Bretagne 2030 – Comment organiser l’avenir?
Session du Conseil régional de Bretagne des 27, 28 et 29 juin 2012
Bretagne 2030
Dans son intervention, Guy Hascoët pose les fondements des politiques économiques et environnementales à mettre en œuvre dès aujourd’hui afin de ne pas rater train des évolutions à venir. Bretagne 2030 doit s’appuyer sur l’excellent les nombreux travaux prospectifs déjà engagés et notamment le Plan Alter Breton en matière énergétique pour préparer son avenir.
Sur la forme, nous souhaitons qu’un tel chantier soit l’occasion de se projeter en y associant de manière ouverte toutes les composantes de cette assemblée. Sachez que nous souhaitons y être clairement associés.
Sur le fond, un tel chantier est intéressant à plusieurs points de vue :
Anticiper les évolutions à venir : comprendre comment accomplir certains objectifs connus et cerner les chemins qui nous séparent de politiques d’intention de politiques de résultats et ainsi se mettre dans l’optique de déployer les outils, les niveaux de prise en charge à la hauteur des enjeux.
Nous voyons à l’évidence des tendances que la Bretagne va subir, d’autres qu’elle peut choisir, d’autres encore qu’elle peut ou doit organiser pour faire mieux et écarter les nuisances.
è Comment organiser l’offre de services à la hauteur des réalités démographiques (vieillissement, diminution du nombre d’actifs…).
è Comment protéger l’eau et le foncier, les milieux naturels dans des territoires quand 30 à 40 000 habitants supplémentaires vont venir grossir les populations notamment dans les territoires littoraux ?
è Comment organiser la dispersion liée à la pression immobilière qui fait reculer pour les jeunes actifs dans l’intérieur des terres du fait même de la rareté de l’offre de logement et la pression dans les zones côtières ?
Nous devons, dans ce calendrier, isoler dans la performance la totalité de nos bâtiments avec l’ensemble des potentiels pour la filière constructive et industrielle du bâtiment.
Nous devons promouvoir et généraliser la construction performante au plan environnemental et plus accessible socialement. Des pionniers français y sont déjà, des régions de pays européens ont industrialisé ces nouveaux modèles constructifs et en sont au stade de la généralisation…
è Comment réorienter notre modèle agricole vers un modèle synonyme d’emplois par des valeurs ajoutées nouvelles, par une valorisation des ressources et de toutes les productions bretonnes, la structuration d’un réseau de distribution locale. Quelles réorientations permettraient d’avoir retrouvé l’équilibre au plan des intrants nitrates et donc d’avoir résorbé le phénomène des algues vertes ?
è Va-t-on savoir en production comme en industrie d’équipements, profiter de la transition énergétique ? Si les énergies marines sont en pleine évolution, nous n’allons pas assez vite.
Bretagne 2030 peut et doit s’appuyer sur l’excellent plan alter breton qui décrit tous les potentiels, toutes énergies renouvelables confondues, au travers des territoires bretons. Ce plan décrit une Bretagne mâture, détachée de la double dépendance au pétrole et au nucléaire.
Investissements, installations variées, savoir-faire productifs dans certains secteurs, maintenance, régulations, formations, toutes les conséquences de cette grande transition doivent être anticipées. Néanmoins, quand les innovations sont là, nous devons être très réactifs. Nous prenons du retard en matière de formation initiale et continue sur des régions voisines qui ont une carte stratégique à jouer aussi, avec un appui industriel plus marqué du fait de la présence de très grands donneurs d’ordre dans le domaine des énergies.
L’augmentation de la population comme l’étalement entraîneront une mobilité accrue. Toute la question sociale et environnementale va reposer sur la capacité de traiter cette demande autrement, que par le recours accru à l’usage de l’automobile individuelle.
Quelle Bretagne peut assurer une offre de transport efficace entre les territoires et agglomérations, par train comme de rendre possible de se déplacer dans chacune d’entre elle, efficacement, sans devoir recourir à sa voiture personnelle ? Derrière cette réflexion, existent des enjeux d’investissements ferroviaires complémentaires, notamment Nord/Sud, des enjeux d’innovations, alternatives à la voiture, parc partagé dans les zones urbaines…
Quelle stratégie bretonne, rattachée à quelle politique nationale et européenne permettrait de faire mentir cette archi-prédominance de la route en matière de fret ? Quels outils maritimes ? Quels axes de ferroutage évitant la cruelle concurrence avec les sillons voyageurs ?
Traiter la mobilité, c’est peut être aussi éviter d’avoir à se déplacer. Comment repenser l’organisation sociale du travail en ce sens ? Comment utiliser le très haut débit pour faciliter des ruptures comportementales, changer des habitudes, voire les pratiques dans le travail lui-même ?
Comment lors de la mise en place du très haut débit, permettre le mieux-vivre, l’amélioration du lien social, la promotion de services nouveaux au service de la cohésion sociale ou de la performance environnementale, les contenus éducatifs ou formatifs au service de l’amélioration de la formation initiale, continue ou l’éducation populaire ?
Au-delà de la production de l’infrastructure, quels sont les contenus utiles qui doivent être produits, par qui, par le truchement de la mobilisation de quels acteurs ?
Voilà quelques exemples qui montrent qu’une telle réflexion doit mettre en cohérence les évolutions et les tendances et décrire les outils et les modes comme les moyens d’intervention qui permettront d’être au rendez-vous de l’avenir, en ayant réalisé ce qui devait l’être et ayant maîtrisé au mieux toutes les tendances potentiellement néfastes.
Mes chers collègues, je vous remercie de votre attention.