Budget régional. Portons les projets qui ont du sens pour le bien de tou-tes !
Après avoir souligné la clarté de la présentation par le rapporteur du budget régional, René Louail a rappelé avec conviction qu’il est temps de « changer de logiciel » afin de favoriser les territoires et répondre aux besoins de la population. Alors que la Bretagne est la région la moins endettée du pays, les écologistes regrettent toujours le manque d’autonomie dans ses choix: l’Etat continue de regner sur 91% des recettes régionales…A quand une réelle décentralisation, efficace et tant souhaitée ?
Monsieur le Président,
Monsieur le rapporteur général,
Nous y sommes.
Quel qu’ait été le comportement de collectivités locales, qu’elles soient vertueuses ou non, toutes subiront le même coup de rabot annoncé au nom du redressement des comptes publiques du pays.
Bénéficions-nous en contrepartie d’une clarté sur nos droits et nos obligations pour les années qui viennent ? Toujours pas. Avons-nous des compétences mieux définies, un droit d’autonomie fiscale réel ? Nous n’en savons rien. Quand bien même notre région a moins fiscalisé que d’autres, qu’elle s’est moins endettée par le passé que d’autres, on ne lui reconnaît pas le droit d’être adulte et donc autonome dans ses choix politiques. Tant que l’État continuera de régner sur 91% de nos recettes, on ne peut pas parler de décentralisation !
Le budget que vous nous proposez intègre de façon brutale les effets pacte de dit de « responsabilité ». A l’horizon 2017, ce seront 152 millions d’euros de recettes qui auront disparues pour la Région. C’est donc financièrement pieds et poings liées par le pouvoir central que nous allons délibérer sur le dernier budget de cette mandature.
On va pour la sixième fois en deux ans débattre du fait que les recettes chutant et les grands chantiers avançant, l’endettement va augmenter et que les marges vont se resserrer. Il va être question de ralentissement, de difficultés à accompagner les crédits de paiement s’il fallait tenir toutes les lignes au niveau où elles se trouvent. Pourtant, en ces temps de crise d’un capitalisme fou, les besoins de la population et des territoires ne diminuent pas, eux. Nous avons bien sûr tous en mémoire l’héritage de la droite et de ses 600 milliards d’euros de dettes supplémentaire, fruit d’une succession de cadeaux aux plus riches. Mais nous n’acceptons pas que le désendettement se fasse au détriments des catégories sociales les plus pauvres et des territoires fragilisés.
Ces réductions budgétaires contraintes et brutales auront des conséquences pour les entreprises, les associations et tous les projets que la région soutient. Plus l’action régulatrice de la Région se réduira, plus la cohésion sociale et territoriale sera menacée. Le retrait du service public, c’est la loi du plus fort : les populations et les territoires les mieux insérés prospéreront toujours plus, tandis que les moins favorisés dépérirons.
Dans ce climat difficile, nous soulignons le niveau élevé d’investissement de la Région, de l’ordre de 605 millions d’euros. Mais l’investissement n’est pas vertueux en lui-même : il l’est par les objectifs qu’il prétend atteindre. Or, il est clair que nous devons impérativement reconsidérer l’orientation de nos investissements. Ne nous laissons pas éblouir par de grands projets dispendieux, car derrière, il faut bien réduire la voilure sur le reste, tant en investissement qu’en fonctionnement.
Alors que la France se prépare à accueillir la conférence mondiale sur le climat et que tous les voyants climatiques virent au rouge, plutôt que de vouloir toujours plus de centrales gaz, d’aéroports ou de TGV, investissons pour l’avenir et entamons la transformation vers une société de la solidarité et de la sobriété. Le progrès, ce n’est pas de faire plus, mais de faire mieux.
Sortons de la course au toujours plus, toujours plus vite. Nous pouvons faire autrement, nous pouvons la solidarité, nous pouvons le partage. La réussite des 35 heures, l’une des dernières (et déjà lointaine !) mesures emblématiques de la gauche, le prouve. Contrairement à ce que peuvent en dire ses détracteurs, la baisse du temps de travail a été la politique de l’emploi la plus efficace et la moins coûteuse depuis les années 70. Ce n’est pas moi qui le dit, mais le rapport parlementaire, adopté ce 9 décembre à une large majorité par la commission d’enquête relative « à l’impact sociétal, économique et financier de la réduction du temps de travail ». Espérons donc que le premier Ministre, tout comme son ministre de l’économie, aient pris un instant pour y jeter un œil.
Faut-il donc se résigner à l’idée il n’y aurait qu’une seule politique économique possible ? Faut-il se résigner à ce que les crises climatique, écologique, démocratique, sociale et économique nous emmènent au-delà du point de non-retour et nous plongent dans des situations irréversibles ? On voudrait nous faire croire que nous sommes condamnés à choisir entre l’adaptation fataliste et l’indignation stérile : nous, écologistes, nous le refusons. Si nous voulons vivre mieux, travailler décemment et décider au pays, nous devons repenser et réorganiser l’ensemble de nos modèles de production.
Transport, énergie, construction, industrie, etc. : dans tous les domaines, ne ratons pas le train du progrès. D’un progrès non pas synonyme d’une course sans fin au toujours plus pour toujours moins de personnes, mais du bien-être et de la solidarité pour toutes et tous.
C’est possible, comme le montrent les succès de l’agriculture paysanne, de l’économie sociale et solidaire et des milliers de projets citoyens qui émergent ici et là. Ces alternatives sont encore à l’état de germe, il ne tient qu’à nous tous, représentants politiques, citoyens, de les cultiver pour qu’elles s’épanouissent et prospèrent.
Les grandes orientations politiques du gouvernement, tout comme ce dernier budget de la mandature, laissent encore bien trop la place aux forces conservatrices du passé plutôt qu’au champ des possibles d’un nouveau modèle. Mais nous, écologistes, avons le défaut d’être, malgré tout, d’indécrottables optimistes, et espérons, à l’inverse, que les événements à venir permettront d’inverser la vapeur. Nous espérons notamment que la conférence sur le climat en France créera un véritable électrochoc, qu’elle entraînera des synergies nouvelles, avec de vrais projets d’avenir, que les régions et les territoires pourront se mobiliser positivement. ENFIN !
Ne ratons donc pas le train du progrès, Monsieur le Président, ayons, ensemble, une ambition nouvelle pour la Bretagne. Dans tous les domaines, dans tous les territoires, portons des projets qui aient du sens, élaborés sur le long terme avec toutes les forces de la Région. Ne cherchons pas à tout prix à courir à coup de millions d’euros d’infrastructures après une « croissance » aussi illusoire que destructrice et qui ne profite qu’à quelques uns.
Changeons d’ère, tout simplement !