Réorienter l’argent de Notre Dame des Landes vers le TER

« Nous voterons contre le programme aéroportuaire qui continue à mettre sous perfusion d’argent public les nombreux aéroports bretons sans réelle politique régionale rationnelle, tout en soutenant le projet de nouvel aéroport à Notre Dame des Landes. Comment comprendre d’ailleurs que 20 000 manifestants à Quimper, vous font reculer sur l’écotaxe quand 40 000 à Notre Dame des Landes sont considérés avec le mépris habituel.

Parce qu’il nous faut favoriser les déplacements du quotidien, nous demandons que l’argent dédié à notre Dame des Landes aillent à la réhabilitation des lignes TER de proximité qui en ont bien besoin. »

Retrouvez ci-dessous l’intégralité de l’intervention de Gaëlle Rougier sur les déplacements en session budgétaire du Conseil régional de Bretagne.

Gaëlle Rougier, conseillère régionale EELV

Dans un contexte social tendu le TER breton connaît un véritable succès. Succès qui n’est pas sans poser problèmes au vu de la saturation de nombre de lignes intérieures. Nous attendons avec impatience la livraison des nouveaux trains qui vont grandement soulager la situation sur le réseau mais c’est à se demander si cela suffira à assurer un service TER de qualité alors que le nombre d’usagers au quotidien ne cesse d’augmenter.

Le bordereau précise d’ailleurs que le gros des trajets sont quotidiens mais que les trajets occasionnels et loisirs représentent 75% des recettes du TER Bretagne alors que les abonnés y contribuent à 25% seulement. Cette donnée appellent deux observations : il nous faut « fidéliser » les usagers par une haute qualité de service et des tarifs attractifs. La nouvelle tarification jeunes plus simple et plus avantageuse est une bonne chose. La baisse des trajets occasionnels pose tout de même la question du prix des billets hors abonnement. Le train est désormais en concurrence avec de nouveaux usages de la voiture comme le co-voiturage qui propose des tarifs imbattables. Dans un contexte de crise sociale baisser le coût du billet serait juste socialement mais pour mener une telle politique tarifaire encore faudrait-il être en mesure d’amortir le manque à gagner. Cela nous rappelle le besoin cruel et urgent de ressources propres pour mener une politique de transports durable en Bretagne.

La tarification est un élément clé d’attractivité du train. La qualité du service TER, passe aussi par la qualité du service en gare et dans les trains. Nous souhaiterions vous alerter ici sur la suppression annoncée des contrôleurs à bord des trains en première et deuxième couronnes de Rennes. C’est d’ailleurs ce qui est évoqué lorsqu’on sait lire entre les lignes dans l’avenant à la convention que nous votons cette session par cette phrase du point 3 paragraphe 2 : « l’accompagnement doit être adapté au besoin du marché à l’instar de ce qui se fait dans les réseaux urbains. Les trajets courts appellent des moyens d’accompagnements et de contrôle différents avec des équipes mobiles ». Nous considérons que la Région aurait intérêt à être vigilante sur ces points car la présence humaine en gare mais aussi à bord des trains contribue aussi à la qualité du service sur les TER bretons.

En Bretagne, la période récente a vu beaucoup de trajets perturbés par les nombreux travaux en gare et sur les voies. L’éboulement de Morlaix a contribué à la dégradation du service mais ceci n’est pas de notre ressort. Par contre la saturation actuelle des trains, des problèmes de correspondances avec des TGV, des lignes de proximité mal entretenues avec des ralentissements importants ne concourent pas à l’attractivité du TER. Depuis le service 2013, le Nord Finistère a vu son offre de transport se dégrader avec des suppressions de correspondances pour les usagers qui vont jusqu’à Nantes ou Bordeaux et des ralentissements importants. Le mauvais état de la ligne Brest-Quimper retarde non seulement la rénovation de cette ligne mais risque d’induire un coût supplémentaire à la charge des collectivités, pour ne pas dire de la Région. Nous espérons que nous n’en rabattrons pas sur ces objectifs pour rester dans l’enveloppe budgétaire initialement prévue, en tout cas, il n’était en effet pas inutile que la Région rappelle son engagement sur la rénovation de cette axe primordial pour desservir le Finistère Nord et centre.

Nous réitérons aussi, encore, notre volonté d’une étude rapide et sérieuse pour la réouverture d’une ligne Nord-Sud, Auray-St Brieuc, comme le réclament les conseils de développement des pays concernés et qui est un axe structurant d’aménagement du territoire et de développement du fret.

Les projets que je viens de citer nous semblent prioritaires et pourtant tout le projet BGV est tourné vers cette obsession de gagner cinq min entre la pointe finistèrienne et Paris. Un investissement colossal pour quelques minutes gagnées, je pense que beaucoup de bretons ne comprennent pas très bien l’urgence de cet investissement quand le réseau de proximité pourrait être développé plus rapidement. Vous annoncez les travaux sur les axes Carhaix, Guimguamp, Paimpol, Morlaix-Roscoff, Dol-Dinan, Lamballe pour 2014 à 2019. Les délais paraissent optimistes pour des travaux dont les études n’ont pas même débutés. La régénération de ces lignes est importante, nous souhaitons qu’elle se fasse vite.

La question des passages à niveau est aussi emblématique. Ces dernières années le rythme de suppression des passages à niveau dangereux a ralenti et s’est concentré sur l’objectif d’un relèvement de vitesse dans le cadre de BGV. Mais les objectifs de BGV ne peuvent pas occulter les points du réseau qui nécessitent des travaux pour sécuriser ou améliorer le trafic sur les lignes secondaires. Ainsi, nous sommes soulagés de voir qu’une étude pour la suppression du passage à niveau de St Médard sur Ille est prévu rapidement. Il était temps.

Concernant BGV, la commission Duron a pourtant été claire, les mobilités du quotidien doivent être la priorité. On sent que cette recommandation pourtant de bon sens vous chagrine et contrarie vos plans. Vous n’avez pas pris la mesure de cette recommandation, quand monsieur Duron vous disait que le budget de votre projet était beaucoup trop élevé, il aurait été encore temps de changer votre fusil d’épaule et de réfléchir à un projet moins coûteux. Mais vous tenez à ce projet coûte que coûte, avec une ligne nouvelle Rennes-Nantes via un aéroport que nous finançons également. Cet entêtement est difficile à comprendre. Changer de braquet ce n’est pas se dédire, c’est prendre la mesure du contexte économique, environnemental et s’adapter. Cette promesse du candidat Le Drian est aujourd’hui loi d’airain qu’on ne peut remettre en question, qu’on soit écologiste ou socialistes d’ailleurs.

Mais il faudra bien un moment affronter une vérité simple : nous ne sommes pas sûrs de pouvoir financer cette ambition ferroviaire dans un contexte de désengagement croissant de RFF et la SNCF et en l’absence de ressources fiscales autonomes.

Selon ces considérations, nous voterons pour le programme 531 avec un point de vigilance sur le niveau d’exigence que la région doit avoir quand au service que la SNCF fourni aux usagers du TER. Nous nous abstiendrons sur le 532 car si nous reconnaissons l’investissement fourni par la Région pour le développement du TER, vous le savez nous ne partageons pas votre philosophie concernant BGV, concernant les Lignes Nouvelles Ouest Bretagne Pays De la Loire et votre ordre de priorité des travaux à engager. Bien-sûr nous ne pouvons que voter contre le programme aéroportuaire qui continue à mettre sous perfusion d’argent public les nombreux aéroports bretons sans réelle politique aéroportuaire régionale rationnelle, tout ça au nom de l’aménagement du territoire, tout en soutenant le projet de nouvel aéroport à NDDL, comprend qui peut. Comprend qui peut aussi comment 20 000 manifestants à Quimper, nous font reculer sur l’écotaxe quand 40 000 à NDDL sont considérés avec le mépris habituel.

 

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