Nous apprenons aujourd’hui que la députée – maire de Morteau, madame Annie Genevard, considère que la pose d’une plaque rappelant la déportation de deux enfants d’une école primaire de Morteau serait un acte trop choquant pour les enfants de cette écoles.

On ne peut qu’être pour le moins surpris et interrogatif devant une telle argumentation. Faut-il édulcorer l’histoire pour ne pas heurter les sensibilités ? Faut-il penser à ré-écrire les livres d’histoire ? Faut-il en urgence débaptiser toutes les écoles Jean Moulin ? Faut-il cacher aux enfants les parts d’ombre de notre histoire ?

On continue hélas encore aujourd’hui à vouloir minimiser la participation des Français à la collaboration, surtout localement. C’est une erreur, et le travail des élèves et enseignants du lycée Edgar-Faure est justement un travail exemplaire, un travail de fond pour ne jamais oublier. Ce travail rend d’autant plus incompréhensibles les mots de madame Genevard : « nous préférons la réflexion à l’émotion« .

Où était madame Genevard quand, pour surfer sur la vague d’émotion immédiate justement, le président Sarkozy avait exigé une minute de silence dans toutes les écoles suite à la tuerie de Toulouse en mars 2012 ? Où était madame Genevard quand, sans aucun travail préalable, le même président Sarkozy voulait instrumentaliser l’histoire en faisant lire la lettre de Guy Mocquet aux élèves ?

Madame Genevard s’est-elle interrogée sur le fait que, lorsqu’elle déclarait à la tribune de l’Assemblée Nationale que les enfants qui ne vivent pas dans une famille avec des parents hétérosexuels subissaient des « conséquences psychiques et psychologiques« , ces propos puissent choquer ces enfants ?

Cette troublante conception de ce qui doit être dit ou pas aux enfants n’est pas sans rappeler la volonté de la mairie de Morteau de mettre au pas le programme pédagogique de la MJC de Morteau : tout ce qui ne correspond pas à la vision du monde de madame Genevard doit être écarté. Ce n’est pas l’idée que Europe Écologie les Verts se fait du rôle d’un élu de la République.