Le basculement numérique : une région, trente propositions

Par Juliette Espargilière (compte Twitter), adhérente EELV, candidate aux régionales sur la liste Ile-de-France.

Citoyenneté numérique

  • Soutenir la mutualisation des archives et fonds de bibliothèques et de musées
  • Favoriser l’ouverture d’internet gratuite dans les lieux publics
  • Développer la gouvernance participative territoriale
  • Développer les espaces et les outils de coproduction de l’information
  • Doter les associations, LivingLabs et EPN des moyens de sensibiliser et former les internautes à la protection de leurs données personnelles
  • Créer des modules de formations continue et professionnelle à la protection des internautes
  • Créer des dispositifs décentralisés d’alerte à l’atteinte à la vie privée pour faciliter l’exercice du droit

Création et Innovation

  • Formaliser, en partenariat avec les chambres de commerce et d’industrie et les OPCA, le métier de Data Editor pour encourager les créateurs de données
  • Favoriser l’émergence d’une économie de la contribution, par la mise à disposition de lieux, d’infrastructures, de compétences et de relais de diffusion
  • Favoriser la mise en réseau des créateurs  et financer les moyens de diffusion des formations pair-à-pair
  • Faciliter l’auto-archivage des travaux de recherche
  • Permettre aux EPN de proposer un éventail de conférences spécifiques liées aux compétences clés du marketing digital
  • Introduire des critères de développement participatif, de coopérativisme, de troc, d’échange, de monnaies alternatives et de pair à pair dans le financement public des projets innovants
  • Elargir l’accès aux formations aux compétences clés du reporting
  • Permettre la mutualisation des ressources en débit réseau, la création de fournisseurs locaux issus d’une mutualisation des usagers.

Intelligence économique

  • Au titre de l’action privilégiée de la région en matière de développement économique et de l’innovation, devenir partenaire du comité de pilotage de l’IE en Ile-de-France
  • Au titre du développement des territoires, proposer une mutualisation des outils d’information et de cartographie des structures économiques innovantes
  • Diffuser les bonnes pratiques et le cadre juridique de la Veille en utilisant le maillage territorial institutionnel et associatif existant,
  • Soutenir la mise en réseau des projets d’innovation environnementale
  • Favoriser la sécurité numérique et économique des projets ESS innovants, notamment en modèle « open »

Tiers Lieux

  • Favoriser le partenariat de ces structures  avec les employeurs « grands comptes » et les entrepreneurs individuels
  • Privilégier le partenariat avec les collectivités territoriales pour consolider le modèle économique des espaces de coworking
  • Appuyer la création d’espaces de coworking dans des zones de grande couronne identifiées comme porteuses par les usagers
  • Soutenir les EPN dans leur travail sur la transition numérique des ménages, des associations et des entreprises et les valoriser
  • Soutenir les ateliers consacrés aux métiers du numérique
  • Défendre la mission de développement de territoire des EPN, notamment sous l’angle des solidarités numériques intergénérationnelles
  • Valoriser l’approche « tout public » et intergénérationnel des ateliers de fabrication (marchés publics)
  • Soutenir l’autoproduction participative
  • Valoriser l’apprentissage pair-à-pair (VAE, livrets de compétences etc.)

  

Citoyenneté numérique

1)    Communs

Que désigne-t-on sous le mot « Communs » ? Empruntons la définition au manifeste du collectif Savoirs Com1 : « il s’agit d’abord de ressources que nous voulons partager et promouvoir, que celles-ci soient naturelles – une forêt, une rivière, la biosphère -, matérielles – une machine-outil, une imprimante – ou immatérielles – une connaissance, un logiciel, l’ADN d’une plante ou d’un animal –. Il s’agit aussi des formes de gouvernance associées à ces ressources, qui vont permettre leur partage, le cas échéant leur circulation, leur valorisation sans destruction, leur protection contre ceux qui pourraient atteindre à leur intégrité.»

Définition à laquelle, en matière de politiques publiques est accolé l’objectif suivant : « Placer les politiques publiques sous le signe des communs signifie garantir l’interopérabilité, la lisibilité, l’appropriabilité et la citabilité des communs de la connaissance, et contribuer au développement d’une culture de l’information de nature à favoriser le développement des connaissances et des apprentissages. »

Le Manifeste convivialiste souligne de son côté la connexion suivante : « Les technologies de l’information et de la communication multiplient les possibilités de création et d’accomplissement personnel (…). L’exemple de wikipedia ou de Linux montre l’étendue de ce qu’il est possible d’accomplir en matière d’invention et de mutualisation des pratiques et des savoirs. »

Or se fait jour l’accusation, à l’égard des contributeurs, de favoriser « l’uberisation de l’économie ». Hugues Sibille par exemple, président du Labo de l’ESS, dénonce les errances d’une économie collaborative déconnectée des enjeux d’intérêt général (Uber, Airbnb…), et appelle à remettre la coopération au cœur des objectifs de l’économie collaborative. En bref : favoriser une économie contributive, oui, s’affranchir de l’intermédiation qui garantit le droit du travail et la protection des acquis sociaux, non. Pour ce faire, il en appelle au tissu des entreprises de l’économie sociale et solidaire. « L’ESS doit rapidement établir les liens qui s’imposent avec l’approche des biens communs » (Tribune La Croix, 20 juillet 2015).

Il y a donc un fort enjeu politique à ce que la notion de Communs entre dans le vocabulaire de l’action publique, pour caractériser un projet d’avenir soutenable, désirable et émancipateur.

 2)    Open models

Après le terme d’open source » dans le domaine informatique pur (le « libre ») qui consiste attribuer une licence ouverte au code source d’un programme (creative commons), sont venus ceux d’open data, open manufacturing, open access (sciences), open design, free-to-play, data journalisme… Ils forment ce qu’on appelle les « Open models » au sens large. Une multitude d’alternatives aux usages en silot traditionnels, qui renouvellent les paradigmes de production sociale, culturelle, économique. Ils sont à lier étroitement à la notion de Communs dans la mesure où ils puisent dans une prolifération de culture partagée pour la réalimenter, la transformer, se réapproprier ses outils, produire et agir, dans un continuum allant de la contribution bénévole à un modèle économique marchand innovant.

Open data, data journalisme

Les premières démarches d’ouverture des données publiques ont eu lieu il y a cinq ans. Difficile à mesurer économiquement, le rapport de McKinsey de 2013 prêtait à la démarche une valorisation entre 3 220 et 5 290 milliards de dollars annuels. Je renverrai sur cette question précise à l’excellent livre Open Models, les business models de l’économie ouverte et en particulier à son article Open Data : show me the money rédigé par Louis-David Benyayer et Simon Chignard.

L’émergence du terme a eu lieu en 2007 en Californie, et correspondait  la demande de données brutes visant à l’émergence d’une contre-expertise citoyenne. La demande de données brutes vise à l’émergence d’une contre-expertise citoyenne, à « l’encapacitation » ou « empouvoirement » (« empowerment »), en donnant un appui statistique permettant de vérifier les agrégats sur lesquels se fondent les arbitrages politiques. Les démarches d’open data étant essentiellement portées par les acteurs publics, et étant les seuls à y être contraints, si le mouvement visait à l’origine tous les détenteurs de données, on parle aujourd’hui essentiellement d’ouverture des données publiques.

Le rapport produit sous la direction de Laurent Chevereau sur l’open data à la lumière des données de mobilité montre qu’une réflexion globale visant à créer un espace collectif qui rassemblerait des données « privées » et celles qui ont vocation à appartenir aux Communs est nécessaire. Car à la lumière de plusieurs études, l’open data des collectivités territoriales sous sa forme actuelle ne s’avère pas suffisante à elle seule à remplir ces objectifs ambitieux. Sont en question :

  • Les freins liés à l’appréhension à mettre en ligne des données dont la qualité n’est pas fiable à 100%
  • Le risque de monétisation de ces données par les géants privés
  • La perte de maîtrise et d’expertise de la donnée par ses diffuseurs
  • Les difficultés de mutualisation des démarches
  • Un cadre juridique complexe (loi de propriété intellectuelle, protection des données personnelles imposant l’anonymisation ou le consentement)
  • Le poids du lien contractuel entre collectivités et fournisseurs de données, le prestataire pouvant rester propriétaire des données

À souligner tout de même les initiatives marquantes du secteur, notamment le collectif « Regards citoyens », avec sa mise à disposition des intérêts des parlementaires sous forme de bases de données brutes : en une semaine, 8000 personnes avaient libéré les données manuscrites des déclarations d’intérêts que l’HATVP n’avait publiées qu’en versions scannées.

Citons également la ville de Rennes, première ville à mettre en place l’Open Data, et qui regorge d’expériences de terrain reproductibles ailleurs en France, sur les mobilités notamment mais aussi sur les données de pollution grâce à la distribution de capteurs, ou encore sur la santé, moyennant une anonymisation extrêmement rigoureuse des données avant ouverture à la consultation.

Il faut à ce stade distinguer deux termes : l’open data et la donnée contributive. Dans le premier cas, c’est l’organisation ou la collectivité qui ouvre ses données à la consultation et à la réutilisation. Dans le deuxième cas, ce sont les citoyens qui, volontairement et de façon anonyme, alimentent une base de données commune. Ainsi, quand les cyclistes alimentent une cartographie ouverte des trajets possibles à vélo, il s’agit de projets contributifs. Si la collectivité met à disposition sa cartographie des équipements en pistes cyclables, il s’agit d’open data. S’ils sont complexes à mettre en place, les projets qui mêlent les deux aspects sont néanmoins souhaitables dans la mesure où, conformément à ce que nous souhaitons, il permettent aux citoyens de se réapproprier et de participer activement à l’élaboration et à l’évaluation des politiques publiques.

Mentionnons enfin le « fact-checking » participatif, c’est-à-dire la vérification des faits, voit également le jour, dont la communauté regroupe à la fois des journalistes, des bloggeurs, et des citoyens… l’Elysée s’est pris au jeu, à sa manière, en ouvrant un compte twitter dédié au fact-checking :  @Elysee_com, sous la houlette de Gaspard Gantzer, le directeur de la communication de la présidence.  

3)    Neutralité du net

Le concept n’est pas intuitif, il touche pourtant au quotidien des internautes.  En France, une alerte récente à la neutralité du net a été déclenchée par des accords commerciaux entre Youtube avec SFR, au détriment des autres plateformes vidéo. Or le principe de la neutralité, ou « loyauté des opérateurs », est de transmettre les données sans en examiner le contenu, sans privilégier aucun fournisseur ni aucun protocole.

Une fois ceci posé, reste le problème de la quantité de bande passante nécessaire à assurer ces flux vidéo : Netflix consomme à lui seul jusqu’à 34% de la bande passante nationale aux USA aux heures de pointe. En France, les serveurs de l’entreprise sont reliés au réseau des fournisseurs d’accès par des accords commerciaux. Ainsi, quelques mois avant son installation en France en juillet 2014, France IX lui a accordé 100 Gigabits de bande passante. Et en devenant un service de télévision (IPTV) par accord avec certains opérateurs il bénéficie d’une priorisation de flux, et ce moyennant une commission.

Comment la mécanique à l’œuvre dans l’internet dit « de divertissement » peut elle être mise en accord avec l’idéal de pair-à-pair au fondement d’internet ? Comment articuler massification et libre choix ? Netflix en représente un cas limite parmi d’autres.

4)    Vie privée

La littérature concernant le droit à la vie privée ayant déjà donné lieu à nombre de préconisations dans le sillage de la loi dite « Renseignement », aussi je me concentrerai ici sur un seul phénomène peu mentionné jusqu’ici me semble-t-il : les data brokers.

La Federal Trade Commission (FTC) a produit en mai 2014 un rapport sur les courtiers en données, les « Data Brokers » en anglais dans le texte. Ces données rassemblent des informations personnelles sur des consommateurs et les fournissent aux entreprises moyennant finance. «L’ampleur du profilage du consommateur aujourd’hui signifie que les courtiers de données savent souvent autant – voire plus – sur nous que notre famille et nos amis » (Edith Ramirez, président de la FTC).

Ces sociétés de courtage n’ont pas de relations directes avec le public, elles s’appuient sur des sources diversifiées et négocient les données entre elles. En jeu, la sécurité des données personnelles (engagements politiques, syndicaux, expression des idées, convictions religieuses), familiales, bancaires, de santé…


5)
    Création, recherche

La capacité de publication immédiate ouvre théoriquement à la possibilité de se constituer en auteur de contenu.  Mais l’expansion massive du « statut » d’auteur n’a pas été socialement anticipée, et cette participation à la vie culturelle, citoyenne, sociale, ne se fait pas sans heurts avec un certain nombre de reconnaissances et de droits traditionnels. D’où l’idée de « souveraineté technologique », qui consiste à rechercher « sous quels types de processus sociaux apparaissent les technologies et comment certaines amplifient notre autonomie » (Alex Haché). Nous passons, en suivant ce fil, de la production d’une technologie à une technologie appropriée, vectrice de création. Nous y reviendrons avec les EPN et les fablabs dans la partie suivante.

L’étude Copyright and the value de l’Intellectual Property Office au Royaume-Uni se penche sur 22 petites entreprises créatives qui réutilisent des contenus issus du domaine public en vue de commercialisation. Comme l’explique le blog S.I.Lex, « Les répondants ne semblent pas particulièrement handicapés par l’absence d’exclusivité sur les matériaux qu’ils utilisent », « Par contre, nombreux sont les projets qui déclarent avoir rencontré des difficultés pour déterminer clairement si des contenus appartiennent ou non au domaine public. Ils signalent aussi des problèmes pour accéder à des copies numériques d’oeuvres du domaine public, de bonne qualité et réutilisables. »

La 1ère plateforme d’archives de recherche en Sciences Physiques, Arxiv a été créée 1991. Aujourd’hui, 30% des publications scientifiques mondiales sont en libre-accès, dont 2/3 en auto-archivage. 50% des institutions ont des projets d’archives ouvertes aboutis, mais 15% ne l’envisagent pas du tout. En matière de mise à disposition des publications de recherche, tant en sciences exactes qu’en sciences humaines et sociales, le rapport IPP de juillet 2015 montre que plus une publication met de temps à être publiée en libre accès (délai de « barrière mobile »), plus son nombre de vues par an est faible. Il s’agit donc de tenir d’une main deux impératifs : la préservation de l’édition et la diffusion la plus large possible des travaux de recherche. Bien que les pistes légales du processus soient nationales et supranationales, ce travail prend appui sur des conditions de production, de stockage, de diffusion qui peuvent être régionales.

 

Intelligence économique et économie de l’innovation

En matière de numérique, les outils ne sont pas condamnés à suivre leur destination initiale. Ils sont conçus, appropriés, détournés, réappropriés, dans un flux continu d’innovation et de création. De la même façon, si l’intelligence économique est un outil de l’économie de marché, concurrentielle et productiviste, ses outils (la veille, la sécurité et l’influence) sont réappropriés par des lanceurs d’alerte, des ONG, et des acteurs de l’économie solidaire.

Citons par exemple le récent scandale de l’opération de veille et d’influence pro-kremlin, qui engendre en miroir l’opération de veille et d’influence des acteurs de l’open source. C’est somme toute une remise au goût du jour l’arroseur arrosé : « tu me regardes donc je vois que tu me regardes et je te regarde ». D’où une question d’ordre politique : comment favoriser l’appropriation et le bon usage de ces outils ? Comment promouvoir dans un monde technique existant une économie soutenable et souhaitable ?

1)    L’intelligence économique : un levier d’action publique ?

Au plan national

En 2008, le coordonnateur ministériel à l’intelligence économique du ministère de l’Economie, le ministère du Budget et le club secteur public du Conseil Supérieur de l’Ordre des Experts-Comptables avaient élaboré un programme de sensibilisation des PME à l’intelligence économique. Il avait été mis en place dans 7 régions. A l’échelle d’un département rural, la Drôme, 72% des entreprises pratiquent la veille et/ou la recherche d’informations ciblées et 22% d’entre elles ont un budget dédié. C’est un changement des pratiques dont s’est saisi l’Etat, non conçu en termes de développement soutenable mais bien pour une lutte concurrentielle,

Une première définition du rapport Martre : « Ensemble des actions coordonnées de recherche, de traitement et de distribution en vue de son exploitation, de l’information utile aux acteurs économiques. Ces actions sont menées légalement avec toutes les garanties nécessaires à la protection du patrimoine de l’entreprise. » Plus récemment définie par l’Etat au sein d’une délégation interministérielle, la D2IE, comme une « forme de gouvernance fondée sur la maîtrise et l’exploitation de l’information stratégique pour créer de la valeur durable dans une organisation. » Cette délégation s’inscrit dans ce qui est décrit comme un contexte de montée de l’interconnexion des économies, et ce faisant, une intensification de la concurrence et une fragilisation économique des PME françaises. Ainsi définie, elle se décline en plusieurs axes dont : La veille (l’anticipation), la maîtrise des risques (la sécurité), l’action proactive (l’influence), mais aussi la formation, l’animation etc.

Pour saisir l’esprit dans lequel cet enjeu est circonscrit par l’Etat aujourd’hui, on peut se référer au Guide du routard de l’intelligence économique : « les entreprises sont obligées de revoir leur approche de l’information : il faut à la fois organiser le partage de l’information afin de la capitaliser en interne, tout en la protégeant des appropriations malveillantes ». Elle y est donc vue, somme toute, comme un moyen de protéger les acteurs économiques français d’une économie mondiale vue comme essentiellement menaçante pour le patrimoine entrepreneurial français. Comme en attestent nombre de publications du site portail-ie.fr : dans la rubrique TIC et systèmes d’information nous  trouvons pêle-mêle des articles sur les projets innovants, mais aussi des flashs de la DCRI, ou encore en mars dernier le compte-rendu d’une conférence intitulée « La réalité de la menace économique ».

Au plan régional – une organisation déconcentrée

Le dispositif régional d’intelligence économique est mis en œuvre par les préfets de région depuis 2003. Le pilotage opérationnel est assuré par un coordinateur régional organisant un comité régional composé de représentants de l’Etat auxquels se joignent des représentants institutionnels et éventuellement les Régions.

En Ile-de-France, de nombreux partenaires institutionnels sont membres de ce comité : la Direccte IDF, la D2IE, la DRTT, l’ANSI, le DPSD, l’INPI. S’y joignent la CGPME, le Medef, le CDSE, l’EGE (« Ecole de Guerre Economique ») etc.

Le schéma stratégique 2012-2015 pour l’Ile-de-France propose entre autres de :

  • Protéger les axes de développement du Grand Paris
  • Renforcer la coopération interinstitutionnelle
  • Lutter contre les transferts de technologies imposés
  • En déclinaison de ce document cadre, la feuille de route 2015 appuie sur trois axes :
  • Connaitre : cartographie, club de l’IE, audits des pôles de compétitivité
  • Diffuser : documents et événements de sensibilisation, formation des professionnels
  • Conseiller, accompagner les PME

La veille

C’est l’observation attentive de l’environnement technologique, commercial et juridique, ayant pour but d’anticiper les évolutions de contexte. 155 millions des sites internet sont actifs, l’enjeu n’est plus de « trouver » l’information, mais d’évaluer, de catégoriser, d’analyser.

La sécurité économique

Dans ce contexte, elle est conçue comme une façon d’allier ouverture et maîtrise des risques, dont les suivants : les actes d’ingérence, les atteintes aux savoir-faire, les atteintes financières, informatiques, l’exploitation de failles dites « humaines », les atteintes à l’image et à la réputation etc.

L’Influence

Il s’agit ici de jouer sur le contexte, « d’élaborer des stratégies d’action destinées à saisir les opportunités et à convaincre les décideurs ». L’influence, c’est un concept qui coiffe la compréhension globale des sphères d’interactions, des communautés, des écosystèmes. C’est aussi la volonté de façonner son environnement, une action recherchée tant par les acteurs dits « économiques » que par les organismes à visée sociale ou, plus largement, non lucratifs.

L’essor de cette discipline a fait apparaitre des spécialisations métiers transverses comme le « data scientist » ou encore le « data officer ». Du côté des solutions logicielles, citons par exemple Gephi et Linkurious (outils graphs) ou encore Visibrain (plateforme de veille twitter). On retrouvera dans ce domaine une superposition avec une partie des métiers du marketing digital. Des outils très grands publics comme Google Analytics sont également utilisés.

Big data

Le « data-mining », c’est-à-dire le fait de tirer parti d’un volume important de données en provenance d’une source unique, est un chantier ancien. De nombreuses solutions logicielles ont vu le jour ces vingt dernières années pour aller en ce sens.

Ce qui a changé, c’est l’essor des « méga-données », c’est-à-dire la convergence entre plusieurs bases de données différentes avec un volume important et dans un temps très court, une grande variété des données (vidéo, audio, images, textes), et des provenances très distinctes (réseaux sociaux, données publiques, commerciales, académiques etc.). Ces données sont hébergées en différents endroits (du globe) et structurées différemment. L’enjeu devient alors de mettre en place des règles de gestion, de segmentation, et de dépersonnalisation, le tout en temps réel.

2)    L’emploi  et la formation

Marketing digital 

L’enjeu du classement et de la réutilisation des données binaires (images, audio, vidéo, documents post-print), ainsi que les différents régimes de droits qui leurs sont attribuées (licences, droits d’auteurs, régime de diffusion, de modification, de vente etc.) conduisent les utilisateurs de média à organiser numériquement leurs ressources. C’est ce qui signe l’essor des solutions logicielles de « media asset management », sous catégorie des logiciels de Gestion des Ressources Numériques, ou en anglais dans le texte, Digital Asset Management, qui organisent également les logiciels et matériels informatiques de traitement de ces données. Ces logiciels peuvent être « open-source », ou « propriétaires », Adobe se plaçant des solutions propriétaires depuis son rachat en 2013, pour 600 millions d’euros, de la startup française NEOLANE.

Dans cette jungle technique, de nouveaux métiers (« Chief Digital Officer » par exemple), de nouvelles compétences, et pas à proprement de parcours académique à ce jour. Cette fonction, transversale, qui doit tisser un lien entre communication et informatique, appelle une transition forte des pratiques entrepreneuriales et appelle à se repérer dans une jungle d’outils, aussi tarde-t-elle à se mettre en place.

Ont donc évolué : la technicité, la diversité, la masse et la temporalité notamment, ce qui sa transcription dans l’emploi et la formation. Parmi les milliers de métiers liés au numérique, voici les récentes évolutions du marketing digital :

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Source : IAB France

Une étude qui recense par ailleurs les métiers les plus matures : Consultant IT, Administrateur réseaux, Intégrateur web, Développeur multimedia, Chef de projet technique

Ceux qui sont « amenés à durer » : Data scientist, Chef de projet web mobile ou e-CRM, Responsable stratégie, Directeur digital marketing, Chargé de communication web, Consultant web analytique

Avec une série de compétences clés : Gestion de projet, Leviers de performances (KPI), Maîtrise des outils d’analyse, Social media, Gestion de bases de données / CRM, SEO

Compétences qui peuvent être acquises : Par la pratique, en séminaires ou en mooc, en formation continue longue ou en grande école

On notera que ces métiers n’interviennent pas seulement dans le secteur marchand comme le mot « marketing » pourrait le laisser croire. Tout salarié, tout bénévole, qu’il travaille dans une entreprise, une association, un mouvement citoyen ou une collectivité territoriale, peut être amené à exercer l’une de ces compétences. D’où la nécessité de veiller à ce qu’elles soient prises en compte indépendamment de leur destination supposée. 

Sur un plan large : l’économie de l’innovation

Le CESE rendait déjà, en 2006, nombre de préconisations dans le domaine de l’intelligence économique, dont les suivantes :

  • Propositions pour les entreprises :
    • sensibilisation des dirigeants,
    • organisation (création de labels, octroi de moyens),
    • o   anticipation des évolutions sociétales (développement durable, droits sociaux, transparence financière)
  • Propositions pour les « facilitateurs » :
    • coordination et mise en réseau,
    • formations continues,
    • financement via OSEO,
    • actions locales via les Fonds Régionaux d’Aide au Conseil pour financer la définition de stratégies d’intelligence économique dans les PME.

Le rapport Ambition Numérique du CNNum insiste à son tour en 2015 sur le potentiel du secteur : 7566 salariés dans les startups en 2013, +22% en 2014, dont 91% en CDI.

Il propose :

  • la mise en place de « jumelages numériques » entre villes européennes
  • l’accompagnement opérationnel des jeunes entreprises innovantes, en renforçant le volet « médiation ».
  • Une plus grande ouverture des marchés publics à l’innovation
  • De lancer des campagnes de promotion des filières techniques dans les écoles, notamment en direction des femmes
  • De former l’ensemble des personnels aux enjeux numériques et de développer la formation au code

Sur un plan conceptuel, des collectifs comme la Quadrature du Net ou Savoirs Communs montrent l’opportunité de penser plus largement « l’économie de la contribution » :

  • Mettre à disposition les conditions nécessaires à l’acte de création : espaces, équipement, formation, cadre juridique, protection sociale, financements
  • Faire converger des communautés qui manquent d’espace de dialogue communs : le libre, le durable et le solidaire. Ce pari est enclenché au sein de l’économie sociale et solidaire mais nécessite un soutien des politiques publiques.

Reporting

Une PME sur 2 investit dans une solution logicielle de reporting automatisé, là où en 2006 encore, Excel suffisait (source Coeptis).  Dans les grands groupes, il a suivi l’accélération du numérique, de l’accès à l’information. Les cycles sont plus courts, plus automatisés, les compétences techniques nécessaires s’affinent.

Le reporting consiste à faire rapport de son activité au regard d’indicateurs dits de « développement soutenable », un prisme extrêmement large dont nous ne pourrons ici que donner un aperçu.

Directement issu de la réforme du marché financier engagé par Barak Obama en 2010, le Dodd-Frank Act a été signé en 2010 pour « promouvoir la stabilité et la transparence » et mettre fin aux « sauvetages financiers » payés par les contribuables américains. Il acte, entre autres, des « reporting requirements » qui modifient en profondeur les processus de validation dans le secteur financier.

Mais il s’est fortement généralisé dans la sphère financière après les scandales révélés dans la sphère financière, évolution législative faisant. En Europe, il s’agit d’EMIR : European Market and Infrastructure Regulation, qui contient entre autres « une obligation de déclaration à des référentiels centraux de l’ensemble des transactions sur produits dérivés ».

Dans le champ extra-financier, nous avons vu dès le début des années 2000 l’impératif de reporting monter en force suite à quelques scandales industriels (droit du travail dans les filiales, irrespect des normes de qualité, conditions d’extractions de matières premières etc.) qui furent autant d’atteintes à la valeur et à la réputation des grands groupes concernés. Le grenelle de l’environnement avait d’ailleurs contraint, en 2001, à publier un certain nombre d’informations extra-financières qui appelaient une réforme des pratiques en matière de rapports internes. Une loi renforcée par Grenelle 2 avec un rapport, imposé aux sociétés cotées et aux SA de plus de 500 salariés et plus de 100 millions d’euros de Chiffre d’affaire, devant comprendre :

  • les informations sociales (emploi, organisation du travail, relations sociales, santé et la sécurité, formation, égalité de traitement, respect des conventions de l’Organisation Internationale du Travail);
  • les informations environnementales (politique générale, pollution et gestion des déchets, utilisation durable des ressources, changement climatique, protection de la biodiversité);
  • les informations relatives aux engagements sociétaux en faveur du développement durable (impact territorial, économique et social de l’activité de la société, relations entretenues avec les personnes ou les organisations intéressées par l’activité de la société, sous-traitance et fournisseurs, loyauté des pratiques).

En découle une montée en charge de ces fonctions, avec des métiers propres comme le « chargé de reporting », mais aussi une évolution des compétences requises dans des métiers existants. Ainsi, les offres d’emploi du secteur bancaires contiennent pour la plupart deux ou trois occurrence du mot dans leur fiche de poste. Vu comme un vecteur essentiel de l’information de pilotage, le reporting sous sa forme actuelle s’est progressivement imposé dans le contrôle de gestion, l’analyse des risques, la prospective et plus largement dans le vocabulaire standard de la gestion de projets.

  

Des initiatives numériques qui changent la donne

Nous ne ferons ici qu’un tour d’horizon des différents « Tiers-lieux » possibles  et existants. La définition  diffère selon les acteurs investis et l’objectif poursuivi. A suivre donc quelques réflexions sur les télécentres, les EPN, et les ateliers  de type FabLab. Mais méritent également d’être cités ici les bibliothèques, LivingLabs, incubateurs, initiatives Emmabuntüs, hackerspaces et tant d’autres…

1)    Coworking 

Télétravail

L’étude Greenworking de 2012 était d’une ampleur sans précédent tant quantitativement  – plus de 20 000 données concernant plus de 6 200 télétravailleurs français. Trois enseignements essentiels au sujet du télétravail et de ses impacts :

  • le télétravail offre aux travailleurs de la connaissance des conditions de travail qui permettent un niveau de concentration et donc une productivité très élevés, à rebours des aspects négatifs de la généralisation de l’open space et de la diffusion des Technologies de l’Information et de la Communication
  • le télétravail implique un nouveau rapport au travail et un nouveau modèle managérial fondé sur la confiance et l’autonomie.
  • En achevant l’unité de lieu et l’unité d’action au travail, le télétravail contraint à repenser complètement le lieu de travail qui ne va plus seulement se résumer à une tour de bureaux mono-entreprise mais à un mix de différents types d’espaces qui auront chacun leurs avantages et leurs inconvénients : le bureau de l’entreprise qui sera un hub de rencontres et d’échanges intensifs, le domicile pour se concentrer et éviter les déplacements et  enfin  les tiers-lieux de travail qui offriront un nouveau lien social avec son écosystème professionnel et  un lieu de passage idéal en situation de mobilité.

Le Conseil d’Analyse Stratégique prévoyait en 2009 que le télétravail concernerait 50 % des actifs à l’horizon 2015. Plus modestement, l’essor du télétravail s’est accéléré et concernait en 2012 12,4 % des salariés français, ce qui reste encore très loin des pays anglo-saxons ou scandinaves (entre 20 % et 35 %).

  • 92% des employeurs considèrent que le premier frein au développement du télétravail est la réticence des manageurs intermédiaires
  • +22% de gain moyen de productivité en télétravail grâce à une réduction de l’absentéisme, à une meilleure efficacité et à des gains de temps
  • 37 minutes de temps moyen gagné au profit de la vie familiale par jour de télétravail et 45 minutes de temps moyen de sommeil supplémentaire par jour de télétravail
  • 96% de taux de satisfaction liée au télétravail de toutes les parties prenantes : télétravailleurs, manageurs, et employeurs.
  • Le télétravail concerne les hommes à 63 %

Selon cette étude, si la France apparaît très en retard en matière de télétravail par rapport à d’autres pays occidentaux, c’est principalement en raison des difficultés et des craintes exprimées par les manageurs de proximité : une culture managériale française qui  repose encore trop souvent sur le contrôle qui ne serait pas compatible avec le management à distance qui exige, lui, confiance et management de l’autonomie.

Les conclusions de l’étude sont très positives. Et pour cause :

  • le télétravailleur a une plus grande latitude dans la gestion de son temps et l’organisation de ses tâches
  • la communication interpersonnelle est plus factuelle et efficace
  • les  télétravailleurs acquièrent le sentiment d’être dignes de confiance
  • les horaires de travail sont globalement plus flexibles en télétravail (meilleure adéquation entre moment de travail et moment propice au travail)
  • le télétravail limite la « réunionite »

L’étude conclue à un optimum de deux jours de télétravail par semaine, pour bénéficier au mieux des avantages spécifiques du bureau et du domicile.

L’étude Workshifting Benefits de 2010 insiste quant à elle sur les bénéfices en matière de santé publique :

  • Une baisse de 85% des pathologies liées au stress
  • La baisse de l’exposition aux collègues malades
  • Une baisse de l’exposition aux agents pathogènes environnementaux
  • Une baisse de l’accidentologie puisque les salariés circulent moins en voiture
  • Davantage de temps pour l’activité sportive régulière
  • Un accès à l’emploi accru pour les travailleurs et travailleuses en situation de handicap

Télécentres

On déduit des études précitées un net gain sur la qualité de vie, la santé publique, et le travail en lui-même en adoptant le trio télétravail (2j/semaine), tiers-lieux (pour les réunions et le suivi) et bureau (pour l’interaction avec les collègues). C’est ici qu’interviennent les espaces de coworking.  

La notion admise de l’espace de coworking en grande couronne est celle qui cherche à limiter les mouvements pendulaires domicile-travail et à créer des synergies au plus proche du lieu de résidence. A l’épreuve des faits, « les lieux de travail partagés ne sont guère fréquentés par les salariés des entreprises privées ».

Plusieurs raisons à cela :

  • En grande couronne, les logements sont souvent suffisamment spacieux pour permettre l’aménagement d’un espace de travail
  • La grande distance des salariés à leur entreprise concrétise pour l’employeur la nécessité d’un encadrement basé sur la confiance et l’autonomie. C’est une révolution que peu d’employeurs sont disposés à mettre en place
  • Les grands comptes qui ont pris la décision de proposer à leurs salariés des aménagements en télétravail pourvoient pour certains à l’aménagement du poste de travail au domicile du salarié.

Les espaces eux-mêmes ont privilégié dans un premier temps le contact avec les usagers plutôt que le démarchage des employeurs. Ils en reviennent, constatant leurs difficultés d’occupation, et une volonté collégiale de démarchage des « grands comptes » pour nouer des partenariats se fait jour.

Du côté des télétravailleurs, le manque d’intimité des espaces de coworking (ou télécentre) est montré du doigt. Ainsi que le manque de plus-value par rapport à un équipement considéré comme suffisant à la maison.

Comme le télécentre est hors de l’espace intime et familial, il se  prête en revanche très bien aux réunions, rendez-vous clients, fournisseurs etc. Cette fonction de réel tiers-lieux professionnel appelle un développement. En somme, au lieu de relocaliser l’emploi, il y a une forte demande à relocaliser les réunions et les rendez-vous professionnels. Cela conduit les acteurs du secteur à repenser les lieux d’implantation de ces espaces. La zone 4, dans les zones de gares, est vue comme attractive. Nous verrons très probablement des fermetures d’espaces à taux trop faible d’occupation au profit d’ouvertures ailleurs, en partenariat avec des collectivités territoriales dans ces zones urbaines, ou des changements de destination de type passage en EPN. 

2)    Etablissements Publics Numériques

 Dans le dernier appel à communication ASTEE, le volet « Un territoire plus facile, plus sain et plus interactif pour l’usager » appelle les développements suivants :

  • Le renforcement de la performance des services publics, l’accessibilité et la facilité d’utilisation des services et la prise en considération de nouveaux usages
  • Le renforcement du lien social
  • La réduction des risques sanitaires
  • L’interactivité avec le citoyen-usager, à la fois consommateur de services et d’informations pour accompagner sa vie quotidienne et fournisseur de données

Mise à part la question sanitaire, ces objectifs convergent largement avec ceux qui sont confiés aux Etablissements publics numériques.

« Ouvert à tous, un Espace Public Numérique (EPN) permet d’accéder, de découvrir, de s’informer, d’échanger, de créer et de s’initier aux outils, aux services et aux innovations liés au numérique dans le cadre d’actions diversifiées : rencontres, débats,  ateliers collectifs d’initiation ou de production, médiations individuelles,  libre consultation, etc. Les EPN proposent des accès à l’Internet, ainsi qu’un accompagnement qualifié pour favoriser l’appropriation des technologies et des usages de l’Internet fixe et mobile. » NetPublic

Leurs réalisations sont extrêmement larges et vont de la lutte contre la fracture numérique à la mise en place de MOOC en passant par le coworking et l’accompagnement associatif.

La fracture numérique est pourtant réputée réduite : pas si sûr. Elle recouvre en réalité les autres fractures :

  • Quasiment tous les diplômés du supérieur ont un ordinateur chez eux (97 %), contre 1 personne sur 2 parmi les non-diplômés (51 %).
  • 49 % de ceux qui vivent dans un foyer où les revenus mensuels sont inférieurs à 900 euros n’ont pas un accès couplé téléphone fixe et Internet.
  • Les non-diplômés n’utilisent quasiment jamais internet sur le lieu de travail ou d’études, 6 diplômés du supérieur sur 10 le font.
  • 2 non-internautes sur 3 sont retraités dont 60% de femmes.
  • 29% des personnes ne disposant d’aucun diplôme seulement ont internet à la maison (contre 91,1% pour les celles qui disposent de diplômes de l’enseignement supérieur)
  • 87 % de connexions quotidiennes pour les diplômés de l’enseignement supérieur, 59% pour les personnes sans diplôme
  • 30% des personnes âgées de plus de 70 ans et 26% des personnes sans diplôme ne se connectent presque jamais à Internet

Source : CREDOC 2013

Ces chiffres ne sont pas de l’ordre du négligeable quand de plus en plus de démarches, notamment administratives, se font de manière dématérialisée. Les Etablissements Publics Numériques remplissent donc une fonction largement sous-estimée.

La réflexion est celle de l’accès, bien sûr, mais aussi celle des besoins d’accompagnement à l’apprentissage des usages, de dépasser l’accès pour atteindre l’objectif national de « Service Universel ». Suite à une consultation nationale ayant recueilli 764 contributions, les lignes fortes suivantes ont été dégagées :

  • Education, apprentissage
  • Lien social, solidarité
  • Equipement, logiciel libre
  • Economie, innovation
  • Accessibilité, accueil, mobilité

Par ailleurs, 6 nouveaux référentiels métiers ont été créés dans le cadre du dispositif Emplois d’Avenir pour renforcer les équipes des EPN et favoriser l’insertion :

Forgeur numérique  : Assistant du FabLab Manager

Régisseur multimédia : Assistant du réalisateur d’évènements numériques

Assistant de valorisation des usages numériques responsables

Assistant de valorisation numérique du territoire : Assistant du Conseiller Numérique, du référent Agenda 21, …

Assistant de formation aux usages mobiles 

Assistant vidéoludique : pour la valorisation des compétences et des usages éducatifs des jeux vidéos, des jeux sérieux, de l’organisation de conventions locales de joueurs, …

Et de nouvelles missions de Service Civique voient le jour.

Un exemple récent :

« Ils ont décroché leur certificat de participation. Dix-huit jeunes, répartis en deux promotions, en décrochage scolaire, viennent d’achever la formation Hello World à Argenteuil. Cette formation aux outils numériques, dispensée au sein de la Silicon Banlieue, a été créée à l’initiative de l’Agglomération d’Argenteuil-Bezons. Le dispositif est surtout destiné aux jeunes qui ont quitté l’école prématurément. » Le parisien, 22 juillet 2015

… mais Silicon Banlieue est un EPN géré une agglomération, son avenir est compromis par la dissolution à venir de l’EPCI, Argenteuil entrant dans la métropole parisienne.

3)    FabLabs

La Direction Générale des Entreprises a publié un état des lieux des Ateliers de fabrication numérique, appelés couramment « FabLab ». A l’origine de ces ateliers, on trouve une initiative chère aux écologistes : les hackerspaces, basés la conviction qu’il est possible de créer de l’émancipation citoyenne par l’appropriation technique des outils, notamment numériques.

C’est une plateforme qui rassemble un public diversifié dans le but de concevoir et de réaliser des objets physiques en utilisant des machines à commande numérique. Ces ateliers répondent à des tendances de fond : la numérisation des procédés industriels, la baisse de prix des logiciels et des équipements, l’extension de l’open source aux machines, la recherche de nouvelles formes d’apprentissage… Créé en 2001 sous l’impulsion du MIT, le concept du FabLab s’est généralisé sous forme d’un label, garanti par une charte. D’autres types d’ateliers ont à leur tour émergé, dont les Techshops. Certains sont ouverts à tous, d’autres non, sur abonnement ou non, mêlant parfois activités commerciales, prototypage, espace de travail partagé etc.

Aujourd’hui, 92,4% de ces ateliers disposent d’une imprimante 3D, et 77% d’une fraiseuse numérique. Principalement tournés vers l’électronique et la menuiserie, ils s’ouvrent toutefois aussi à l’assemblage, à la couture, à la métallerie et à la peinture et sont portés en majorité par des associations et des universités (ils sont alors appelés FacLabs).

On peut identifier trois grands types d’ateliers :

  • Ceux qui privilégient l’apprentissage et le pair à pair
  • Les ateliers spécialisés dans le prototypage et l’innovation
  • Les ateliers de fabrication personnelle

Une communauté à la fois locale et globale, désignée couramment sous le terme de « makers« , qui s’organise autour de quelques critères centraux: une dimension communautaire forte, la volonté de modifier le rapport à la propriété intellectuelle, un accès aux outils de production et d’échange de données à distance, l’hétérogénéité des participants.

Des lignes de tensions se dessinent entre la production matérielle et la production immatérielle, entre la tendance communautaire ou la tendance « servicielle », et enfin entre la démarche citoyenne et l’approche de marché. A titre d’exemple, Leroy-Merlin a lancé un  partenariat avec « Techshop », l’enseigne d’ateliers de fabrication collaborative américaine, surfant ainsi sur la réputation des fablabs. Castorama a lancé son wiki et son MOOC…

 

Sources documentaires 

Grand merci à :

Savoirs Com1, les élus à la santé et aux TIC de la ville de Rennes, les EPN Silicon Banlieue et AISI-Vauréal, l’Atelier Fil Rouge, Mutualab, l’Assemblée Virtuelle, la revue Mouvements, Michel Briand, Ludovic Bu, Fuel Digital, Repair Café France, la commission Partage 2.0 et toutes celles et ceux qui m’ont fait l’amitié de partager, de lire et d’enrichir cette note lors d’entretiens ou des ateliers des journées d’été.

 

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