Intervention d’Anne Vignot lors Débat sur les orientations budgétaires 2016
Nos orientations budgétaires au delà de montrer la bonne gestion de la Ville disent l’engagement pris vers un changement structurel de son activité et son organisation. La Ville fournit des efforts organiques pour réduire les couts de fonctionnement et d’investissement sans abandonner l’enjeu des services publics. Pour une ville qui était déjà dans la maitrise de son budget, l’effort est donc considérable. Je tiens ici a saluer le travail fait par les services de la Ville pour encore plus optimiser l’action publique dans ce contexte.
Pourtant, il n’est pas question de laisser croire que réduire le fonctionnement et l’investissement puisse être une solution en soi pour alléger la situation des bisontins comme certains voudraient le faire croire.
La Ville en maintenant son rôle public pour tous, malgré les contraintes budgétaires, protège l’égalité des chances, lutte contre la précarité, mais aussi accompagne les initiatives tant citoyenne que de l’entreprise, stimule la créativité et cultive les écosystèmes du développement. Les habitants de Besançon savent que si la Ville réduisait les coûts des services publics, en les externalisant ou en les abandonnant, creuserait une fracture sociale déjà constitutive de la crise de l’emploi. Réduire les services publics s’est en réalité remettre en cause l’ascenseur social, abandonner les enjeux de la formation de toute la jeunesse, laisser s’éteindre l’intergénérationalité…
Je tiens ici à souligner l’importance des politiques de développement durable qui ont été menées jusqu’ici dans la ville et saluer le travail des services dans cette orientation que nous pourrions appeler une orientation d’économie positive puisque sur le long terme.
Cette politique de développement durable est importante pour la gestion économe de la ville, pour la bonne santé de la population et pour la capacité de résilience que ce développement durable génère. Nous en verrons des éléments chiffrés dans le prochain rapport dd de notre Ville. Mais dès à présent, je vous invite à tourner vos regards vers cette ville jumelle : Fribourg en Brisgau qui s’est reconstituée et s’est profondément ancrée dans une dynamique économique, éducative et de bien vivre, stimulante et formidablement attractive parce qu’elle a opté structurellement pour le développement durable voici de nombreuses années. Son attractivité est due à ce que trop souvent encore en France d’aucun nie du développement durable.
Je tiens à rappeler tout particulièrement aujourd’hui ce qui fut et reste à l’origine de l’engouement de la population fribourgeoise pour modifier radicalement sa ville : son engagement contre le risque nucléaire. Ces fribourgeois tournent aujourd’hui un regard inquiet du côté français.
Le constat d’une ville qui a opté pour le dd comme politique d’avenir me fait revenir sur certains éléments d’analyses inscrits dans nos OB qui doivent nous interroger et nous alerter sur l’urgence de changer de paradigme et qui confirme le lien organique entre territoire local et mondialisation, entre bisontins et habitants de la sphère mondiale.
En effet, Le climat d’affaires auquel nos orientations budgétaires font référence P3 ainsi que l’interprétation économique qui en est faite pourrait induire que nous ne changerions rien de la façon d’appréhender les mécanismes économiques et la façon de proposer des politiques de relance au niveau national. En effet, lorsque l’on dit que fin 2015-début 2016, des signaux confirmeraient une croissance, cela nous interroge d’autant plus que le constat sur lequel cette embellie s’appuierait, viendrait du fait que la hausse du pouvoir d’achat des ménages serait favorisée par un prix du pétrole bas et la baisse des taux d’intérêt en lien avec la politique de la Banque Centrale Européenne. Ainsi, nous trouverions un essor dans la consommation énergétique et dans la capacité à jouer la financiarisation par le biais de la banque centrale européenne.
Or cette perspective est en complète contradiction avec l’engagement pris au niveau mondial lors de la COP 21 pour une société qui relocaliserait l’économie, dont l’agriculture, abandonnerait le plus rapidement possible les énergies fossiles et dynamiserait une complémentarité des territoires plutôt qu’une compétition mortifère.
Par contre, cette dynamique de croissance trouverait bien sa légitimité dans la signature d’un traité ultra libéral tel que les pays semblent vouloir le signer avec le traité transatlantique dit TAFTA.
Comment faire pour que nos territoires restent maitre de leur destin et garde leur part d’autonomie face à une mondialisation dévorante ?
Est-ce que nos orientations budgétaires nous engagent dans des politiques territoriales qui garantissent la sécurité des populations face à des enjeux globaux et leur retombée sur le pouvoir d’achat des bisontines et bisontins ?
Je prendrai pour illustration de ce questionnement, la question énergique qui comme on le lit dans le texte de nos OB pèse sur la santé de notre PIB et celle du pouvoir d’achat des ménages. Le pétrole préside encore nos marchés, nos villes et nos vies. Il est urgent de s’orienter vers plus de transition écologique et énergétique en cohérence avec les engagements signés lors de la COP21.
Une Ville ou une agglomération sont en mesure de s’emparer de tels enjeux. La Ville de Besançon est engagée dans cette voie.
Par contre ce n’est pas en tablant sur un pansement comme le prolongement de la durée de vie de centrales nucléaires que nous inscririons la France dans un avenir innovant, rentable et autonome. Juste un rappel quant à la dépendance de la France, l’uranium n’est pas issu de son territoire. Je rappellerai aussi qu’elle prend une responsabilité unique quant au risque nucléaire pour sa population mais aussi pour celle des pays voisins sinon plus globalement pour la planète.