notre action pour montrer à voir que le livre est tout sauf un objet mais bien un outil d’émancipation et de compréhension du monde et de soi.
Nous voterons donc pour les programmes culturels (711 et 714).

Sur le programme sports : la Cour des Comptes vient de rendre public un rapport accablant sur le financement du sport. Elle sanctionne l’abandon du sport pour tous au profit du sport de haut niveau. C’est d’une certaine manière les mêmes reproches que nous faisons depuis plusieurs années à la politique sportive régionale. Faire la part au sport de haut niveau plutôt qu’au sport pour tous, privilégier les projets d’infrastructures plutôt que les moyens humains pour faire du sport u outil d’éducation populaire.
Nous nous abstiendrons sur ce programme.

 

 

 

2 commentaires pour “Infrastructure n’est pas culture”

  1. Il se pose aussi le problème du soutien financier des collectivités territoriales aux associtions oeuvrant dans le domaine culturelle en milieu rural.
    Je suis le président d’une association (Melrose) sise sur le secteur de Callac en centre Bretagne. Nous avons pour objectifs de programmer des spectacles de musiques actuelles dans un secteur où la salle la plis proche est à une heure de route (St Brieuc ou Morlaix) et ce à des tarifs qui soient accessibles au plus grand nombre.
    Malheureusement, depuis deux ans nous voyons nos subventions diminuer (moins 10 000 euros) aloors que dans le même temps se construisent des salles de spectacle financées notamment par des subsides publics dans des lieux (urbains ou péri-urbains) qui en disposent déjà. Ces lieux bénéficiant aussi éventuellement de financements publics d’aide au fonctionnement.
    Il se pose à mon avis la question d’aménagement du territoire et de la ruralité. On a plutôt l’impression d’être délaissé en milieu rural et que les politiques d’aménagement tiennent peu compte de nps spécificités et de nos difficultés.

  2. Bonjour, Merci pour votre commentaire. Je suis entièrement d’accord avec vous. Moi même, issu du monde rural et y vivant, je crois qu’il nous faut travailler à plus de structuration sur l’ensemble de nos territoires en visant une égalité même si, bien entendu, l’offre culturelle sera toujours plus importante en ville ou en zone péri-urbaine.
    Il me semble que des dispositifs de coopérations et d’ingenierie doivent bénéficier en priorité aux secteurs ruraux. Redon et Pontivy sont dans une dynamique à suivre dans ce sens. Par exemple le pays de Pontivy a renoncé à construire une nouvelle salle pour mieux aider les artistes sur le terrain par une diffusion et une communication accrue tout en favorisant les résidences. Vous pourriez peut être prendre contact avec eux : (http://www.melrand.fr/fr/actualite/23717/mil-tam-projet-culturel-mis-place-par-pays-pontivy)
    A votre disposition pour échanger avec vous sur ce sujet de la culture en milieu rural qui me tient particulièrement à coeur.
    Au plaisir
    Yannik Bigouin, Conseiller régional

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