Développement du Port de Brest. Oui aux énergies marines renouvelables mais pas seulement…

La Région Bretagne mène depuis près de 10 ans une politique très volontariste en faveur des EMR notamment dans le projet de développement du port de Brest. Selon Janick Moriceau, le Polder ne doit pas être exclusivement dédié aux EMR mais doit intégrer aussi un espace déconstruction voir de remédiation environnementale des boues portuaires. Janick Moriceau revient sur les invertitudes qui demeurent…

 

Janick Moriceau

Janick Moriceau

La Région Bretagne a, notamment, participé aux financements de plusieurs projets portés par le pôle mer, au site hydrolien expérimental de Bréhat. Elle a, également, été à l’initiative de France énergies marines. Elle n’est pas la seule. Entreprises, chercheurs et nombre de Bretons sont aussi engagés à ses côtés comme en témoignent deux rapports du CESER qui leur sont consacrés.
Les énergies marines renouvelables sont une occasion exceptionnelle d’inscrire notre région dans la transition énergétique en cours. Elles constituent l’opportunité de développer en Bretagne, une nouvelle filière industrielle mais au-delà de nouvelles compétences d’ingénierie, de recherche, de développer de nouveaux savoirs dans la médiation et sur les questions spécifiques du suivi environnemental et des études d’impact. Ces derniers aspects doivent pas être vus avec la plus haute attention car constituant des potentiels d’emplois pour les nombreux étudiants bretons, de développement et de création d’entreprises à haute valeur ajoutée. En Bretagne, la concentration exceptionnelle de compétences autour des questions maritimes, constitue, dans un contexte fortement concurrentiel, au-delà du Polder, l’un de nos atouts majeurs, un facteur d’attractivité. Ces compétences nécessitent d’être entretenues, développées, actualisées en permanence, accompagnées de manière efficace par notre Région. Elles constituent sans aucune doute, un élément majeur pour la réussite du projet risqué que constitue le chantier que vous vous apprêtez à lancer.

Aussi, à l’instar de ce que fut le SMVM (shéma de mise en valeur) de la rade de Brest, le conseil régional aurait tout à gagner à associer le secteur universitaire et les grandes écoles de Brest au chantier du Polder, voir développer des projets de recherche-action autour de ce dernier.

N’en doutons pas le développement des EMR doit être vu de manière transversale. Les nombreuses compétences régionales doivent être mobilisées pour faire du projet EMR en Bretagne, un véritable pari pour l’avenir, un succès. Cette indispensable synergie, cette mobilisation multi-sectorielle affichée par le passé, nous ne la voyons plus aujourd’hui : plus de coordinateur, pas de vice-président référent. Car si nous saluons l’arrivée dans les services d’une nouvelle chef pour le projet brestois, son ouverture, les compétences dont elle fait preuve, nous devons garder en mémoire que le projet du Polder malgré son importance, n’est qu’un maillon dans la chaîne EMR. Sa rentabilité ne sera assurée que si en parallèle, de manière coordonnée, la même attention est portée à tous les éléments du projet EMR : logistique, recherche, formation, économie, international pour ne citer qu’eux.

Cela suffira t-il ? Comme d’autres acteurs ayant déposé lors de l’enquête, nous pensons que le Polder ne doit pas être exclusivement dédié aux EMR mais doit intégrer aussi un espace déconstruction voir de remédiation environnementale des boues portuaires. En effet, la solution « poldérisation » ne pouvant se poursuivre à l’infini ! Ces diversifications permettraient de soutenir des flux défaillants de marchandises sur le port de commerce que nous constatons hélas aujourd’hui.

Si nous voulons assurer dans la durée la rentabilité du Polder et une stabilité des emplois cette approche est pour nous indispensable.

Ainsi, vous n’en doutez pas, les élu(e)s régionaux EELV partagent votre intérêt pour les EMR et sont également sensibles au maintien voir au développement du transport maritime dans la mesure, en particulier, où il se substitue au transport routier. Ils ont donc au-delà de cette enceinte participé activement à l’enquête publique.

A cette aune, ils considèrent l’aménagement du Port de Brest nécessaire. C’est, en effet, le seul de l’ouest breton en capacité de développer les infrastructures nécessaires au développement de projets éoliens marins.

S’ils notent, à l’issue de cette concertation, des évolutions environnementales intéressantes, des questionnements importants sont, eux, restés sans réponse. L’inacceptable étant le non traitement des 17 000 m3 de déchets issus du naufrage de l’Amoco Cadiz et qui sont sur le site depuis 37 ans ! Vous ne sauriez, semble t-il, comment mener leur dépollution. Situation hautement paradoxale quand on sait que ces derniers sont stockés à quelques pas du Cedre. Très surprenante aussi puisque qu’un des nombreux stocks qui émaillent le littoral breton, celui de l’ile d’Er a lui été traité.

Nous découvrons, comme beaucoup d’autres choses, et cela nous interpelle sur la relation que vous entretenez avec notre assemblée, au fil des dernières interventions du CESER qu’une étude aurait été diligentée avec le CESER. Qu’en est-il ?

Loin de faire obstruction au projet, les associations, les syndicats ont au cours de ces derniers mois fait de propositions constructives dans le souci de préservation de l’environnement tant terrestre que marin, de la santé des travailleurs et des futurs usagers du merlon paysager. Un dialogue réel s’est engagé, des inflexions ont eu lieu. Il n’en demeure pas moins que ce chantier complexe  a, depuis le premier dossier transmis à l’autorité environnementale, évolué et nous n’en doutons pas, évoluera encore. Cela n’a rien de surprenant : des aspects techniques avaient mal été appréhendés, celui de l’hydro dynamique de la zone du futur terminal sablier, de l’instabilité des fonds marins à proximité d’une zone profonde du talweg de l’Elorn qui a nécessité un déplacement de 100 mètres des ouvrages.

D’autres incertitudes techniques demeurent :

-celui de l’impact environnemental de la construction de la digue d’enclosure de 1200m, en particulier  la turbidité qu’elle pourrait engendrer et qui n’a pas été envisagée.
-celui de l’efficacité des membranes de confinement des pollutions dans un milieu non stabilisé et sur le long terme et par la même, celui du risque non seulement pour l’environnement mais également pour les promeneurs sur un merlon qui concentrera une part importante des pollutions.

C’est donc un dialogue inscrit dans la durée que les associations appellent de leur voeu et ne se limitant pas aux seuls dragages. Entendez-vous répondre à leur attente, avoir ce souci de transparence et d’ouverture fervents d’une démocratie moderne.

Nous voulons croire que cet échange ne restera pas lettre morte mais contribuera à faire que ce grand projet, soit porté par l’ensemble des  bretons. Nous voterons donc POUR les demandes que vous formulez aujourd’hui.

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Le 3 avril 2014, les élu-es EELV étaient sur place auprès des acteurs économiques et associations engagés dans un travail de dynamisation des activités du port. Revoir le reportage.

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